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«Fais pas ci, fais pas ça, mets pas les doigts dans ton nez, finis ton assiette, brosse toi les dents et éteins moi cette foutue veilleuse, l’électricité n’est pas gratuite…»

Enfant, je ne pouvais raisonnablement pas espérer échapper à ce laïus, une Bible braquée sur ma tempe et la vigoureuse main nourricière à portée de joue. Lorsqu’on a été élevé à l’impératif, psaumes après corrections, on ne peut que retourner la faveur à ses créateurs par la négative. Dorénavant, « Non! » sera la réponse pour tout et n’importe quoi, puisqu’il faut avoir des principes, j’ai retenu la leçon, à ma façon.

Les années passèrent en me regardant grandir à l’ombre de la démocratie, tout se négociait au-dessus de ma tête et Dieu n’y était pour rien dans cet adultère à l’échelle mondiale. Hormis l’urgence quotidienne arbitrant notre confort à crédit allant de la promiscuité de classe aux quotas d’indigence en passant par les injustices héréditaires, je trouvais désormais du sens à l’ordre dans le chaos organisé. Objectivement, le mur de Berlin avait trébuché définitivement sur les Hommes, Bouygues avait racheté TF1 pour ses maçons d’employés et le monde ne s’en portait que mieux ! Il faut bien un peu de naïveté pour entretenir l’espoir, non ?

Dès lors j’entendais le bruit sourd de l’humanité me murmurer ses axiomes exclusivement au conditionnel.

À 13 ans, l’impératif était devenu une banale histoire d’acouphène et le champ du possible un terrain vague sans foi ni loi où je pouvais régner en végétant la visière de ma casquette recouvrant mon visage, mes baskets en éventail et un casque sur les oreilles, le volume au maximum afin de parfaire ma surdité.

Ainsi la procrastination hygiénique et le freestyle permanent régissaient les trous de mémoire de mon emploi du temps fait d’ennui traditionnel et d’argent illégitime. L’école était facultative, la violence un préalable, et l’avenir rédhibitoire…

À cette époque où l’amour maternel faisait les 3/8, l’autorité parentale et moi ne nous croisions que très rarement durant le silence pesant du repas dominical. Soyons sérieux, à la rigueur braver l’ordre établi armé d’un rictus, certes, mais le dimanche, Dieu et son fils restaient à mes yeux la meilleure assurance vie sur le marché. Les gens sont croyants avant d’être citoyens !

La semaine reprenait ses droits entre le sabotage en règle du réveil et le façonnage de ma carrière de noctambule. Mais, à chaque fois que je rentrais chez moi en plein milieu de la nuit, de la peinture sur les mains et les vêtements déchirés, au nom du vandalisme et certainement pas de l’art, je soufflais en maudissant le ciel global, puis le sol local. Même l’obscurité la plus crasse ne pouvait cacher la tête de perdant de ce bâtiment – made in Tony Garnier – faisant la joie des dératiseurs, des prétendants à la mairie et des statistiques du rectorat. Et si d’aventure je me surprenais à rentrer dans le droit chemin en m’intégrant durablement, j’allais finir ma vie ici entre l’usine génétique, le PMU œcuménique et l’Hôtel de police, toujours éthylique.

La discipline me mènerait à ma perte et je choisissais le sabordage à la reddition.

Qu’allais-je bien pouvoir faire ? Le suicide n’étant pas une option, la drogue demeurant trop coûteuse, la télévision devenant rébarbative et l’alcool dormant déjà dans mon sang, il ne me restait plus que l’ennui pour combler le vide !

Ma logeuse tentait périodiquement de fabriquer des preuves à charge avec l’aide du dernier souffle de pédopsychiatrie et la prophétique arrivée de la thérapie systématique et remboursée. Une promesse hebdomadaire d’ordres susurrés au conditionnel. Mais c’était peine perdue, j’étais trop malin pour le charlatan en face de moi, mais pas assez pour accepter que j’avais un problème.

La solution à tout avait un nom que tout le monde chuchotait en parlant de moi à la troisième personne: l’armée. C’est toujours mieux que le séminaire ou la trépanation, me direz-vous, enfin quoi que…

Effectivement, la domestication est bien meilleure conseillère que l’acceptation. L’unique bémol à cette réhabilitation annoncée, était qu’il me restait encore 5 années d’errance avant ma majorité pour continuer à m’embourber tranquillement dans les Comics et le HIP HOP.

Pendant ce temps là, 1993 rendait l’âme en laissant le Wu-Tang Clan passer à tabac les tympans dans la pure tradition de «Rodney King», le système D se commuait en régime parlementaire et le gangstérisme ordinaire se professionnalisait un peu trop à mon goût.

Depuis ma fenêtre – nouvellement double vitrée, mais n’atténuant pas les décibels des violences du voisinage – peu de choses séparait le statu quo cathodique de l’anarchie sponsorisée. Au premier étage du lit superposé, je ne voyais pas le vaste monde caché derrière le balcon, simplement un mur. Même en y mettant de la mauvaise foi, j’aurais fini par lui rentrer dedans tôt ou tard. Certains aiment les voyages, moi il me fallait une destination.

Et plus que du sens, il me fallait dorénavant un but pour ne pas sombrer dans l’oubli ou la rubrique nécrologique…

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Note de service : Je n’ai pas appris la discipline à l’armée, ni avec Françoise Dolto – Part 2/2 http://wp.me/pn1lw-1zd

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JPOD

Je vous souhaite la bienvenue, ici, chez nous, chez vous, nous n’avons pas la culture d’entreprise, mais l’entreprise de la culture.

Meeting, happening, même combat !

Vous faites partie de la famille, abandonnez votre thérapeute, Dieu et votre amour propre, nous, nous vous aimons pour ce que vous êtes, ce que vous faites.

Je dois avoir la gueule de l’emploi et un petit quelque chose en plus de spécial ou alors, les fosses communes sont toutes équipées de machines à café.

Souriez, vous êtes officiellement mort, un CDI dans le portefeuille et une hypothèque de la maison du bonheur dans les promesses de fidélité.

Maintenant, les infarctus précèdent les calvities.

Caché dans une petite boîte trop parfaite pour être vraie, j’en construis d’autres pour vous tous, avec l’espoir que vous adoriez votre prison.

Je divertis le peuple en me faisant de l’argent : où est le mal ?  Tant que l’on ne me transfère pas vers la hotline ou le service après vente.

Il y a des vices acceptables, voire rentables, alors les plus scolaires d’entre nous préfèrent les participations aux bénéfices de l’industrie des pixels à l’argent sale des paradis artificiels.

Le crime, c’est tout de même mieux depuis son salon ?

L’obésité ou l’overdose ? Tout est une question de promotion !

Je me log chaque matin naturellement d’un air supérieur entre l’automate et le pantomime, pendant que tu pointes la misère sociale sur ton bleu de travail, derrière une machine qui ne peut penser sans toi.

Parfois, je me dis que l’esclavage c’est comme la mode, à force de suivre le mouvement, on pense l’incarner.

Peu importe les coups de fouet, du moment que l’on peut les revendiquer le premier.

Des régiments d’individualistes, vivant leurs ambitions par pack de six bureaux, dans un open space respectant les règles d’hygiène, mais pas celle de l’intimité.

Nous avons tous les mêmes diplômes.

Mais forte heureusement, en phallocratie, les droits de la femme ne font pas les salaires de la femme.

Pour rester dans les annales de l’entreprise certains font des dépressions, les autres des enfants.

Je préfère mes névroses souvent imaginaires, parfois obsessionnelles, à la monotonie de cette folie remplissant mes déclarations d’imposition.

Tous pensent réfléchir différemment, mais ils agissent de la même manière, dans le même sens, vers le même but.

Mais moi, j’ai des projets, je suis ne pas comme les autres, je combats le système de l’intérieur, un jour vous verrez !

En attendant, je fais semblant, j’achète quelques machins, je possède quelques trucs, pas grand chose, toujours dans la limite de mon découvert, pour ne pas attirer les soupçons, je prends un crédit, je file droit.

Je crois en ce que je télécharge, en toute légalité.

Certains ont des croisades humanitaires ou pédophiles, les autres des croyances nécrophiles ou mythomanes, moi, j’ai juste un besoin d’exister, je ne suis pas pareil, je me suis mis au bricolage.

Les jours d’ennui, j’hésite entre faire un don ou une OPA.

Un petit décontractant après le travail, entre collègues ou seul, un remontant dans ma voiture chaque matin en voyant le bureau se rapprocher dangereusement, un petit coup de pouce une fois la porte des toilettes close.

Moi, depuis le troisième bureau sur la gauche, celui avec le portrait de famille décomposée et ma figurine Green Lanterne achetée durant mon temps d’inertie sur E-Bay entre la première pause cigarette et le dernier mail groupé glorifiant un con et sa webcam, moi, je sauve le monde, demandez à mes euphorisants remboursés mais génériques, je combats l’horloge du lundi 08H00 au vendredi 17H00.

Je veux me faire un nom en perdant mon identité, dites bonjour à l’absurde banalité.

N’oubliez pas de mettre votre nom au feutre sur votre badge, prenez une viennoiserie et attendez la première vague de licenciement économique, en silence, gêné, comme à votre arrivée dans l’ascenseur.

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