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Je n’arrive pas à choisir entre la cour des miracles et la bête de foire
(Nous 0 – Vous 1)

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La tombée de la nuit est un de ces moments particuliers où le décor urbain bascule de sa rigidité journalière vers ses instincts les plus débridés.

Imaginez ses ombres prenant le pas sur les bâtisses en devenir qui les ont engendrées, sous le regard d’un soleil agonisant, toujours et encore, plus ou moins à la même heure.

C’est à ce moment précis lorsque nos politesses géométriques disparaissent pour devenir des doutes déraisonnables dans la nuit, que l’ordre reprend ses droits, impose sa loi et se délecte du frisson premier qui envahira ses proies.

La nuit, la justice elle faite d’urgences qui n’en sont pas, mais sans le feu, l’Homme a peur du noir.

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Le plus grand des hasards a voulu que ce soit au même horaire où je devais quitter les studios vintage de ma radio villeurbannaise pour la salle de concert du Transbordeur, équipé d’un micro arraché des mains d’un stagiaire, de quelques câbles soudés à la va-vite, et d’un enregistreur numérique de seconde main. Ce listing aura son importance.

Loin de moi l’idée de penser que mes interlocuteurs de maison de disque fraîchement sortis d’une quelconque école de com’, traumatisés par mon impudence toute provinciale, de radio non commerciale pour aggraver l’infamie, aient fomenté ces traquenards bi hebdomadaire conjointement avec les forces de police, elles mêmes exaspérées de venir répondre aux plaintes des voisins de la radio, stipulant que des individus suspects rodent dans le quartier.

Les individus suspects étant majoritairement les employés, des artistes ou des clones plus ou moins réussis de l’équipe de France de football de 1998.

Mais, peu après le 11 septembre, toutes les formes de racisme sont redevenues acceptables.

J’avoue, j’avais une barbe drue et dense, j’avais une profonde lassitude face au rasoir et très peu d’affinités avec le mode de vie ascétique du terroriste de base.

Mais les faits sont là, à chaque interview effectuée pour gagner mon dur labeur et pour mon plaisir personnel, s’ajoutait irrémédiablement un contrôle de police, souvent par les mêmes préposés à la gestion du troupeau.

Et si la fantaisie leur prenait de ramener un bleu, d’origine contrôlée, alors le représentant de la compagnie créole avec képi masquant son accent antillais ou une racaille reconvertie à la France d’en bas niant toute connaissance d’un certain livre appelé le Coran, ces assimilés se faisaient un plaisir de prêter allégeance en faisant preuve d’une plus grande bêtise que leurs maîtres.

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Encore 500m, 500m, voilà ce qui me séparait… mon enregistreur numérique en bandoulière serrant ma veste noire, faite d’une colonie de pelures, de bouloches et flockée du sigle du Wu Tang Clan, mon micro se baladant à chaque pas dans ma poche arrière déchirée, maculée de tâches de stylo bic rouge, bleu, vert, noir, de mon jean trop large, mes câbles enfoncés tant bien que mal dans les poches avant où sommeillaient déjà les capsules de bières de la veille ainsi qu’un tas de papiers griffonnés, voilà ce qui me séparait d’un tête à tête avec des artistes ou des employés d’une maison de disque, tout dépend la valeur que l’on donne à un contrat de travail.

En fait, ce qui faisait principalement obstacle, c’était deux silhouettes plantées là en train de prendre racine, la loi en deux exemplaires éructant à l’impératif quelque chose de vaguement sans majuscule ni point et encore moins de M. ni de s’il vous plaît.

Je stoppe ma course effrénée contre la montre voire le cholestérol, d’un dérapage aussi sec qu’élégant avec mes Air Force 1 aussi trouées sous la semelle que peinturlurées d’impacts de bombes aérosol.

Après un temps de stupéfaction, je leur demandais avec toute la diplomatie nécessaire pour ne pas finir dans une vulgaire rubrique nécrologique, de réitérer les doléances. Peine perdue.

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« Hé, tu vas où comme ça toi, donne-moi tes papiers, tu comprends pas le français, papiers, papiers, et plus vite que ça !!! »

J’hésitais un bref instant entre lui donner mon amas de feuilles calligraphiées encastrées dans ma poche gauche ou ma carte d’identité qui n’a de française que le prénom. Prendre un coup de matraque pour un trait d’humour, sans public cela n’a aucun intérêt.

Et puis la carte d’identité, je n’ai jamais vraiment compris à quoi elle servait, ça moisit le plus souvent dans un coin sombre et on l’a ressort uniquement pour se justifier de quelque chose, de son appartenance à un hypothétique territoire national ou même de son existence, on devrait nous badger, cela serait plus honnête et moins humiliant.

Manifestement les représentants de la justice sans collant ni cape avaient un besoin impérieux de savoir où je me dirigeais à vive allure pédestre, sachant qu’à proximité, il n’y avait que l’autoroute et la salle de concert en question.

À ce stade de la conversation ou de l’interrogatoire à ciel ouvert, j’hésite à les classer dans la catégorie des plus brillants rhétoriciens ou celle des décérébrés avec un port d’arme légal et le droit à la sommation.

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Les préliminaires s’achèvent, ils finissent par obtenir mon pédigrée, et il s’en suit un cours de profiling hors du commun :

« Toi, t’es africain, hein, ha, non plutôt, antillais, hein, moi, j’ai le flaire pour ça, en tout cas t’es pas suédois, ha ha ha !!! »

En bon sociologues, ils poursuivirent par un laconique et topographique :

« T’es une raclure de Vaux-en-Velin ou un taré de Venissieux, haaaaaaa, putain d’adorateur de Ben Laden, si tu parlais comme nous au moins !!! »

Puis ils me questionnèrent savamment sur le but existentialiste de ma venue ici-bas :

« Et, tu fais quoi ici ? Hein ? Voler ? Dealer ? Tu bosses dans la sécurité ? Journaliste ! On n’arrête pas le progrès, les cartes de presse ça pousse sur les bananiers maintenant ? »

J’ai grandi non loin d’une préfecture de police et je sais d’expérience qu’avec ce type d’énergumène, il n’y a qu’une seule possibilité de réponse, brève, ne pas baisser les yeux, regarder un point fixe, sans aucune hésitation.

Sinon c’est direction la cellule de dégrisement 4 étoiles la plus proche.

Dans mon quartier, il y avait toujours ceux qui revenaient avec une histoire extraordinaire, insurrectionnelle, pleine de bravoure où dans un premier temps ils ont vaillamment résisté par leur simple présence à un fourgon entier de CRS et que dans un second temps uniquement à la force du mental et avec une main dans le dos, ils auraient renvoyé les assermentés dans leur poulailler.

La plupart du temps ces personnes ont fini par rentrer dans la police ou pire dans l’armée, le syndrome de Stockholm n’a pas de limites.

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Moi, j’avais une interview à faire et une vie à poursuivre, j’ai donc abrégé les réjouissances en ravalant tout le fiel que j’avais dans la trachée comme je le fais tous les jours dans ce pays.

À bien y penser, c’est comme cela que l’on construit de l’insécurité latente et des bombes à retardement.

Tic, Tac, Tic, Tac, Tic, Tac, Boom. Tout est une question de temps ou d’avoir des enfants. Enfin ouvrez les yeux.

Aujourd’hui avec mon uniforme de nègre intégré avec une cravate en option, j’ai droit à un M. avant la séance de Charles Martel appliquée.

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Photo : Paul Kemler 2002/Belfort

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Alors…

Bienvenu(e) dans l’une des fenêtres de tir de ma petite histoire…

Elle est tellement commune à la vôtre, que vous vous en inventez une autre, histoire de ne pas avoir la même gueule que moi.

Mais les faits sont là, nous sommes tous frères et sœurs, tous les mêmes, face à la boulimie coupable d’un asticot.

Je ne milite pas, je ne dénonce pas, je ne me plains pas, mais qu’est-ce que je peux vous faire chier !

C’est peut-être cela le fond de ma démarche, ne pas avoir un avis pour un avoir un, mais plutôt assener quelques vérités provisoires qui n’engagent que les lecteurs.

Je n’ai ni les moyens, ni l’emploi du temps pour être pessimiste, alors je pratique la mauvaise foi.

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Sachez qu’…

Au milieu de nul part, nulle besoin d’être quelqu’un pour finir sans personne.

Plus lentement on vit, plus rapidement on meurt.

Les plus propriétaires d’entre nous achètent l’amour à deux et pour plusieurs à coup de bonheur unique et d’avenir sans futur.

Les hommes atterrissent, puis s’éclipsent sans suffisamment de raisons pour justifier le prix de leurs passages, ils attendent l’ennui.

Alors, je préfère la conversation d’un macchabée fraichement arrivé dans un couloir d’hôpital aux versifications de salon que nous impose la vie en troupeau, en groupe, en nombre, avec toi.

Quand on t’aime trop, on t’aime plus.

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En y repensant…

D’aussi loin que je me rappelle, la violence, quelle qu’elle soit, a toujours été un préalable à la diplomatie, donc acte.

J’ai le sourire résigné, de circonstance lorsque la République se démantèle elle-même en cherchant des coupables possédant le profil de ses échecs.

J’ai l’uniforme de votre histoire, sans espoir de devenir un descendant direct de nos ancêtres les Gaulois ou l’arrière petit-fils d’un collabo.

Puisque le principe du jeu est d’avoir des « eux », des « nous », des « vous » et des « Ils » pour remplir les cases et garantir les animosités domestiques.

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Soit,

Je ne cesse de me délecter de la médiocrité de mes contemporains et, secrètement, en fin d’insomnie j’espère de leur part un sursaut qui ne vient jamais.

Normalement, le temps nous construit des prisons trop petites pour espérer en sortir autrement que les pieds devant.

La mienne avait laissé s’échapper la première émeute moderne et une marche d’arabes qui ne faisaient pas gentiment route vers nos anciennes colonies.

Depuis, j’ai appris à ne jamais rien demander, à tout prendre peu importe les moyens, et à finalement laisser la bienséance à ceux aimant faire semblant.

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Nuits après nuits…

Les matchs se succèdent plus vite que ce que mon esprit ne peut supporter, mais j’encaisse sans savoir pourquoi, pour qui et jusqu’à quand.

Les victoires, les défaites comme l’égalité, je les laisse à ceux qui préfèrent le son de leur voix à un reflet des plus banals.

Le monde ne se souvient déjà plus de nous, mais nous en parlons à nos enfants comme pour nous persuader qu’ils survivront à nos mensonges.

Dans le meilleur des cas vous serez un vague souvenir au détour d’un cimetière municipal, bravo !

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J’allais oublier…

En tant que bon nègre de quota, il faudrait que je relativise, que je sois de gauche, que je positive, que je me révolte et que j’imagine une issue acceptable pour tout le monde.

Appelons ça le syndrome Obama où les mass média, trop fans pour être honnêtes, confondent un noir avec un métisse alors pourquoi pas un progrès avec un préjudice.

Entre être un exemple dans mon habitacle naturel ou une bête de foire de plus devant le bureau de la direction impersonnelle, tout est une question d’opportunité de suicide.

Vos conseils, jamais gratuits et rarement altruistes, non merci, gardez-les.

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Ceci étant…

Les comptes à rebours n’engagent que ceux qui les écoutent.

Prudence, des pancartes aux ceintures de dynamite, la révolution et le paradis ne sont plus ce qu’ils étaient.

Les nouveaux minima sociaux subventionnent le meurtre facile, habile pour de basses questions de frontières temporaires et arbitraires.

Depuis, quand on me parle de la terre d’où je suis censé venir ou celle où je crèverai, le même leitmotiv revient, l’aimer ou la quitter !

J’ai choisi !

Je l’ignore !

Mais pour combien de temps ?

À vous de me lire !

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Bienvenue dans mon crâne, à défaut de mon âme…

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