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Je n’arrive pas à choisir entre l’égoïsme et le réalisme
(Solitude 0 – Absence 1)

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J’ai… J’ai… J’ai, hum… J’ai des problèmes de silence, je les voudrais de circonstance. Je ne manque plus de rien, mais pourtant je me démantèle de l’intérieur, petit à petit, sans jamais m’arrêter pour mieux mettre ma conscience en accusation aux yeux de ceux qui m’aiment. Vide à en perdre l’équilibre le jour et plombé à en baiser le sol la nuit, je regarde mes cheveux tomber et mon ventre prendre de l’avance tranquillement sur mes pieds. Durant mon temps libre, je cherche cette absence.

À défaut de la trouver en moi, je la traque sans relâche dans les travers de ma femme et la discontinuité de son amour quand elle dort, de ma famille et de leurs pannes de téléphone lorsque j’ai un début de migraine, de mes amis qui ont l’audace de me parler de leurs problèmes en à ma présence, de mes collègues et de leur carrière qui doit de plus en plus se pencher afin de m’apercevoir. Pourvu que ce ne soit pas de ma faute, de ma responsabilité, alors tout va pour le mieux. Mais cette dépression qui me berce et cette mélancolie du temps qui se fige, elles ne sont pas dupes et me réclament un peu de ma réserve personnelle de bonheur en échange de leur silence. Vous savez, le spleen, c’est comme le croque-mitaine, ça n’existe pas, c’est fait pour faire peur aux enfants et aux éternels adolescents !

On pourrait légitimement dire que je fais l’enfant, que je le joue, le surjoue dans un costume d’adulte – plus proche de la fin que du début de quelque chose – alors que celui-ci ne veut plus rien savoir du temps et de la distance qui s’écoulent. Et pour cela il ferme les yeux, arrête de respirer et se bouche les oreilles. Mais à un moment donné, je dois refaire surface et je ne veux plus avoir à faire avec mon pèse bonheur ou pèse malheur, c’est selon votre définition de la convalescence ou de la rémission. Je… Je… Je, hum…Je voulais juste ne plus rien sentir, quitte à n’avoir plus rien, rien !

Rien, hum, rien du tout, mais, alors rien, c’est une idée du néant qui a trop de sens pour que je puisse l’accepter et dormir dessus, tout compte fait. Mais mon tourment originel était toujours aussi abyssal pour moi. Ma libido ou mon psychiatre, pourquoi ne pas louer celui de quelqu’un d’autre ? Un nouveau vague à l’âme ! Un de ceux qui souffrent en silence et qui n’attendent rien du bonheur si ce n’est un jour de plus avec son passé. 21 grammes de poète, voilà ce qu’il me faut, rien d’extravagant, un peu de cet alarmisme salvateur, une pincée d’amour perdu à jamais, et quelques munitions pour toucher ce qu’il vise juste, rien d’autre, rien…

Me voici renaître sans recommencer, me questionner sans douter, en pleine déconstruction avec mon monde à réinventer, prêt à tout quitter sans jamais bouger. Je… Je… Je, hum…Je dois avouer que dans les premiers temps la joie nouvelle qui m’habitait prenait le pas sur tout jusqu’à ce que je disparaisse pour de bon, que je ne reconnaisse plus l’âme en peine dans le miroir, que mon odeur m’ait abandonné, que ma femme n’ose plus me toucher pour se persuader que ce n’était pas moi, plus moi. J’étais en présence de mon absence.

Le comble c’est que j’étais parfaitement dans mon rôle, dans ce qu’on attendait de moi, de ce qu’il était bon de montrer. Et je pourrais m’en satisfaire puisque faire semblant est mon métier. Ceci étant, je n’ai pas à construire de personnage la nuit à l’horizontale, les yeux grands ouverts à fixer le plafond sans que celui-ci ne daigne répondre aux questions que je ne me suis pas assez posées ! Je… Je… Je, hum… Je repense à ces souhaits qui n’ont d’autre intérêt que leur invocation et non leur accomplissement. J’ai eu ce que je voulais, je suis devenu ce que les autres désiraient, j’ai donné ce morceau de moi qui n’a d’existence qu’en me quittant, puis j’ai pris celui de quelqu’un d’autre, à qui je ne pensais rien devoir, sans réfléchir, comme un dû. Et maintenant j’ai une dette à la place du cœur.

Et pour la première fois de ma vie je comprends, peut-être trop tard, que je n’ai jamais été seul, que la meilleure des compagnies ne donne pas son nom, elle nous comprend sans nous juger, elle nous ressemble sans rien demander. Je n’ai… Je n’ai… Je n’ai, hum… Je n’ai plus de quoi pleurer, personne à incriminer pour les exactions du quotidien. Personne, mais vraiment personne. Merde, j’ai perdu quelqu’un ? Le malheur ou le bonheur, cela ne reste que des indices de satisfaction de l’existence en cours, des motifs de prétention ordinaires, sans aucun recul. Et si j’en profitais tout bêtement, comme ça, en faisant les comptes des bons et des mauvais points à la fin de mon préavis ?

Mais pour l’instant mon problème logistique est bien plus basique, banal, du domaine de l’échange équitable. Rendre cet autre moi, enfin toi à son propriétaire et récupérer cette part de moi qui me fait tant défaut, quelque part. Je constate que je n’avais jamais autant voyagé dans ma tête, sa tête, notre tête. Il me fallait à présent utiliser mes jambes, ses jambes, nos jambes pour me retrouver, pour la retrouver, pour nous retrouver. Mais le seul inconvénient dans les fantaisies – mise à part leur vacuité – c’est qu’elles n’ont pas leur place dans la machine à broyer de la réalité. Je me suis donc retrouvé, mais avant que je n’arrive tu es morte d’un long suicide sans morceau de toi, à cause de ce morceau de toi que je garderai pour toi, maintenant, en attendant que tu reviennes, un jour, peut-être…

J’ai… J’ai… J’ai, hum…J’ai si souvent parlé de la solitude gratuitement, juste pour mettre un mot sur mes égarements, uniquement pour clore une demande d’affection désintéressée que j’ai presque peur de lui dire au revoir à l’idée que les choses reprennent leur cours de manière anonyme, orpheline. Un souhait qui s’exhausse, c’est déjà une part d’idéal qui s’enfuit, mais une quête qui s’achève, c’est presque pire. Les questions ne sont rien, vraiment rien, rien, face à la fin. Alors, dorénavant j’aurai ma conscience pour moi et mon âme m’aura pour elle.

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Je n’arrive pas à choisir entre les bonnes causes et la juste cause
(La solidarité 0 – La solitude 1)

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Moi, je vis ici, dans un coin vierge et désert de ma tête – entre rediffusion de la veille et images inertes – au second étage d’un tout petit musée trop usé pour recevoir des visiteurs attendus depuis toujours. Lui dans son costume repassé, dépassé, il a l’impression de se laisser partir tout en restant ici-bas. Plus personne ne bouge, mais les ambulanciers passent pour un oui et pour un nom !

Avant une ultime représentation et de prendre enfin une pause définitive bien méritée sur un brancard, il subsiste en lui un peu d’air confiné, recyclé et parfois quelques mots articulant des phrases qui restent lettres mortes sur un lit solitaire. Et je les guette ces confessions anonymes orphelines de trop de faux départs, ces derniers morceaux de vie, de vous chuchotés péniblement à qui peut bien les entendre.

Lui n’avait pas encore rétrocédé son dernier juron antidaté, son dernier verdict approximatif tant la mélancolie de cet hiver qui ne s’en va plus et les remords qui n’appartiennent qu’à celle ayant disparu le plaquent à même le sol, quitte à prendre racine avant de ne faire qu’un avec lui. Moi, je suis son assistant dans la mort. Aucun de nous ne le dit mais c’est tout comme. On se regarde soit pour qu’il se souvienne, sois pour que je m’imagine.

Je cherche la magie des gens là où elle s’arrête pour bien des choses, au moment où la quiétude reprend ses droits avant le tunnel sous la manche immaculé et le comité de bienvenue du Jesus Club’s. Cependant, pour faire rêver le peuple – les vivants et avec les moyens du bord – vous pouvez habilement présenter un mensonge insoutenable pour une promesse sans garantie ou clamer à la face du monde que tout est illusion, mais qu’il doit s’y accrocher farouchement afin qu’elle continue de plus belle. Le tout payable en 3 fois. A vos téléphones chers clients !

Je veux bien me dire en voyant le monde entier s’activer que la vie, la vraie, c’est faire des trucs ou tout du moins le prétendre avec suffisamment de désinvolture pour intéresser le quidam à notre peau de chagrin. Je préférerais connaître les dessous du spectacle plutôt que d’en faire partie, mais l’industrie humaine – des cours de récréation au crématorium – offre peu de répit à ceux qui ne dansent pas avec la meute.

Je suis entouré par trop de sagesse pour m’en rendre compte et pour cause, dès lors qu’elle bave à ses dépens, qu’elle radote pour mieux se remémorer, qu’elle grogne pour trouver des coupables au lever du lit, je la suspecte d’une de ces sénilités qui ravissent les simples et les saints d’esprits. Mais lui, il m’en donnait sans jamais en récupérer, elle ne lui était plus d’aucune utilité.

Lui lorsqu’il n’arrivait plus à pleurer, il se mettait à parler sans trouver d’excuses, ni de si et encore moins de peut-être, car la fatalité n’a que peu d’intérêt dans la bouche d’un enfant, mais dans les yeux d’un vieillard… Je gardais ça et le reste au fond de moi pour commencer à me tricoter une mémoire digne de ce nom, digne de son nom !

Le silence, quel mode de communication singulier. Il est idéal tant qu’on ne connaît pas l’identité de l’autre, c’est quelque chose d’impalpable et d’universel qui ne se retranscrit qu’après la disparition de l’un des protagonistes. Son camion à lui, il empestait les cigarettes qu’il collait machinalement à ses lèvres, ça c’était son histoire ordinaire, je m’en souviendrai jusqu’à ce que je puisse la donner aussi.

Je ne l’ai pas vu partir le soir en question. A un moment donné, il était là à prendre sa part du temps et l’instant d’après plus rien, la fin, le vide. Il n’a pas voulu me prévenir de peur de me dire au revoir comme à tous les autres, ceux qui nous traversent et que l’on effleure, des morceaux de nous un peu de partout, que l’on ne revoit jamais pour continuer à vivre ailleurs. Puis les choses ont repris leur cours en attendant que ce soit un jour mon tour.

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the limits of control

Je donne plus l’oreille que je ne prends la parole, j’ai l’humanisme économe.

À la croisée des chemins, on se trompe de route afin d’avoir un entretien avec le destin, même si je ne le comprends pas en suivant mon instinct.

Le silence fait partie de mon histoire sans fenêtre sur vous, ni porte de sortie pour vendre une morale donnant un sens à mes actes.

Allez savoir qui je suis derrière mon masque fait de chair et de sang, ce que je sais sur mes commanditaires comme mes victimes et où je vais d’un pas meurtrier tel le temps qui passe.

Ma mélancolie est assassine et mon tourment est une tombe d’où je ne m’extirperai qu’au dernier souffle.

Mais un doute subsiste lorsque l’on fixe machinalement les cibles mouvantes plutôt que cet horizon bancal plus résigné que fidèle.

Et le planisphère ? Il nous écrase de toute son autopsie, de toutes ses rides guerrières.

Je préfère le paysage aux voyages !

Une ville reste une ville, ces odeurs de peur quand les pas claquent sur le sol en se faisant de plus en plus pressants, le bruit des ruelles orphelines de la lumière du jour, son visage raisonnable pour le tourisme plastique, son charme pour les cartes postales, sans oublier son calme invisible et anonyme.

Ce qui me plaît le plus ce sont les fenêtres, on devine ce qu’elles cachent négligemment, on se protège dans leurs angles morts, pour ne pas être de vu, pour rester méconnu.

J’ai cet instinct de conservation presque animal qui me préserve de ce mauvais goût bien humain pour l’héroïsme de manuel scolaire.

Alors mon nom n’est qu’une anecdote dans le monde des illustres qui cherchent des échos à leur nostalgie dans un regard, dans une guitare.

Une clef fatiguée, une porte à la fois étrangère et familière, un lit d’infortune pour une personne, un cendrier vide et un horizon imparfait me renvoyant à mes respirations inégales.

Peu importe l’endroit, c’est la même chose, sans les mêmes gens…

La limite entre habitude de l’usine humaine et paranoïa des oppressés de service ? Ceux qui en parlent en observant ceux qui sont censés le vivre, ils doivent avoir plus de réponses que de questions.

À force de me demander constamment ce que j’aime, je vais finir par savoir ce que vous pensez.

De retour à la case départ en avançant sur ma piste, le décor habite mes songes éveillés, quitte à y laisser leur mémoire.

J’entends des voix, mais je préfère les mots.

Je pourrais apprendre ta langue, mais tes hésitations en disent long !

Va savoir ce je fais du temps qu’il m’est est arbitrairement imparti puisque la petite mort ne m’attend plus ?

Si l’information c’est le contrôle, nous devons être bien suicidaires!

Le problème des messagers en transit qui rêvent d’être des passagers en stand by, c’est qu’ils oublient que les autres peuvent épouser la solitude.

Dans le doute, on confond mystère et zone d’ombre, mieux vaut ne pas comprendre que de ne pas savoir dans le vaste monde.

Me taire, apparemment, c’est ce que j’ai de mieux à dire.

Le temps est aux adieux, nullement aux présentations.

Les choses commencent et se terminent dans un aéroport, là où les hommes viennent de nulle part et vont forcément quelque part pour quelque chose ou quelqu’un !

J’atterris paisiblement, j’arrive tranquillement, je pars sur la pointe des pieds, mais ne peut me résoudre à rester ici. Le mouvement, c’est tout ce qu’il me reste.

Avoir plus de solitude que de questionnement, voilà bien la seule preuve que le silence existe.

Les images défilent à vive allure comme pour mieux satisfaire la boîte à souvenirs.

Je ne prends pas de plaisir particulier dans mon travail. Comme les autres, les plans se suivent mais ne se ressemblent pas, tout est une question d’imagination.

Les hallucinations modernes ne valent pas les pertes de conscience d’antan, quand tout n’était que supposition et illusion.

Je suis parti comme je suis venu, sans un bruit, sans un mot, il ne me reste qu’à choisir entre les limites du contrôle et le contrôle des limites.

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là-haut

Enfant, aux enterrements, le prêtre se sentait toujours obligé de venir me dire que tout allait bien se passer, ça ressemblait plus à une directive du personnel qu’à de la compassion.

Son patron devait être en plein redressement fiscal, épiscopal et il a oublié d’envoyer un mémo.

Regarder en arrière, cela n’a jamais fait de mal à personne, mais quand il n’y a plus rien à voir, mieux vaut fermer les yeux.

Le repos éternel ? Et puis quoi encore, la sieste crapuleuse alternative, la grasse matinée partielle ?

Cher vendeur de pardon, montre-nous dans quel rôle tu es le plus crédible, celui qui dort ou le mort.

La vie est un site de rencontre et une roulette russe, on ne sait pas sur qui l’on va tomber et qui nous fera tomber.

Je ne suis que de passage dans cette salle d’attente.

Fais comme moi, prends un magazine, fais semblant, souris à ta voisine et lève-toi lorsque l’on t’appelle.

Durant la ballade, tu as le choix entre les œillères ou la muselière pour affronter le compte à rebours.

Vivre en laisse ? Ça a ses avantages !

Là-haut, je ne préfère pas parier dessus, sur ce que je n’ai jamais vu, c’est ce que je me dis en fixant mes baskets, le sol, déçu.

Ceci étant dit, être propriétaire de 21 grammes de spiritualité, c’est sûrement du plus bel effet à l’heure du jugement dernier, mais ici-bas, éduqués au péché originel, les Hommes font la queue pour croquer la pomme.

Satisfaits ou remboursés, messieurs, mesdames pour les réclamations merci de vous adresser à votre main droite la plus proche.

Peut-être la femme de ta vie depuis le jardin d’enfant, peut-être la femme d’une nuit à l’abri d’une ruelle.

C’est la bonne, la prochaine, la dernière, mais c’est toujours une question de vie ou de mort.

Je ne connais pas le visage du bonheur, mais je peux déjà spéculer sur le nombre de liftings réalisés au nom du décor en carton de pâte de la famille idéalisable.

J’aimerais bien être aigri, cynique pour que nous soyons tous sûrs que seule parle ma tristesse de fond de bouteille.

Mais l’amour, c’est comme une boîte de chocolat, quand tu n’en as pas, tu veux celle des autres plutôt qu’avoir la tienne.

J’ai si souvent partagé ce lit que je ne me vois pas m’y allonger seul, hum, je n’ai jamais appris à le faire.

Elle tout essayé, pourtant, la pédagogie en l’apprenant à nos enfants, les menaces en promettant le retour de la chasteté, la corruption en s’adressant directement à mon ventre.

Je n’ai jamais su ce qu’elle cherchait au fond de son sac, pendant tout ce temps, elle non plus en fait, mais le jeu était plus passionnant que le Graal.

Laisser son sac en paix, ce n’était pas une option, je suis donc devenu patient.

C’était elle, c’était moi, c’était nous, c’était tout. Et la plus rien.

Je préfère la poussière au cimetière, tu n’es jamais partie, alors j’évite de sortir.

Et le monde continue à tourner et notre histoire à se répéter dans la maison d’à côté.

Le jour où il ne nous reste que des souvenirs de l’autre, c’est qu’il est trop tard ou que ça ne va pas assez vite.

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MOON

Dans l’espace personne ne m’entendra crier, prier, pleurer, aimer.

En y réfléchissant, c’est la même chose sur Terre. Dites-moi qu’elle est la différence entre le silence et le bruit ?

Pas grand chose, alors…

Vivre ensemble ou séparés ? Il faudrait prendre une décision, la bonne, la meilleure pour moi, apparemment. Je ne choisis pas.

Comme la plupart, je passe plus de temps à parler qu’à écouter et quand l’occasion d’entendre se présente, je préfère nier toute présence étrangère ou même la mienne.

Observez autour de vous, il n’y a plus rien à défendre, cessez de parler pour nous, d’ailleurs vous n’êtes pas là, ici.

Et les années passent comme ma raison, péniblement mais rapidement et je ne me souviens plus de rien, tout en avançant, comme ça, sans rien dire, sans rien attendre.

Finalement, je choisis de tuer le temps pour ne pas lui laisser ce plaisir, en parlant seul, rarement au futur, souvent au passé, le regard toujours absent, mais jamais loin.

D’où je suis, sans pouvoir rien toucher excepté cet écran, je peux voir la Terre mourir, ton pays croupir, ma famille vieillir, l’avenir au passé.

J’opte pour mes petites habitudes sans lendemain plutôt que la grande lassitude de la postérité, en gestation entre l’inconnu et l’infini.

J’ai dû me méprendre à parler de voyage en faisant du surplace.

Encore, un moment, un instant, une minute et plus rien, jusqu’à la prochaine fois.

Je ne me lève plus pour me lever, mais juste pour ne pas crever !

Dans l’espace, mieux vaut avoir un ennemi imaginable qu’un ami imaginaire.

Je préfère la peur à l’ennui, le besoin à l’envie, la vie à la sécurité.

Intelligence artificielle, ordinateur, robot, machine, on s’obstine à mettre des noms sur des choses pour les contrôler, puis pour être sûr de ne plus les comprendre.

Le problème n’est pas que je parle à mon répondeur, mais que celui-ci me réponde.

Alors, je suis ma propre marionnette et je tisse des liens avec ceux en qui je dois croire pour mon salut plus tard, pour ma survie maintenant.

C’est une histoire de fou, une histoire de flous, une histoire de nous.

La lune, c’est comme le reste, c’était mieux avant. Elle ne fait plus rêver personne.

Et je suis là, en solo, ne sachant pas si je préfère sombrer dans la folie ou accepter demain.

Les gens, c’est tout de même pratique, cela comble l’angoisse.

L’homme se passionne pour les casse-tête afin de garder la sienne, pour tuer tout doute raisonnable qui nous éloignerait de cette ignorance qui fait de nous des gens heureux.

Il y a quelqu’un d’autre ici, dans mon crâne, chez moi, dans mes certitudes et lui aussi pense la même chose.

Je suis plus perdu que perdant.

Je ne sais plus qui je suis, je ne sais pas qui je fuis, mais je cours quand même, en orbite, c’est déjà ça.

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