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Posts Tagged ‘souvenirs’

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Le syndrome de la page blanche et moi nous ne nous sommes jamais rencontrés, malgré le fait que l’on m’en parle et qu’on me le vende si souvent. A l’instar de Dieu ou de la démocratie, j’en viens à douter de son existence même.

Je n’ai pas en moi une nature de retardataire, de celle qui flirte nonchalamment entre la chronophagie et la mythomanie, le sourire aux lèvres. Je ne vais tout simplement pas à mes rendez-vous tout en prenant un soin méticuleux de ne pas prévenir et d’encore moins répondre au téléphone – « signe d’oppression de mon peuple », désolé je ne suis pas assez malhonnête pour placer cette expression dans un contexte historique alors je la mets n’importe où, voilà c’est fait – accompagné de con cortège de Sms ressemblant plus à des rébus qu’autre chose.

En travaillant sur ce blog, parfois cahier de brouillon souvent papier buvard, j’ai appris avec le temps à lutter avec ma mémoire récalcitrante forcement sélective et effectivement détériorée par l’absinthe que l’on sert du côté de Fribourg, le rhum de Martinique en bon professionnel s’est chargé de mon foie.

De plus j’ai la profonde conviction que les morts – peu importe leur statut dans mon organigramme – prennent un peu de mon passé en carton-pâte, sans prévenir, avant de devenir du vulgaire marchandising pour nos souvenirs tenant autant à la morphine qu’au morphing.

En revenant en arrière dans chaque article pour occulter le fait que le mur me fonce dessus sans sa ceinture de sécurité, je trouve presque plus de questions inachevées que de réponses toute faites et c’est pour cela que je creuse consciemment cette tombe à la mesure de mes trous de mémoire, histoire d’emmener tout le monde avec moi le moment venu.

Je pourrai consulter, mais je rechigne à ce qu’un quelconque praticien soit contraint à payer l’ISF. Et puis, me complaire dans l’une de ces médiocrités artistiques où la dépression est érigée en rang de talent, merci, mais non merci! Mes morts finiraient par sortir de leur retraite pour me rappeler qu’on ne mange pas de ce pain là, d’où je viens.

Bref, plus je me remémore, plus je préférerais imaginer quitte à vivre moyennement heureux avec ce mensonge, plutôt que d’épouser ce background qui me ressemble un peu trop et qui donc forcément ne vivra jamais en paix.

Je pourrai ne plus rien trouver à écrire et faire semblant, le bonheur tient parfois à cela, mais franchement je préfère mon histoire à celle qu’on me vend, et puis quel plaisir d’abuser de votre temps.

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là-haut

Enfant, aux enterrements, le prêtre se sentait toujours obligé de venir me dire que tout allait bien se passer, ça ressemblait plus à une directive du personnel qu’à de la compassion.

Son patron devait être en plein redressement fiscal, épiscopal et il a oublié d’envoyer un mémo.

Regarder en arrière, cela n’a jamais fait de mal à personne, mais quand il n’y a plus rien à voir, mieux vaut fermer les yeux.

Le repos éternel ? Et puis quoi encore, la sieste crapuleuse alternative, la grasse matinée partielle ?

Cher vendeur de pardon, montre-nous dans quel rôle tu es le plus crédible, celui qui dort ou le mort.

La vie est un site de rencontre et une roulette russe, on ne sait pas sur qui l’on va tomber et qui nous fera tomber.

Je ne suis que de passage dans cette salle d’attente.

Fais comme moi, prends un magazine, fais semblant, souris à ta voisine et lève-toi lorsque l’on t’appelle.

Durant la ballade, tu as le choix entre les œillères ou la muselière pour affronter le compte à rebours.

Vivre en laisse ? Ça a ses avantages !

Là-haut, je ne préfère pas parier dessus, sur ce que je n’ai jamais vu, c’est ce que je me dis en fixant mes baskets, le sol, déçu.

Ceci étant dit, être propriétaire de 21 grammes de spiritualité, c’est sûrement du plus bel effet à l’heure du jugement dernier, mais ici-bas, éduqués au péché originel, les Hommes font la queue pour croquer la pomme.

Satisfaits ou remboursés, messieurs, mesdames pour les réclamations merci de vous adresser à votre main droite la plus proche.

Peut-être la femme de ta vie depuis le jardin d’enfant, peut-être la femme d’une nuit à l’abri d’une ruelle.

C’est la bonne, la prochaine, la dernière, mais c’est toujours une question de vie ou de mort.

Je ne connais pas le visage du bonheur, mais je peux déjà spéculer sur le nombre de liftings réalisés au nom du décor en carton de pâte de la famille idéalisable.

J’aimerais bien être aigri, cynique pour que nous soyons tous sûrs que seule parle ma tristesse de fond de bouteille.

Mais l’amour, c’est comme une boîte de chocolat, quand tu n’en as pas, tu veux celle des autres plutôt qu’avoir la tienne.

J’ai si souvent partagé ce lit que je ne me vois pas m’y allonger seul, hum, je n’ai jamais appris à le faire.

Elle tout essayé, pourtant, la pédagogie en l’apprenant à nos enfants, les menaces en promettant le retour de la chasteté, la corruption en s’adressant directement à mon ventre.

Je n’ai jamais su ce qu’elle cherchait au fond de son sac, pendant tout ce temps, elle non plus en fait, mais le jeu était plus passionnant que le Graal.

Laisser son sac en paix, ce n’était pas une option, je suis donc devenu patient.

C’était elle, c’était moi, c’était nous, c’était tout. Et la plus rien.

Je préfère la poussière au cimetière, tu n’es jamais partie, alors j’évite de sortir.

Et le monde continue à tourner et notre histoire à se répéter dans la maison d’à côté.

Le jour où il ne nous reste que des souvenirs de l’autre, c’est qu’il est trop tard ou que ça ne va pas assez vite.

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