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Posts Tagged ‘temps’

Avant d’avoir du papier avec des lignes, un stylo perdant son pétrole, un clavier à crédit, un blog en sursis, il y avait ce monde invisible. Une terre transparente, une succursale du service des objets perdus où les anonymes s’appelaient par ce qu’ils étaient comme les indiens. Et pour rejoindre cet eldorado, j’avais une machine à flashs pour m’endormir dès que les rats creusaient entre les murs et que les rodéos faisaient rage. Miracle, mon HLM avait des entrailles et il y avait une vie mécanique au bout de la cage d’escalier. Parce que les rêves et les cauchemars, c’est comme le mal et le bien, c’est une affaire de pouvoir et de théologie !

Je ne savais comment nommer ce huis clos entre deux rideaux allant de la violence conjugale de seconde partie de soirée aux perquisitions précédant le premier bus pour l’usine. Je ne l’ai jamais baptisé, mais l’on s’est beaucoup fréquenté.

Par la suite, pour que le sommeil ou l’adrénaline me trouvent, j’ai opté pour les palliatifs fermentés et les crissements de pneus à la place du mort. J’avais la bouteille, mais pas la mer. J’avais le goût du risque, mais pas le volant. Et les seuls mots que je connaissais s’accompagnaient de phalanges rétractées. Quand il n’y a rien à dire, il est dur de répondre !

Avant de manger du dictionnaire à chaque repas, je ne parlais pas – sauf pour répondre aux ordres généalogiques – et je vivais dans ma tête de la première tournée de balançoire à l’âge de raison. Je ne disais rien mais je n’en pensais pas moins.

Dorénavant, lorsque mon blog se supprime, que la nuit et la petite voix dans ma tête se taisent, je débranche tout, le regard dans le vide, l’apesanteur dans le vrai. Et je me rends compte trop tard que je suis cerné par des écrans éteints n’ayant que faire de mon image. Certes le miroir obnubile les Hommes, mais il leur laisse un reflet d’eux-mêmes pour les jours de défaites ordinaires, le service contentieux au bout du fil. Je ne sais pas s’il existe un dictionnaire où cacher tout cela !?

Quoi qu’on en dise, peu importe comment on les vend, certains mots perdent leurs racines avec le nombre, avec les gens, avec le temps. Imaginez, jadis j’avais des liens, aujourd’hui, j’ai des câbles et un paquet d’embrouilles. J’attraperais peut-être quelqu’un au passage, d’un coup de lasso parmi mes followers. Un quelqu’un avec une caméra à la place de la bouche ! S’il est sûr que nous communiquons, parler, c’est une autre affaire. 🙂 + 🙂 = 😦

Moi, mon bocal et sa mémoire – illimitée – de poisson rouge, nous implosons en silence, submergés par un flot discontinu d’images muettes. Parfois monochromes, souvent sépia et usées. Des packs de dessins, de films, de flashs allant de la psychanalyse régressive à l’anticipation prémonitoire en passant par l’imagination impalpable. Trop de séquences pour en faire un montage exploitable en salle, mais pas assez pour faire griller ma carte mère. Dommage, j’attends le sommeil pour un peu d’humanité sur place, jamais à emporter !

Maintenant, dans un bureau trop grand pour mon égo, je rejoue la même scène entre le lit et l’amour, entre le choc frontal et les détours, entre les résolutions et l’upgrade. Plus de rats besogneux, plus d’expéditions punitives pneumatiques, mais les insomniaques de ma timeline et des joies fugaces suffoquant dans une ruelle sombre et humide à l’heure de l’after. Je suis dans ce moment. Sans territoire, sans pour, ni contre.

Parfois j’endors la nuit, mais souvent c’est elle. Au rendez-vous de ce point de rupture, de non retour, j’aimerais être en retard pour ne plus me réveiller dans la même journée perdue quelque part dans le calendrier de mon blog.

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Je n’arrive pas à choisir entre ce que l’on a perdu et ce que l’on ne peut gagner
(Temps 0 – espace 1)

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Dernier étage avant le soleil, juillet 2010, 35 degrés.

J’attends qu’Icare fasse une overdose d’UV et repeigne la cour d’entrée. Pour tout vous dire, mon ventilateur s’est suicidé en tentant une énième fois de couper la patte de mon chat qui ne lui veut que du bien. Désormais orphelin et parent à charge, il me faut trouver une raison pour ne rien faire avant que l’on demande mon avis sur les excès d’orgueil de notre monde moderne. Ne posant que rarement des questions, je garde le silence car il est vain de m’extorquer une explication même un verre à la main. Alors, j’ai saboté l’interphone et la sonnette de la porte. Mais il reste le problème du tous connectés, que faire du truc qui sonne lorsqu’on ne lui demande rien? La téléphonie mobile n’engageant que ceux qui appellent, j’ai donné un peu de répit au summum de la technologie pour égoïstes universels. Plus de bip, plus de dring, plus de brrr…

Nous y voilà, un silence de règlement de compte et aucune justice aux alentours. Le paradis pour un impie.

Avec le temps, la canicule tente de me tuer à petit feu comme elle le peut. J’aurais bien voulu être une femme enceinte ou la salle d’attente d’un service gériatrique pour égayer les statistiques. Mais la mort me demande un effort que je ne peux décemment concéder. La gravité ankylosée, les muscles en berne, la bouche trop ouverte pour faire entrer de l’air, je prie pour une estocade comme lorsque l’on prie Dieu, c’est le geste qui compte pas le résultat. Et puis je veux bien souffler d’ennui, en revanche suffoquer jusqu’à l’agonie, c’est une voie sportive dans laquelle je ne peux m’engager sous peine d’y prendre du plaisir avec ma partenaire de lit. Faites l’amour pas les MST qu’ils disaient !

D’ailleurs, le lit et ma libido sont trop loin du salon, cela fait une quinzaine que nous ne nous sommes vus et depuis, la pornographie s’invite même dans mes céréales minceur. Je me dis qu’il est trop tard pour que je me prenne en main. Décidément, j’ai le cœur d’un manchot…

Whouha, pfff, arf, hum, heu… Rien à télécharger, l’été me ramène à la dure réalité nationale de la TNT. La télécommande est peut-être l’avenir de l’homme, mais sans piles neuves, je me contenterai de regarder le monde tourner en boucle par la fenêtre. Un embouteillage de nuages, des émanations de THC par une autre fenêtre et le mauvais goût quasi synchrone des voisins pour les refrains à base d’auto-tune. Un single et une déclaration d’amour en 8 mesures plus tard, rien ne se passe si ce n’est quelques preuves d’amour maternel avec une main et une joue d’enfant à l’étage du dessus, sans oublier l’écho du sex toy du couple d’à côté, dont l’accouchement a dû faire plus de dégâts collatéraux que d’heureux.

Je pourrais le twitter, mais cette mise en abîme finirait par me mettre la tête dans le merdier humain. Être ensemble, tout le temps, mais séparés sans but précis, juste pour donner dans l’humanisme, sans aucune responsabilité. Moi, je ne ressens plus rien et c’est mieux comme ça, c’est mieux pour toi, c’est mieux pour vous. Si je devais aimer, je finirais par voir les gens comme ils sont et je n’aime pas la violence en réunion démocratique et encore moins me salir les mains. Du coup, je les garde dans mes poches et je me surprends à siffler en même temps. Le surmenage me guette.

Un jour quelconque sur Terre à fixer le travail à la chaîne de l’horloge pour donner un peu de sens au vide. En perdition dans ce canapé —défiguré matin après matin par mon chat— où je me sens dans la peau du chauffeur de Miss Daisy. Mais où va-t-on et depuis quand suis-je là ? Nous sommes immobiles, est-ce une fuite d’huile ou de gazole ?

Ma cellule résidentielle commence-t-elle à sentir le faisandé ou ai-je omis de me laver depuis les vacances de la femme de ménage imaginaire ? Ni l’un, ni l’autre. Par mégarde, j’ai oublié une expérience scientifique en cours qui a pour but de définir le stade supérieur de la junk food. À l’oeil et au nez, les fabricants de ronron devraient subventionner mes travaux. Bref, je reprends mes esprits et mes crampes d’estomac en font de même. Mais quelle belle machine que l’homme, capable d’infini pour combattre le temps et réduit à la vacuité de la réalité par ses besoins basiques ! Je fixe l’horizon en restituant péniblement ces mots sur l’accoudoir gauche du canapé jadis blanc, désormais gris —pour le légiste et les archéologues.

Le comble de mon pragmatisme face aux choses, face aux gens, ce n’est pas que je refuse d’appeler à l’aide, mais que j’ai perdu le numéro du traiteur japonais. Alors, depuis j’hésite entre la grève de la faim et le cannibalisme.

Mon canapé, il est un peu comme feu mon banc. Jadis je traînais en bas de chez moi, à présent, je le fais à domicile. Drôle d’époque qui trouve du progrès là où il n’y en a pas. Peut-être que c’est pour notre bien. Peut-être que c’est pour le sien. Je le saurais bien, si un jour, par erreur, je sors de là !

PS : Vous pouvez remplacer le mot canapé par les mots : Femme, Nation, Travail, Religion et enfin celui qui lie tous les précédents les uns aux autres, l’Amour.

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Lundi 19 : 31/08/2005, Part 2 : Orgie conviviale &  Mardi 20 : 31/08/2005, Part 3 : La cigarette d’après

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Dimanche et je n’ai pas concédé le moindre mot personnel à mon clavier industriel. Et pour cause, nous nous sommes regardés de loin comme un couple sur la bande d’arrêt d’urgence, avant le divorce ou un nouvel enfant. Lui me murmure « page blanche », et  je lui susurre « authenticité du récit ». Je lui avais promis en exclusivité, avant mon hypothétique progéniture, une partie de mon existence à exhiber à tous les détenteurs d’un abonnement à la modernité. Mais ce week-end, j’ai préféré vivre mes nouvelles aventures plutôt que lui donner la mienne en quelques signes et autant de souvenirs en moins. J’écris ce que je suis, le romanesque n’a pas sa place à mes côtés.

Tic, tac, tic, tac, tic, tac. Une seule chose me fait me lever chaque matin et je la combats minute par minute jusqu’à ce que je m’incline par chaos souvent à l’endroit même où je me suis réveillé. Tic, tac, tic, tac, tic, tac. Certains veulent acheter de la terre, moi je me porte acquéreur de toutes les parcelles de temps que l’on voudra bien me vendre et peu importe si je ne vois pas venir l’apocalypse précédée des cris de mes congénères. Tic, tac, tic, tac, tic, tac. À mon poignet, solidement arrimée pour être une part de moi, j’ai une montre mais ne la regarde jamais car elle aurait le pouvoir de me porter. Tic, tac, tic, tac, tic, tac.

Un article à construire à partir de ma mémoire pour le blog, un recueil de nouvelles à finaliser toujours et encore, une playlist à l’abandon qui réclame à corps et à cris en mp3 mon attention, un chat hypocondriaque addict à l’affection et enfin, pour en terminer proprement, cette courte et indispensable vie à user jusqu’à la corde et plus si affinités. Elle me suit du cordon ombilical à la laisse monogame en passant par la chaîne alimentaire des humanistes. Mon blog commence à me coller à la peau autant voire plus que mon ombre et cela a le don de m’inquiéter.

Je suis l’homme Lego fait de pièces identiques, de possibilités infinies et totalement dépourvu de mode d’emploi. À l’extrémité d’un quelconque désarroi, j’aperçois peut-être la seule logique honnête au sein du n’importe quoi ! Je referais bien le monde – porté disparu – à une terrasse de café, mais ma descendance devra payer l’addition et elle le fera si on m’en laisse le temps.
Vous avez dit mission impossible, ce à quoi je réponds MacGyver ! Le problème avec les idées toutes faites, c’est que par définition, elles ne s’adaptent à personne, il faut s’y soumettre en souriant et de bonne grâce si possible. À bien y réfléchir, je possède un plan qui n’est pas le mien et un couperet qui ne vient pas. En allant en un clic d’un lien à un autre, si vite, si souvent, il n’y a plus de fidèles, que des Dieux.

À vouloir tout faire en 48 heures, durant un week-end à deux dimanches, je me retrouve avec des moments perdus à jamais logés dans mes 21 grammes. Je n’ai rien fait et tout va pour le mieux, je ne suis pas homme à respecter les calendriers et ceux qui les font. Tout de même, je culpabilise en alternance, d’un autre côté je cherche à donner un nom au nuage qui passe sans se soucier de ses spectateurs, de l’autre je fonce dans mon rétroviseur en marche arrière ?!
Honnêtement, je n’ai pas essayé de me forcer, en trahissant mon passé pour un texte supplémentaire, quelques commentaires de plus, un référencement ou un compliment se prêtant si bien aux animaux de compagnie. Et j’ai débranché la machine pour m’apercevoir qu’elle n’était en réalité reliée à rien…

Ps : Demain toujours…

Demain peut-être…

Demain Inside my nombril, enfin…

Ps 2 : Je parle comme Jim Rhodes, mais j’agis tel Tony Stark…

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Juste un choix, un shoot, un chut…une chute.

À cette heure de ma vie, en dépit de l’apesanteur et de mon ostéopathe, ma colonne vertébrale fait de la résistance là où mes muscles ont déserté, puis mon front enfin détendu commence à flotter dans le vide en attendant l’impact ou un crissement de pneus. Seul, sans mes œillères d’homme comme il faut, je ne crois qu’en ce que mes paupières m’autorisent à voir une fois sur deux, de l’aveuglement légitime au black-out nécessaire. Le menton décidément greffé au torse, je lutte par intermittence lorsque la fatigue me refait le portrait – à coup de deadlines avortées – entre une paranoïa me préservant des siestes crapuleuses et une anthologie de mes cauchemars enfantins. La nuit ne porte pas conseil, elle sample la veille pour que je finisse par aimer sa chanson.

J’aurai tant aimé avoir une gueule de bois, mais je n’ai qu’un miroir informant devant moi . Épuisé, j’en viens à trembler en effleurant du bout des doigts la maladie de Morvan, et finalement je ne sens plus rien, il est trop tard pour quémander de l’endorphine auprès du silence, voire du vide qui m’entoure affectueusement.

24h par mission impossible et aucun symptôme de schizophrénie pour me donner l’impression du devoir accompli, au moins une fois. Mon compte en banque et mon amour propre puis sale ne mentent pas. Mais malgré la caféine et la timeline des inutilités en cours, ma vue baisse plus rapidement que mes mouvements approximatifs ne ralentissent en tentant une énième fois de rattraper à pied le temps perdu, depuis le réveil et ses bips aux allures de starting-blocks. Tenir, tenir, tenir…
Je ne veux pas dormir, pas encore une fois, pas cette fois, car si je devais en mourir, je n’aurais plus rien à écrire et personne pour me lire. Le culte de l’immédiateté permanente ne pardonne pas l’absence et encore moins la somnolence.

Depuis le fond de la classe contre le radiateur jusqu’à la machine à café et son avancement en passant par le coma à deux à l’horizontal, je ne voulais qu’une overdose de je ne sais quoi, peut-être d’infini, rien d’autre. Mais j’ai eu droit à une insomnie…

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Lundi en lieu et place d’une crise de foi dominicale ou chocolatière, vous trouverez Rythmes & mécanismes S01 E02 RMX, puis mardi l’ultime Teaser en série (30) Moon V.2

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Mes nuits au pluriel sont toujours plus courtes que cette routine impersonnelle où la fin du coma naturel flirte avec un début de bad trip légal. Que j’aimerais avoir une gueule de bois pour donner un sens à tout ça ! La tête scotchée durablement à mes draps plus tout à fait blancs, mon faciès médusé imprimé dans ceux-ci, le frémissement soudain des doigts de pied homologuant mon activité cérébrale, je perçois le terminus sans le définir, mais je préfère les accidents domestiques de ma moitié à l’ordre nouveau du réveil matin grimé en info continue, et vu que toutes les répétitions qui se respectent n’ont de sens que dans la ritualisation, mon chat parachève ma mise à vie, en s’empressant de venir me violer affectueusement, puis de ronronner pour se délecter de son méfait.

Une tasse de café, froid qui plus est, quel jugement impitoyable, un constat d’échec à l’amiable, le muscle renonçant avant d’avoir essayé, je doute de vraiment trouver des réponses épistolaires à mes rêves inachevés dans la torréfaction équitable. Le matin est ainsi, une juste mascarade à la mesure de l’escroquerie du reste de la journée.

À peine sorti de ma tanière en location que le sol national me tombe dessus comme pour mieux me faire suivre le mouvement de la marche en avant. Mes pieds dansent ou titubent, c’est au choix, pour justifier à qui veut le voir mon appartenance à la gravité. Adieu public, personne à droite, personne à gauche, que des gens autour qui à tous faire pareil, à tous faire semblant, à tous se rentrer dedans pour ne pas se regarder, s’évanouissent à l’apparition du moindre grognement mécanique. Les casque greffé à même les oreilles, les employés – poliment rebelles – de l’industrie musicale pour seule compagnie, le temps s’arrête durant ma playlist qui est logiquement la même que la veille, qui elle-même était la même que la précédente, vous savez le changement c’est la fin, et l’Homme n’est plus assez curieux pour avoir peur.

Je regarde droit devant – pour ne pas fixer mes baskets – comme si la vérité allait m’arriver en pleine face, juste pour moi, mais elle ne vient jamais, la garce. Et puis je ne suis pas certain de savoir quoi en faire, après tout, c’est le mensonge qui nous garantit ce bonheur qui fait que l’on sourit sans réfléchir dès lors qu’un rayon de soleil vient caresser notre emballage. Je reperds enfin mes esprits, le pas manufacturé, discipliné et vaguement pressé avec une ligne droite dans la rétine, même lorsque les artères urbaines dévoilent leurs plus beaux pleins et déliés. En bout de course, au point de départ, les lignes d’arrivée n’existent que pour nous convaincre de recommencer, toujours et encore, sans savoir pourquoi et parce qu’il faut bien.

Je sais, je sais, je cherche le vide en moi en plein néant, il y a d’autres façons plus utiles de perdre son temps…

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J’aimerais parfois que le temps me parle comme il me tue,

avec une voix froide, lente, sans sentiments ni issues

Il a plus d’humour que de compassion, alors je pleure

ceux partis sans prévenir, en prenant en otage ma mémoire,

ma nostalgie, je la vis mieux au passé et j’en rirai au futur,

l’angoisse logée dans le ventre et mon crâne percutant le mur

Plus je le cogne, moins je nous oublie en rejetant ta greffe

Plus je compte, moins il me reste à dénombrer de souffle,

de gens bientôt anonymes, d’images impersonnelles, de toi,

les remords partagés, eux, enfantent des regrets avant la Foi

Je pourrais ne plus te voir ni t’entendre ou te sentir, tête baissée

Si je ne devais ne plus te toucher, je perdrais mon reste d’humanité

À quoi bon mourir, à quoi bon prier, si je n’ai plus rien à perdre,

rien à offrir, rien à convoiter, libre de la trotteuse, pourquoi attendre,

des murs, des planches, tes hanches, j’aime plus la prison que je ne la hais

J’y fais la pluie et les condamnations car je mens mieux que je ne me tais

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Sans argent, sans repères et sans avenir, mais où aller ? Au centre commercial, voyons ! Et en courant qui plus est !

Je me rappelle encore de l’excitation palpable qui était la mienne au moment de me précipiter l’air hilare vers un ennui profond, propre, à escaliers, à escalators, à issues de secours, rien que pour ne pas faire les 100 pas en bas de chez moi. Alors, la promesse de quitter quelques heures ces murs scarifiés qui ne tiendraient pas sans nous ou de laisser sur le bord de la route ce banc fatigué qui portait mes initiales ainsi que l’empreinte encore fraîche de mon postérieur, cette perspective m’enivrait de la même manière à chaque évocation. L’essentiel résidait dans cela, sûrement dans mon veau d’or – avec extincteur intégré – où je n’avais aucune responsabilité architecturale et encore moins de pouvoir de coercition sur mon sphincter. Dans ce lieu libre entretenu par une chape de plomb, l’anonymat providentiel côtoyait sans y prêter gare l’indifférence ordinaire. Plus de classes, plus de genres, juste des gens, seuls et ensemble…

Je sais, je sais, j’aurais pu faire montre de l’une de ces attitudes studieuses dont font preuve les spécimens dits immigrés et assimilés ou courir sans réfléchir après un ballon, mais la domestication parfaite et la vie d’un groupe contre un autre ne m’attiraient que peu, et puis ce n’était pas comme si je n’avais jamais essayé ! Mais l’assimilation d’un corps étranger, à même le pupitre, par manuel scolaire a fait remonter en moi un frisson que ma mémoire ne connaissait pas, sans oublier que la plupart des réjouissances compétitives étaient mère de cette ambition qui aime tant la trahison. Je passe mon tour et laisse ma place avec plaisir. Ceci étant, cette brève expérience m’a enseigné que j’avais un mal fou à jouer sans faire mal, allez savoir ?!

Et parfois, en ne voyant pas l’intérêt de demain après la sortie salvatrice de 16h30, je me laissais happer par le reste de la semaine, au hasard de l’une de mes pauses hygiéniques sur mon banc personnel – entre « Les chiffres et les lettres » et « Une famille en or », d’après la fenêtre de la concierge. C’était avec stupeur que je ne voyais plus, peu ou pas les crachats d’usage joncher le sol, ceux-la même s’enorgueillissant d’avoir la main mise sur notre système de communication géolocalisé ! Nous étions déjà samedi et personne ne m’avait tenu informé, soit en enfonçant un bâtonnet dans l’interphone pour sonner l’alerte ou soit en criant par la fenêtre en l’agrémentant de quelques insultes de base. Il faisait désert dans le square, il ne restait que les nostalgiques de la guerre d’Algérie et de la gégène pour garder le contact visuel avec les mères de 16 ans qui surveillaient avec la plus grande des concentrations leur cigarette se consumer plutôt que leur parasite dans la poussette. Il me fallait bien sortir de mon banc, et au moment de monter dans le bus – malédiction ! – que pouvait faire un homme, de 12 ans, seul face à une demi douzaine de contrôleurs des TCL ? Pas grand chose en vérité, je me suis donc résigné à acheter, puis à composter un ticket, en attendant patiemment la bousculade générale organisée à la fin du voyage retour !

Le centre commercial, mon royaume, mon home sweet home, pour lui j’ai combattu même avec des hématomes*. Une addiction reste une addiction même légale et c’est la pupille dilatée, les lèvres pincées et la gorge sèche que je retrouve celle qui promet beaucoup, mais qui ne donne jamais rien, si ce n’est un échantillon d’une nouvelle tentation.

Face à mon regard déjà acéré, un immense monstre métallique déjà usé à quatre étages m’ouvrait son antre faite d’enseignes tapageuses, de cartes bleues muettes et de sa fourmilière disciplinée au possible. J’étais donc au rendez-vous, comme à chaque fois pour faire le pot de fleurs et le décor zoologique. Ce qu’il y avait de sain dans notre relation, c’est que je n’avais rien à vendre et encore moins à acheter et ça, la bête vitrée le savais. Je n’étais pas là pour le plaisir, mais pour affaire, notre affaire. Une histoire de temps qui passe, qui lasse, qui laisse, voilà quel était mon fond de commerce entre vide et néant.

Tous les mercredis et samedis de ma grande enfance, sans exception – angine, punition ou Thc – étaient dévolus à l’inertie entre congénères se ressemblant suffisamment pour se détester sans se connaître, à la perte de toute dignité en présence d’un début de poitrine, au moyen de trouver un problème musclé à chaque solution pacifique et, sans omettre le truc du pauvre à la limite du masochisme à travers les âges, la consommation par procuration ou par prospective qui n’arrive jamais. J’étais à mon aise dans ce faux rythme où de loin tout va lentement, mais en grossissant la caricature, je m’apercevais que tout le monde courait tête baissée, en famille, en solitaire, avec pour unique pénitence le prochain dealer de signes extérieurs de richesse, l’impôt du parking toujours automatique mais jamais habité ou la sortie principale pour ceux abandonnant leur rêve précaire pour le luxe d’une vie bien à soi. Les seuls possédant le recul nécessaire étaient ces vigils, plus silencieux que décérébrés et dont tout le monde préjugeait de leurs petites, si petites pensées, ainsi que les techniciens de surface invisibles que personne n’ose bousculer de peur d’accepter leur existence dans ce petit paradis tout droit sorti d’une liste en papier glacé. Eux étaient à la fois témoins privilégiés et prisonniers salariés de cette course contre la montre, ce compte à rebours où les plus fous amassent tout ce qu’ils peuvent en espérant qu’on ne leur dira rien au check-out le cœur léger, les pieds devant et les poches pleines.

Comme d’habitude, je suis en train de me perdre dans ces dédales et je vous y entraîne également, mais la répétition est la clé de la paix. Emprunter le même étage, le même escalator, le même demi-tour, voilà une petite mort bien agréable. Je trouvais presque à chaque fois une raison évidente à exposer à mes détracteurs – les amoureux de l’amour et les extrémistes de la liberté – pour crédibiliser mon apathie. Au moins, je ne faisais rien de pire et cette réponse suffisait à leur malheur. C’était le ventre plein et les poche arides que rien ne pouvait me tenter, j’étais en osmose pour stagner en avançant. Entendons-nous bien, tourner en rond machinalement les uns derrière les autres – au risque d’un carambolage – cela n’avait rien de fétichiste, mais c’était le seul choix pour ne pas perdre la tête, je n’avais ni les moyens ni le profil d’acheter du spleen et l’inertie était plus légitime à mon sens que les râles pseudo dépressifs. Je vivais dans une cage à lapins avec ma famille, alors quoi de plus normal que de passer mon temps libre dans une roue pour hamster ? Au final, c’est pendant ces moments que j’ai cultivé mon obsession pour le temps et mon indifférence pour l’argent.

La particularité du centre commercial, c’est sûrement sa fascination pour l’anticipation de tous les calendriers quels qu’ils soient et le besoin qu’il a d’expulser, la nuit tombée, ceux qu’il retient captifs malgré lui. Le paroxysme de ce phénomène se manifestait lors du respect mercantile des festivités religieuses. J’étais ainsi tiraillé entre mon hérésie de circonstance et mon œcuménisme opportuniste. Dans cette perspective, j’ai longtemps attendu l’avènement de Noëlouka dans les étals monothéistes, mais les décorations envahissantes et hypnotiques de la fin d’année scelleraient à jamais mon iniquité envers l’obèse sans papier qui défiait l’apesanteur. A titre personnel, je n’ai rien contre Noël en tant que tel, mais la combinaison religion, marketing, crédulité et pouvoir d’achat me donnait la nausée ou une idée de plan de carrière.

C’est mon centre commercial à nous ?! Oui, ça a l’air fou à entendre, mais dans les faits, c’était le cas. L’autre événement théologique qui tenait en haleine tout le centre commercial était la veille du Ramadan et ses violences, fantasmées, espérées, chorégraphiées, scénarisées. De mémoire de sauvageons on n’a jamais su si l’obscurantisme républicain avait généré cette étouffante situation ou si trois déficients mentaux au milieu de suffisamment de moutons avaient créé le phénomène. Toujours est-il que le samedi précédant le début du Ramadan un étrange rituel se réitérait : d’une part, tout ceux qui portaient une casquette étaient d’office catalogués dans la catégorie musulmans, même les Sylvain, surtout les Sylvain, ça fait agent double comme matricule – parole d’un membre ardent de la B.A.C. – et puis, surtout, il ne fallait pas se regrouper à plus de cinq. Mais quelle est cette science sans logique ? Si je voulais m’ennuyer seul, la télévision avait été inventée pour cela et, de plus, cette interdiction retardait l’apprentissage des civilités en milieu hostile, j’entends par là « espace économique récessif ». Au final beaucoup de bruits de part et d’autres, beaucoup de bruits pour rien. Soyons cohérents, qui irait se parer de ses habits de lumière made in China pour aller s’offrir en pâture sur l’autel de l’insurrection religieuse, banlieusarde et sociale – à vous de voir Mesdames et Messieurs les journalistes – certainement pas une personne qui passe l’intégralité de sa vie à parler avec ses mains pour ne jamais les utiliser !

Et l’agitation annuelle enfin passée, les uns jeûnaient, les autres ne pouvaient plus attendrir de l’arabe durant un mois et moi, comme la coutume le voulait, je passais du Mac bacon au Big mac, moins cher et meilleur à la fois ! Je vous entends déjà les juges en freelance et les lésés de ma part de burger, mais à force de laisser une bouchée à tout le monde, il ne me restait jamais rien à la fin, j’ai donc dû prendre les dispositions drastiques qui s’imposaient en étendant cette hygiène économique aux soirs d’extorsion sur fond de solidarité et de Kleenex depuis mon banc de salon !

* Cf. LP « Entre deux mondes »

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Je n’arrive pas à choisir entre un signe des temps et un temps des signes

(Témoignage 0 – Accusation 1)

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Je n’arrive pas à choisir entre tourner les pages et ne plus avoir à en tourner
(L’horizon 0 – L’oraison 1)

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