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Dernier étage avant le soleil, juillet 2010, 35 degrés.

J’attends qu’Icare fasse une overdose d’UV et repeigne la cour d’entrée. Pour tout vous dire, mon ventilateur s’est suicidé en tentant une énième fois de couper la patte de mon chat qui ne lui veut que du bien. Désormais orphelin et parent à charge, il me faut trouver une raison pour ne rien faire avant que l’on demande mon avis sur les excès d’orgueil de notre monde moderne. Ne posant que rarement des questions, je garde le silence car il est vain de m’extorquer une explication même un verre à la main. Alors, j’ai saboté l’interphone et la sonnette de la porte. Mais il reste le problème du tous connectés, que faire du truc qui sonne lorsqu’on ne lui demande rien? La téléphonie mobile n’engageant que ceux qui appellent, j’ai donné un peu de répit au summum de la technologie pour égoïstes universels. Plus de bip, plus de dring, plus de brrr…

Nous y voilà, un silence de règlement de compte et aucune justice aux alentours. Le paradis pour un impie.

Avec le temps, la canicule tente de me tuer à petit feu comme elle le peut. J’aurais bien voulu être une femme enceinte ou la salle d’attente d’un service gériatrique pour égayer les statistiques. Mais la mort me demande un effort que je ne peux décemment concéder. La gravité ankylosée, les muscles en berne, la bouche trop ouverte pour faire entrer de l’air, je prie pour une estocade comme lorsque l’on prie Dieu, c’est le geste qui compte pas le résultat. Et puis je veux bien souffler d’ennui, en revanche suffoquer jusqu’à l’agonie, c’est une voie sportive dans laquelle je ne peux m’engager sous peine d’y prendre du plaisir avec ma partenaire de lit. Faites l’amour pas les MST qu’ils disaient !

D’ailleurs, le lit et ma libido sont trop loin du salon, cela fait une quinzaine que nous ne nous sommes vus et depuis, la pornographie s’invite même dans mes céréales minceur. Je me dis qu’il est trop tard pour que je me prenne en main. Décidément, j’ai le cœur d’un manchot…

Whouha, pfff, arf, hum, heu… Rien à télécharger, l’été me ramène à la dure réalité nationale de la TNT. La télécommande est peut-être l’avenir de l’homme, mais sans piles neuves, je me contenterai de regarder le monde tourner en boucle par la fenêtre. Un embouteillage de nuages, des émanations de THC par une autre fenêtre et le mauvais goût quasi synchrone des voisins pour les refrains à base d’auto-tune. Un single et une déclaration d’amour en 8 mesures plus tard, rien ne se passe si ce n’est quelques preuves d’amour maternel avec une main et une joue d’enfant à l’étage du dessus, sans oublier l’écho du sex toy du couple d’à côté, dont l’accouchement a dû faire plus de dégâts collatéraux que d’heureux.

Je pourrais le twitter, mais cette mise en abîme finirait par me mettre la tête dans le merdier humain. Être ensemble, tout le temps, mais séparés sans but précis, juste pour donner dans l’humanisme, sans aucune responsabilité. Moi, je ne ressens plus rien et c’est mieux comme ça, c’est mieux pour toi, c’est mieux pour vous. Si je devais aimer, je finirais par voir les gens comme ils sont et je n’aime pas la violence en réunion démocratique et encore moins me salir les mains. Du coup, je les garde dans mes poches et je me surprends à siffler en même temps. Le surmenage me guette.

Un jour quelconque sur Terre à fixer le travail à la chaîne de l’horloge pour donner un peu de sens au vide. En perdition dans ce canapé —défiguré matin après matin par mon chat— où je me sens dans la peau du chauffeur de Miss Daisy. Mais où va-t-on et depuis quand suis-je là ? Nous sommes immobiles, est-ce une fuite d’huile ou de gazole ?

Ma cellule résidentielle commence-t-elle à sentir le faisandé ou ai-je omis de me laver depuis les vacances de la femme de ménage imaginaire ? Ni l’un, ni l’autre. Par mégarde, j’ai oublié une expérience scientifique en cours qui a pour but de définir le stade supérieur de la junk food. À l’oeil et au nez, les fabricants de ronron devraient subventionner mes travaux. Bref, je reprends mes esprits et mes crampes d’estomac en font de même. Mais quelle belle machine que l’homme, capable d’infini pour combattre le temps et réduit à la vacuité de la réalité par ses besoins basiques ! Je fixe l’horizon en restituant péniblement ces mots sur l’accoudoir gauche du canapé jadis blanc, désormais gris —pour le légiste et les archéologues.

Le comble de mon pragmatisme face aux choses, face aux gens, ce n’est pas que je refuse d’appeler à l’aide, mais que j’ai perdu le numéro du traiteur japonais. Alors, depuis j’hésite entre la grève de la faim et le cannibalisme.

Mon canapé, il est un peu comme feu mon banc. Jadis je traînais en bas de chez moi, à présent, je le fais à domicile. Drôle d’époque qui trouve du progrès là où il n’y en a pas. Peut-être que c’est pour notre bien. Peut-être que c’est pour le sien. Je le saurais bien, si un jour, par erreur, je sors de là !

PS : Vous pouvez remplacer le mot canapé par les mots : Femme, Nation, Travail, Religion et enfin celui qui lie tous les précédents les uns aux autres, l’Amour.

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Lundi 19 : 31/08/2005, Part 2 : Orgie conviviale &  Mardi 20 : 31/08/2005, Part 3 : La cigarette d’après

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Je n’arrive pas à choisir entre sénilité climatique et le remède apocalyptique
(Canicule 0 – climatisation 1)

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Je n’arrive pas à choisir entre une peur enfantine et un stress d’Homme
(Deadman 0 – Deadline 1)

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Je n’arrive pas à choisir entre 364 jours et le 1 Mai
(Chômage 0 – Travail 1)

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Aujourd’hui je fais la grève de la carrière en restant retranché au fond de mon lit, celui ou celle pensant m’y déloger n’est pas encore né ou déjà mort. Dans ces moments d’accalmie apparente pris entre deux feux – du réveil matin rébarbatif aux excès de zèle du facteur dopé par l’interphone – j’hésite entre le marchand de sable et le farniente sous ma couette, en me retournant maintes et maintes fois sur moi-même pour trouver l’équilibre tout en m’enlisant paisiblement.
Je repense toujours enivré à ma nuit de perdition à deux et que celle-ci n’a que peu duré, sachant que tu es partie trop tôt pour le monde hostile au-delà du lit, de la salle de bain et de ses impératifs militaires. Heureusement que tu as laissé ton odeur en partant. Mais le matelas réclame un armistice au vu de ses états de service et de son sens du sacrifice, mais il ne viendra pas aujourd’hui, j’ai décidé de tuer le temps en l’étouffant de tout mon cul, comme le veut la coutume.

Pas les moyens de souffler un instant, c’est au tour des murs blancs couleur location de se rapprocher dangereusement de mon espace vital ou peut-être que je me dilate en divaguant sur les prérogatives de mes uniformes étiquetés conformes dans la penderie assemblable avec un tournevis et un marteau d’après le mode d’emploi. Le plafond toujours aussi bas me regarde avec insistance comme pour me rappeler que mon entraînement pour le dernier voyage ne dure que huit heures et que la maison ne fait pas crédit, même si je semble le croire. L’étendage me fait la gueule pour cause de surpopulation perpétuelle et d’abandon quasi définitif, la dépression est proche et la machine à laver est trop loin pour que je lui alloue un quelconque espoir. Puis l’industrie humaine reprend le dessus sur la bande fm, les portes de mes voisins claquent successivement et nerveusement jusqu’à ce que le silence s’en suive. Plus amorphe que résigné, mon chat se lance dans une imitation assez réussie du croquemitaine, je ne lui ferai aucune remontrance mais j’oublierai de le nourrir. Oui, en effet seul le ventre déterminera le dénouement de ce statu quo.

Des choses sonnent, d’autres bipent, le balai technologique prêt à paterner n’offre que peu de répit à ses maîtres trop dépendants pour avoir des rêves. Il n’y a que le lit pour nous sauver de nous-mêmes quitte à voir le soleil passer à l’ouest sans rien y faire. Merde, j’ai oublié le chargeur de la modernité dans le bureau, alors j’accepte que le progrès s’en aille car ma fainéantise est plus tenace que mon addiction. Et c’est mieux comme cela, puissent les choses si importantes passer au dessus de ma tête, ainsi je voudrais simplement que ma boîte à image s’arrête de tourner pour que j’en descende le temps d’un coma mérité. Mais je préfère me distraire que me retrouver. Et, finalement, sur le côté du lit mon avenir du jour devrait se décider entre regarder en boucle le trailer de Scott Pilgrim vs the world et enfiler les gants de boxe d’Arthur Cravan pour passer à tabac la poésie en quelques pages, pragmatique je décide de ne pas choisir sur fond de MGMT et Sexion D’assaut.
Clairement, je ne peux ni dormir comme un juste ni rattraper le temps recherché, j’ai tout perdu parce que ne rien faire demande trop de travail…

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Je n’arrive pas à choisir entre les têtes qui tombent et l’enfance du travail
(Ex-URSS 0 – Apple 1)

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Je n’arrive pas à choisir entre le chômage et le travail
(Indemnité 0 – Précarité 1)

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Je ne crois qu’en ce qu’il reste sur mes mains et mes genoux lorsque je me redresse fébrilement après avoir lourdement chuté sur les évidences. J’avoue ne jamais avoir bien compris comment certains peuvent parier sur le paradis avec une chape de plomb au dessus de la nuque et, surtout, comment les autres trouvent une excuse raisonnable à la tricherie séculaire, celle qui distingue ceux qui donnent de ceux qui reçoivent.

Oui, tout ceci ne relève que d’une banale histoire de troc entre primates qui a dégénéré jusqu’à en devenir un système immunitaire dictant sa conduite – accompagnée – au dernier cri de l’évolution faite Homme. Je voudrais m’interroger avant de vous questionner. Mais on me rétorque trop justement que c’est comme ça, et depuis la nuit des temps. À la lumière de cette vérité plausible, j’en reviens à dire que le libre arbitre n’était pas un os suffisamment gros à ronger, on a dû aussi donner la démocratie en pâture. J’allais oublier, l’amour a tenu tant qu’il a pu, mais il ne reviendra pas !

Mais pour maintenir une imposture – théologique qui perd ses adhérents et économique qui gagne des saboteurs – au rang de machine à statu quo et de modèle de futur possible, il faut une vitrine morale aussi vertueuse que putassière. L’amour du public est à ce prix et, pour cela, mieux vaut le préserver des erreurs d’avortement – qui se transforment parfois en mouvement – en lui inventant des exemples et une histoire à l’image de son fantasme. Je vous le garantis, une bonne mascotte doit savoir jouer autant le parfait Samaritain que le rebelle sans cause !

Avec les meilleurs des épouvantails décorés de leur plus beau sourire et un scénario avec un happy end sponsorisé par les pompes funèbres, nul doute que j’aurai du mal à enrayer la course effrénée pour le progrès idéal même avec un attentat suicide ou deux. A force d’en avoir abusé, le peuple s’en est lassé ! Et nous voilà déjà au chapitre de la souffrance, condition sine qua non d’une réussite légitime – quitte à renier son arbre généalogique – pour celui qui n’était pas le prototype issu de la bonne lignée. Je dois dire que les voyeurs, les exhibitionnistes et les marionnettistes prennent un malin plaisir à tout justifier par la douleur, même le bonheur le plus insignifiant !

À l’extrémité des gens pragmatiques courant après l’irréprochable, se trouvent les inénarrables parieurs ayant la chance pour porte de salut et comme roue de secours. À ceux-ci, je dirais qu’à trop miser sur l’inconnu, on cultive sciemment l’indifférence des autres, ceux-là même qui construisent leur chance en remplissant ou en héritant d’un carnet d’adresses.

Si cela ne suffit pas, si la nature ne vous a pas doté du minimum de force de caractère, si Dieu ne vous aime pas plus que ça malgré les copier/coller de vos prières, si la survie vous traîne par la peau du cou tel un trophée dans les rayons d’un supermarché, bardez-vous de diplômes, invoquez le retour de la dîme et de la gabelle, allez vous acheter un dentier avant de mettre le monde à feu et à sang derrière votre écran d’ordinateur. Je vous le dis – en qualité de bourreau en sommeil – regroupez-vous, parlez et habillez-vous de manière identique, travaillez main dans la main avec votre engeance jusqu’à vous reproduire ensemble afin de prouver à tous que l’évolution passe par le nombre, jamais par la détermination !

La messe est dite, les jeux sont faits, vous pouvez remballer. Excepté que j’ai horreur de perdre et que je ne prendrai pas ma retraite entre quatre planches de sapin sur une défaite, qui plus est par achat de l’arbitre ! Sachez que la prospérité est plus proche de l’obésité qu’il n’y paraît. Alors ce qui sépare ceux qui possèdent des autres, c’est la faim. A table, appelez-moi le cannibale gentleman !

Une fois repu comme à la fin de chacune de mes aventures, j’ai toujours ce petit moment de latence en apesanteur, fait d’un présent enfin achevé et d’une incertitude qui me rappelle que rien ne va plus depuis que le tireur de ficelle donne le la et les rôles avant que nous sautions à pied joints dans l’au-delà, en espérant éclabousser le souvenir des proches. Moralité, je me suis fait copieusement mastiquer par le catéchisme et les séquelles sont bien présentes lorsque j’arrive à culpabiliser de la part de justice que je me suis offerte.

Mais je reprends le dessus parce qu’il faut bien, parce que les tombes ne me répondent jamais, parce que j’ai trop de gens à voir au pénitencier pour m’en rappeler et que les derniers, les plus lucides, ceux ayant trouvé refuge dans un hôpital psychiatrique, ne me le laisseront pas rentrer de si tôt. Tout ça pour dire que je ne crois pas, je fais, je n’en ai ni le temps, ni les moyens et encore moins la patience.

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Il y a certains refrains auxquels je ne peux pas vraiment échapper, du bac à sable et ses luttes des classes par textile interposé aux séminaires des pions interchangeables travaillant pour une quelconque entreprise, alors écoutez religieusement la bonne parole qui vous veut du bien, sociabilisez-vous, que diable !

Jadis, je recherchais le calme et le recul d’une vie d’ascète sans embrigadement ou de l’une de ces misanthropies humanistes, force est de constater que ce monde du rendement à tout prix n’est pas configuré pour moi, alors je dois rentrer dans le rang des rebelles sans causes et accepter les amitiés biodégradables et les amours prépayées.

Je me rappelle par flashs, en me baladant les soldes venues dans les rayons consuméristes d’une galerie marchande, comment, au nom du partage et de l’hypocrisie, ma génitrice m’a inconsciemment appris à soudoyer mon prochain, l’innocence cela n’existe pas, enfin il n’y a pas de place pour elle dans la loi populaire d’un prêté pour un rendu – ceci ne s’applique à la perte de la virginité – que ce soit un jouet, un jus de pomme ou un coin du jardin d’enfant.

Et, à l’heure fatidique de l’âge de raison voire de résignation, je conscientisais ce guide de survie en société inextricablement amputé de l’honneur, de la dignité et de l’amour propre. Ces valeurs d’un autre temps m’ont été inculquées tant bien que mal sur l’une des cuisses de mon géniteur au moment du sermon dominical – après la messe et avant Téléfoot – mais ont trouvé un réel écho dans l’un de ces dessins animés du matin où recherches personnelles riment avec violence générationnelle.

Après le chômage de masse et la sélection génétique à l’embauche par l’une de ces erreurs statistiques, j’accède enfin à la vie active et ses vicissitudes faites de machines à café et de traîtrises promotionnelles. Avec suffisamment de cicatrices dans le dos, mon expérience m’a prouvé que de l’usine automobile en périphérie urbaine, aux studios de création importateurs de cocaïne, en passant par la radio associative et ses idéologies pacifistes, mieux vaut être hétéro-flexible que dominateur car la machine n’aime pas les exceptions, elles se nourrit des exemples.

Comment suis-je passé des timides et inavouables préliminaires d’un entretien à la nymphomanie bureaucratique et ses tickets restaurant ? Sûrement le jour où le verbe avoir a pris le pas sur le verbe être et que j’ai compris que l’humanitaire est un marché porteur si l’on accepte la guerre !

Après la première concession, j’oscille en boitant entre le proxénétisme supposé et la prostitution avérée pour quelques cacahuètes de plus sur mon 13ème mois, voire quelques miettes d’action et une plus grande place de parking pour justifier le tarif prohibitif de mon assurance auto de luxe.

L’ambition, je ne suis pas contre, ceci étant, le cannibalisme d’afterwork et le sabotage par la rumeur durant les pauses cigarettes, très peu pour moi ! Mais quelques cabrioles désintéressées et volages au nom de la culture d’entreprise, de la cohésion sociale, ainsi que la lueur lubrique dans ton regard pourquoi pas !

Je suis souvent catalogué comme un utopiste intégriste ou un cynique psychotique – il faudrait savoir à la fin ! – alors que mon simple crime est de ne pas avoir le sourire Banania automatique lorsque j’aperçois le prototype du connard de service, galbé comme une anorexique philippine avec la personnalité d’une toiletteuse pour chiens. Autrefois, dans d’autres mœurs, j’aurais pris un malin plaisir à écarteler du regard cet épouvantail institutionnel jusqu’à ce que son unique champ de vision se réduise à ses chaussures bon marché, mais ce matin là, je me contentais d’un simple bonjour.

J’ai, pour mon plus grand malheur et celui de mon banquier, plus de passion que de raison, je prends les gens comme ils sont et non pas pour ce qu’ils font, c’est une erreur de casting peut-être pour celui qui confond instinct de conservation et plaisir terrestres.

J’ai parfois peur en voyant ceux qui ont réussi, selon leurs résidences secondaires et leur égo atteint d’éléphantiasis  souvent trop dilaté pour en profiter, jamais repus de cette boulimie de petit pouvoir ou grand manque affectif, toujours à trouver des témoins ou des victimes pour se mettre en scène jusqu’à la mise en bière pour la plupart et la glorification sur plaque dans une rue sordide pour les plus magnanimes.

Avoir un plan de carrière, hum, certes c’est une preuve flagrante d’intelligence dans le secteur concurrentiel de la vie, j’en conviens, mais à bien y réfléchir vu le peu de temps qui m’est imparti dans cette loterie mondiale sans gagnants, je préfère bêtement être à la merci de l’inconnu, plutôt que de suivre les pas d’autrui en pensant fermement laisser les miens.

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J’avoue être resté sans voix, voire passablement dépité pourtant je le savais depuis presque un an déjà, à la fin de ma glorieuse et prometteuse 25ème année, je n’existerai plus, pour plus grand chose et pour plus grand monde.

La machine humaine est une affaire rondement menée, presque sans failles. Au départ, chacun doit gagner la parole pour passer son temps à écouter l’impératif sous toutes ses formes, ensuite quand on peut raisonnablement donner des ordres plus personne ne nous écoute et finalement on perd la parole et l’on recommence à nous parler à l’impératif, mais cette fois comme si on n’était pas là.

Hum, un couloir pour tous avec une chance de porte de sortie pour chacun, voilà un challenge flatteur! Quelle belle perspective en prévision du tunnel et de la lumière. Moralité, j’aurais dû apprendre l’économie et la théologie afin de franchiser la vente d’espoir.

Du quart de siècle fraîchement dépucelé qui était le mien à l’Alzheimer prophétisé que je n’atteindrai peut-être pas, je m’occuperai comme je le pourrai en faisant des dons en nature – 2,8 fois – à la natalité ainsi qu’à ma fiche d’imposition afin de perpétuer le cirque ou la vie, c’est selon.

Dans le meilleur des cas, j’invoquerais la réussite pour acheter mon droit d’exister aux yeux de tous. Dans le cas contraire,  je m’excuserais en rampant – en un silence masochiste – de ne pas participer au grand jeu de la norme, et entre les deux je prendrais volontiers en otage une personne minimum dans mon lit et on attendrait en se méprisant, plus ou moins patiemment.

Jusque là, rien de spécial, je feignais l’évidence, ceci étant en refaisant ma carte 12-25 le dernier jour de mon importance parmi les jeunes. Je me sentis partir un peu comme si je devenais un souvenir ou une nouvelle statistique. Mais à minuit le couperet est tombé tel une exécution publique, bienvenu dans le monde des poches vides, du plein tarif, du cash et comptant !

En supposant que je tienne plus ou moins le coup jusqu’à la carte Vermeil, qui accompagnera mon démantèlement annoncé et la possibilité de langer mon incontinence, qui me dit que ma concession pour la postérité ne deviendra pas une fausse commune pour les livres d’Histoire? Ce qui est sûr c’est que je ne suis plus assez jeune et pas assez vieux pour quoi que ce soit, mais plus que jamais rentable et une chaire à canon sophistiquée avec le droit de la fermer !

La retraite c’est un fantasme taillé sur mesure pour le système de santé, voire pour l’un de ces crédits que l’on peut léguer en héritage. Et la jeunesse dans tout ça, c’est la seule indemnisation que j’obtiendrai, mais personne ne m’a tenu au courant, j’en aurai sans doute mieux profité au lieu de singer la bienséance de ceux disant merci avant de mourir.

Les forces vives de la nation, l’avenir du pays, cela relève autant de la publicité mensongère pour les caprices du PIB que du coup de pression patriotique. Alors, prendre les armes ou la tangente : je n’appelle pas cela un choix.

Franchement, en dépit du bon sens, sans jouer sur la carte « repentance, misérabilisme et esclavage » comment allais-je faire pour obtenir ce respect dont jouissent les handicapés, les chiots ainsi que les femmes enceintes ?

Etant donné mes perspectives de croissance et le prix d’une thérapie, je regarde ce que font mes congénères pour prendre la place qui est censée être la leur dans le monde des illustres. Devrais-je m’inventer l’une de ces carrières artistiques où l’on préfère le miroir à soi-même ou voyager à travers les Hommes en confondant quête spirituelle et fuite en avant ?

Je pourrais tout aussi bien tenter de me reproduire modérément au vu de la population mondiale. C’est un compromis d’hygiène de vie assez séduisant, beaucoup de plaisir, parfois même avec sa partenaire, un peu de garderie, c’est peu de chose pour obtenir la symbiose entre un ami et un animal de compagnie, un enfant et pas mal de responsabilités morales, pénales, économiques, hypothétiquement affectives, une modeste manière d’occuper ses loisirs, en somme.

J’ai trouvé ! Oui mais c’est bien sûr, je pourrais avoir un but, un combat, une croyance dans la vie, avoir un avis comme le con d’à côté, mais en ayant raison. Sachant que j’ai les mains moites et que les marches militaires m’incommodent au plus haut point, je pourrais distribuer des tracts ou défiler mollement en faisant comme les autres une fois la farce du 1er Mai venue.

En même le temps le nihilisme est la religion la plus à la mode. Ne rien faire, ne rien penser tout en adhérant à un mouvement qui n’en est pas un, cela me semble être une mascarade à la hauteur de celle qui nous est présentée comme un moyen d’accéder au bonheur et, fonction des confessions, à la vie éternelle.

Avec tout cela, je ne me suis toujours pas décidé. Il faut que je me presse avant qu’on ne le fasse à ma place songeais-je. Aux dernières nouvelles, je fais la course comme tout le monde en me dopant un verre à la main, mais j’aime à penser que les paysages qui nous observent valent mieux que la ligne d’arrivée qui nous nargue en reculant. Dans ces conditions, je vous laisse terminer premiers, bien volontiers !

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