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Je n’arrive pas à choisir entre une erreur et une quête
(L’absence 0 – Le silence 0)

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La nuque lâche, la lèvre inférieure pendante et les narines gonflées, j’attendais un signe du destin ou une marque d’affection de mon chat. Aucun des deux n’étant venu jusqu’à mes oreilles, je me suis alors lancé à une allure nonchalante et j’ai sauté à pieds joints dans mes charentaises avant de pénétrer précipitamment ma chambre noire maculée de blanc.

J’aurais bien voulu faire marche arrière, mais quitte à tourner en rond autant le faire vers l’avant.

Pour ainsi dire, ce sont les mots qui ont traversé ma tête au bord de l’implosion lorsque ma chaise a reçu le côté pile de son locataire en pleine face et que mes coudes se sont empalés lourdement contre le rebord métallique et glacial du bureau, orphelin des traces de la crème Nivéa que j’y déposais chaque jour. Aucun doute, il s’agissait bien d’un rendez-vous, le premier après une rupture pour sûr, il s’agissait de se faire pardonner.

Tant de mots m’ont échappé depuis la dernière fois, il faut bien vivre des choses, peut-être même avec des gens, pour leur donner un sens les éloignant du commun des mortels éructant des onomatopées depuis leur console de jeux vidéos. Bref, j’y suis, j’y reste !

Le tournant m’attend et je n’aime que les lignes droites, spécialement lorsque, comme moi, on cultive une haine passive pour les freins. Le calendrier a pris de l’avance et je me dois de le rattraper sous peine d’en avaler mon bulletin de naissance avant ou après l’heure dite.

À chaque nouvelle édition de cette farce j’ai comme un tressaillement, comme une hantise, comme un complexe, celui de me répéter, en public qui plus est. Je ferais bien la nique aux habitudes, mais de qui pourrais-je me plaindre ensuite ?

Le déjà-vu me guette, j’irais presque jusqu’à prier le danger —moyennement mortel— pour ne pas me perdre dans les banalités des gens civilisés, mais le temps ne me laisse nullement le choix, la merde est déjà jusqu’à mon cou ! Il va me falloir nager —toujours un peu plus seul et à contre-courant— sans couler, durant un an de plus. Et cela sans savoir pourquoi. Après tout si le jeu est ma vie, je devrais en disposer comme bon me semble, sans rhétorique judéo-chrétienne tambourinant dans ma tête à chacun de mes désirs d’évasion définitive face à mon manque d’avenir.

Alors plutôt que de m’en plaindre, j’ai pris la décision de faire chier mon monde, sans aucune discrimination. Et tandis que je me saignerai afin de conserver tant bien que mal mon âme, mon identité, ma nationalité et mon abdominal, je verrai le temps me rattraper avant que je n’aie fini quoi que ce soit.

L’instant fatidique, hein comme ils disent! Le geste crucial, oui comme ils le grommellent. Le choix décisif comme ils le prédestinent sûrement. J’en suis là au moment où je vous écris. Pas une virgule de moins, pas une virgule de plus.

Je ne sais pas comment vous allez, ni où vous étiez. Internet, notre cordon ombilical, est bien trop omniscient pour se préoccuper de ces détails, mais parfois j’y pense, seul, posté de l’autre côté des pixels. J’aurais le souhait de voir vos visages, vos rides, vos regards en bout de page, en fin d’écran. Mais maintenant il est l’heure et la minuterie du blog n’attend pas.

Texte. Posté. Que sonne le glas ou le départ, je m’en moque à vrai dire. Mon reste d’humanité ne se préoccupe que de l’instant sans le prendre en photo, sans le prendre à défaut, sans le prendre à témoin, rien de tout cela si ce n’est rester là, à ses côtés. Il est parti plus vite qu’il n’est venu, un peu de quiétude avant que le quatrième pouvoir et ses bottes pleines de culture ne viennent détériorer nos derrières pour le bien de tous.

La rentrée est là, elle est censée arbitrer les saisons, légiférer sur les retrouvailles, juger ses prédécesseurs, rentabiliser la nouveauté. Mais c’est peine perdue, le temps nous a échappé depuis que l’on sait tout, tout le temps. Certes, nous n’avons plus rien à consommer, mais il nous faut un objet pour ne plus le faire. Ainsi va la perte du monde, le cul entre le tout et le rien.

Alors peu importe l’heure aléatoire et le jour toujours J, brisez vos montres puis vos iphones puisque plus personne ne regarde les horloges. Je reprends les armes en main et le plan de bataille dans un coin de ma tête, en pleine rupture à l’amiable entre son ambition et son bonheur. Du haut de mon trône sans cour, je tiens en respect les choses pour combattre leurs idées.

Mais ne vous méprenez pas, ne voyez pas de grande cause pour laquelle je pourrais mourir, cherchez plutôt l’obsession pour laquelle je me devrais de pourrir. Je me dis secrètement qu’avant la décomposition en terre croisée, il faudrait que j’en passe par l’âge mûr et peut-être, à force de travail, sur la dépouille de l’âge d’or.

Ceci étant, j’ai beau chevaucher mon imagination pour accoucher d’une histoire à dormir debout afin de vous hypnotiser, dès que ma monture me renvoie à terre sans préavis, mes fantômes galopent dans le rétroviseur et mes démons font les choux gras des unes de la presse libre —de tout. À deux ans «d’un concours de t-shirts mouillés»1 au suffrage universel, il est de bon ton de prendre en otage ceux qui ne peuvent payer de rançon.

Et puis voilà, je remonte sur selle, le paysage et la psychanalyse en valent le détour. C’est ce que dit le dépliant concocté par l’Office du Tourisme au sujet de mon royaume étriqué —tenu en joug entre une fenêtre souillée par l’été et une porte à la poignée grinçante— celui-ci me vois comme je suis et non comme je sais. Ainsi est ma prison, une zone d’ombre qui ne tolère pas plus le jour que la nuit, les rires que les pleurs, j’y suis à l’abri comme nulle part ailleurs, mais je n’en sortirai pas indemne. Et vous ?

Je suis épié de toute part, les murs de mon huis clos se rapprochent de moi au fur et à mesure que mes doigts puis la paume de ma main balayent l’épaisse poussière de mon outil de prédilection. J’ai comme une montée d’adrénaline, le corps en ébullition, les lèvres sèches prêtes à être humectées. Mes ongles auraient aimé être rongés pour profiter de l’instant et passer outre leur flegme. Ma vie se joue sur un bouton, c’est de cela dont il s’agit !

Touche après touche, couinement après couinement, je retrouve ma routine à quatre temps logée dans mon casque. Ce bruit sourd ne masque pas ces blancs prisonniers de mon ventre que rien ne comble lorsque que je me perds entre mon esprit et la vie en fixant l’écran. Si vous vous demandez, proches ou anonymes, où je suis caché lorsque ma vue se remplit d’absence, sachez que je suis ici. Bien loin des problèmes d’hygiène de la morale qui fabrique des coupables au gré des caprices de l’opinion et à la fois si proche du vide qui meuble nos importances toujours plus urgentes. On peut se dire que des lauriers aux chrysanthèmes, il faut plus de patience que de temps.

Me voilà de retour chez moi dans mon univers monochrome où chaque chose est à sa place dès lors qu’elle ne bouge plus, qu’elle ne parle plus, qu’elle ne respire plus. Le calme, celui que l’on n’achète pas. Et oui je n’aime pas l’ordre, mais la géométrie, puisque que je ne vois pas de règles, mais juste des ensembles. Un pied dans le global, l’autre dans le pragmatisme, je me construis une petite réalité dans mon monde aussi froid qu’assassin où je ne cesse de taper pour mieux effacer. Pas de souvenir à chérir, pas de regret à rétrocéder. Chute, silence, je tourne, en rond, dans n’importe quelle direction. Mais au vu des bouchons sur mes comptes en tous genres, il y a doit bien y avoir un chemin pour que tant d’anonymes s’y précipitent sans connaître la destination finale. Alors, donnez-moi la main à la vitesse de notre époque, nous ne sentirons pas le mur nous rentrer dedans.

Cet été, dans mon dos suspendu à mon cou, le soleil se cachait pour mourir et ce matin pour la rentrée, Dieu se fait une joie de pisser, en sifflant de tout son vent, sur le toit de mon immeuble encore en vacances, toujours en partance. Et plus la pluie pilonne le Velux, plus je sens qu’il en veut à ma vie, enfin à mon silence en tout cas. Il a mis un contrat sur ma tête, mais il n’aura rien avant l’expiration. Ni repentir, ni confession. Pour cela il devra faire la queue comme tout le monde ou passer par Amazon.

Alors rien de neuf pour tout vous dire, en bout de page, en début de rentrée, de bureau en bureau, de porte en porte, de fenêtre en fenêtre, d’urinoir en urinoir, la tête baissée, le dos voûté, la respiration maîtrisée, les pupilles dilatées, j’ai trouvé le refuge qui me manquait entre quatre murs. Celui que l’on réserve aux imbéciles et que l’on interdit à ceux cherchant la paix intérieure une arme sous les doigts. J’attends que l’on vienne m’en déloger en serrant mon clavier contre moi.

*Copyright : Florent Picollet

1 Taïpan, Au feu à droite, Je vous aime, 2010.

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Le programme de cette rentrée 2010/2011 à partir du 14/09/2010 :

Tous les mardis  : «The Lost Timeline», puisque tout va trop vite et la mémoire vacille, un petit retour en arrière des punchlines perdues dans le 2.0

Tous les vendredis : «500 mots plus les frais», tout est dit : une poignée de mots allant de l’auto-fiction à la folie pure

Et n’importe quand, de la façon la plus arbitraire possible, je vous délivrerai un «Kinder Post», celui-ci pourra être un « 36 15 Me Myself & I », un « En vers et contre tous », un « Explicite lyrique et sans complexe », un « Ghost post », une « Prévision de l’observateur » ou un « RDLRDLS »

Et ce jusqu’à janvier où il y aura une refonte totale du blog, ainsi que de son contenu. En attendant, je travaille à écrire un autre morceau de moi que, cette fois, vous pourrez avoir entre les mains.

Prenez le temps, avant qu’il ne vous prenne

Foutraquement…

Ps : Tous les jours « Une certitude du doute… »

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Quatre murs capitonnés, quatre planches à louer.

Comme un goût de genèse et une odeur d’apocalypse.

Agoraphobe seul. Claustrophobe le jour.

Boom, boom, boom, boom, il arrive, toujours mal accompagné en frappant à ma porte, toc, toc , toc…

Alors je lève les bras en l’air, les phalanges décrispées, la mâchoire béante, les pupilles dilatées, la nuque prête à céder.

Il est temps de me rendre, et  je ne crois pas en la légitime défense !

Mes poumons se vident de temps à autre, mon cœur arbitre le nombre de battements me séparant de la faim. Il ne parle qu’en assonances, il prêche à la première personne.

Sans que je ne m’en rende compte il me plaque contre le mur en écrasant ma pomme d’Adam et il réintègre l’opération d’une main de maître jusqu’à ce que j’acquiesce machinalement à chacun de ses coups de massue contre ma caisse de résonance.

Mais j’ai dû perdre quelques fréquences, puisque je n’entends que du bruit, du son et, enfin, à force d’impacts, des mots qui me ressemblent.

Par conséquent mes yeux se ferment, le corps à la renverse, l’apesanteur en plein détresse, l’équilibre en fuite, mais je reste debout malgré moi. La haine pour tutelle, le rythme pour ami imaginaire.

Quatre murs à rencontrer de plein fouet, quatre planches pour compléter mon feu de joie. Comme un goût de déjà vu et une odeur d’inachevé.

Libre seul. Masqué le jour.

Boom, boom, boom, boom, il arrive, toujours mal accompagné en frappant à ma porte, toc, toc , toc…

Alors je baisse les bras à terre, les phalanges crispées, la mâchoire serrée, les pupilles noires, la nuque guide le reste de mon corps.

Il est temps d’entendre, et je ne crois pas en la réhabilitation par le silence !

Et ainsi naquit le Beat.

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La ville s’essouffle. Le monde ralentit. L’homme se tait. Le temps s’effondre.

J’aperçois, parfois, depuis mon histoire en guerre permanente – sans le savoir, sans la comprendre –  ce qui ressemble à l’idée que je me fais de la paix. Et durant ces quelques moments de répit, de repos lorsque le globe bascule d’une folie ordinaire de jour à l’ordre particulier de la nuit, c’est ici que j’aime le plus écrire pour le blog. À une pratique aussi éphémère qu’infinie, il faut bien un temps anonyme pour se donner rendez-vous et se rater.

L’heure est imprécise toujours, voire imparfaite parfois, mais le rituel est le même de mon bureau capitonné exposant Terry Gilliam et Bua, à un banc esseulé au milieu d’un parc à la recherche de solitude en passant par une orgie d’ADN à la terrasse d’un café. Un corps à la dérive, une pensée évanescente, une respiration lourde, des paupières rendant les armes et une bouche close face à mes mains inertes.

Il n’y a plus de nationalité provisoire, de race prévisible, de genre interchangeable, de classe à jalouser, de nom de location, de sentiment à fabriquer. Plus personne.

Je ne sais pas et ne préfère pas savoir si ce calme ressemble de près ou de loin à la mort, mais il vaut bien la vie, telle qu’on nous l’enseigne à l’aune de l’âge de raison. Une pause.

Quelques minutes qui ne m’appartiendront jamais, excepté au cœur de mes prières lorsque le monde redémarre en riant, en soufflant en direction d’une amnésie claustrophobe.

Il faut bien pouvoir se raccrocher à quelque chose dans le vide, à quelqu’un dans le noir, ne serait-ce pour ne plus avoir peur. Nul besoin d’aimer, ni de parler.

Le moment m’a échappé cette fois encore de justesse et mon écran est toujours aussi blanc qu’absent, il guette les confessions de ma mémoire comme autant de souvenirs à léguer à qui en voudra par habitude, par hasard. La paix dans ma tête a la couleur du silence, je me demande comme vous à quoi cela ressemble et puis je suis ramené plus bas que terre, face contre sol par ce bruit, ces sons, ces voix, la vie…

Mon pays, c’est le silence. Et nous sommes devenus peu à peu étrangers, depuis mon premier cri.

Ps : Cette semaine sur mon cahier de brouillon, sur votre blog, après la frappe, après After Effect, je mettrai donc mon visage à la place des mots pour la première fois, sans les vider de leurs sens…

Cette semaine, au programme de ma boite crânienne :

Jeudi 29 : Explicite, lyrique et sans complexe (0) Utilisation & mode d’emploi

Samedi 1  : Inside my nombril (2) Puisque tout le monde peut-être un artiste, je suis un ouvrier !

Lundi 3 : “Rythme(s) & Mécanisme(s)” S03 E03

Prenez le temps, avant qu’il ne vous prenne

Foutraquement…

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The Unwritten vu par BenReilly : http://thebestplace.fr/2010/04/19/753-–-not-getting-it/

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Je n’arrive pas à choisir entre l’inéluctable et l’inaccessible
(Chaos 0 – Silence 1)

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Plus personne à qui parler, plus personne ne m’entend, un avant-goût du paradis. Et peut-être aussi, la vraie nature de ce silence que chacun prend en otage pour réclamer sa part de répit.
Aujourd’hui, la médecine moderne qui m’avait promis la félicité en psychotrope et le centenaire au minimum depuis mon premier vaccin et la sucette sacrificielle, me dit que tout est fini est qu’elle en aime un autre. Le miracle éprouvé, il vient me rendre à ma condition de cadavre exquis en sursis permanent. Heureusement que je ne brûle plus les planches, jusqu’à ce que je ne change d’avis par besoin du vide.
C’est en retournant sur le lieu de ma naissance que pris en tenaille entre deux courants d’air dans ma cuvette lyonnaise je me suis tu, une nouvelle fois. Rien d’irréversible, rien d’extraordinaire, en somme juste un peu de calme, si rare, pour les miens.
Après un hiver identitaire et un printemps s’annonçant comme ferme et définitif, je sentais lentement le son primal et la parole sociale prendre leur responsabilité en fuyant.

Enfant, mon jeu de prédilection était de crier le plus fort et le plus longtemps possible afin de savoir jusqu’où et jusqu’à quand je pouvais exister. Du chaos généralisé d’une place de marché au sommet d’une tour verticale désertée, même la meilleure des acoustiques ne me rassurait guère sur ma condition. Puis comme à chaque fois, j’avais en moi plus de volonté que de force, alors j’abandonnais quelques heures mon droit à l’indifférence en stéréophonie.
Puis, adossé à un mur trop grand pour mon ombre, je prenais le ciel à témoin en lui promettant télépathiquement qu’un jour j’irai brûler à ses côtés ces ailes qui me faisaient tant défaut lorsque nul n’entendait ma résonnance. Enfin, ce happening était l’opportunité d’avoir une petite conversation militaro diplomatique avec la voix qui siège au-dessus de Dieu et du code pénal…

PS : Toujours aphone mais ayant conclu mon retour aux sources, le TGV puis le métro m’expulsent à Porte Dorée au pied de l’autel du divertissement :

Foire du trône + racaille + police = Mets une droite à ton fils aujourd’hui, tu lui éviteras un coup de matraque demain…

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Une boîte au-dessus de nous, une boîte au-dessous de nous, une boîte dans une autre ou l’inverse et peu importe, je continue à la regarder…

Une boîte sur mesure à sang pour sang pour satisfaire le remords de bénitier de mon karma et les aléas économiques du facteur chance. Elle me colle à la peau, elle m’enveloppe comme personne ne le pourra, elle m’emprisonne à jamais jusqu’à l’expiration de ma garantie, elle me préserve de la lucidité de mon âme, elle me réanime puis m’anime mécaniquement dans les bras d’une autre boîte. Une boîte sur mesure sans cloison ni voisin – sauf exception médicale – pour m’affranchir de ses limites, mon petit pied-à-terre en location, un bordel à ADN par dotation, une fabrique à cicatrices en commun, une preuve circonstancielle pour les pompes funèbres, un album de souvenirs pour faire patienter les autres boîtes. Je n’ai rien d’un écorché vif, elle est tout ce que j’ai, mais elle ne m’appartient pas, elle s’appelle revient.

Une boîte à ciel ouvert dans une tête se refermant sur elle-même, un garde-fou moral ou une évasion idéale avec laquelle je dois négocier à chacun de mes pas de travers sur le droit chemin, à chacune de mes respirations coupables une télécommande à la main. Elle demeure l’ultime rempart à la géolocalisation, elle se présente comme un ami imaginaire à défaut d’être présumé, elle me parle selon son bon vouloir avec un ton paternaliste et prophétique, elle ne condamne pas mes outrages journaliers, elle s’en lave les mains en me laissant seul avec un Dieu quelconque pour négocier le pardon prévisible. Une boîte à faire semblant avec ses semblables, je ne pourrais l’offrir à personne en dépit de mes sentiments d’usine, et oui je suis seul avec elle mais au moins je peux rire de tout sans inviter l’avis de tout le monde. Je finis par croire en elle, à défaut de moi-même et plus le temps nous passe dessus au ralenti, plus on l’aime lorsque les morceaux d’Amour profitent des cimetières pour me quitter.

Une boîte ferme et définitive autour de moi, pour toujours, en attendant le dur labeur des lombrics, cette boîte ma dernière maison et ma première fois d’après la réincarnation, j’en viens à regretter mon HLM, l’agoraphobie du covoiturage à la chambre à coucher, et même les autres. Elle ressemble à s’y méprendre à l’ennui mortel durant ma carrière scolaire tout en me rappelant la léthargie au sortir de table lors des réunions consanguines avec patronyme en commun et intimités divergentes. Elle prononce la fin du bonheur des uns et de la litanie des autres, elle provoque le vide et réclame des comptes en mettant la Foi face à ses responsabilités, elle promet l’infini à qui veut l’entendre au lieu d’accepter les faits. Une boîte à faire la fortune des fleuristes, à ritualiser le pèlerinage des fumistes, à faire gémir et pleurer de rire, à construire les iniquités théologiques, à conserver intacts les liens qui nous sanglaient jadis. Je dois dire enfin apaisé que j’ai finalement trouvé sans le savoir ce que j’ai vainement cherché auprès de mon prochain. La paix ? Soyons sérieux, le silence.

Une boîte au-dessus de nous, une boîte au-dessous de nous, une boîte dans une autre ou l’inverse et peu importe, je me ferai incinérer…

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Aujourd’hui je fais la grève de la carrière en restant retranché au fond de mon lit, celui ou celle pensant m’y déloger n’est pas encore né ou déjà mort. Dans ces moments d’accalmie apparente pris entre deux feux – du réveil matin rébarbatif aux excès de zèle du facteur dopé par l’interphone – j’hésite entre le marchand de sable et le farniente sous ma couette, en me retournant maintes et maintes fois sur moi-même pour trouver l’équilibre tout en m’enlisant paisiblement.
Je repense toujours enivré à ma nuit de perdition à deux et que celle-ci n’a que peu duré, sachant que tu es partie trop tôt pour le monde hostile au-delà du lit, de la salle de bain et de ses impératifs militaires. Heureusement que tu as laissé ton odeur en partant. Mais le matelas réclame un armistice au vu de ses états de service et de son sens du sacrifice, mais il ne viendra pas aujourd’hui, j’ai décidé de tuer le temps en l’étouffant de tout mon cul, comme le veut la coutume.

Pas les moyens de souffler un instant, c’est au tour des murs blancs couleur location de se rapprocher dangereusement de mon espace vital ou peut-être que je me dilate en divaguant sur les prérogatives de mes uniformes étiquetés conformes dans la penderie assemblable avec un tournevis et un marteau d’après le mode d’emploi. Le plafond toujours aussi bas me regarde avec insistance comme pour me rappeler que mon entraînement pour le dernier voyage ne dure que huit heures et que la maison ne fait pas crédit, même si je semble le croire. L’étendage me fait la gueule pour cause de surpopulation perpétuelle et d’abandon quasi définitif, la dépression est proche et la machine à laver est trop loin pour que je lui alloue un quelconque espoir. Puis l’industrie humaine reprend le dessus sur la bande fm, les portes de mes voisins claquent successivement et nerveusement jusqu’à ce que le silence s’en suive. Plus amorphe que résigné, mon chat se lance dans une imitation assez réussie du croquemitaine, je ne lui ferai aucune remontrance mais j’oublierai de le nourrir. Oui, en effet seul le ventre déterminera le dénouement de ce statu quo.

Des choses sonnent, d’autres bipent, le balai technologique prêt à paterner n’offre que peu de répit à ses maîtres trop dépendants pour avoir des rêves. Il n’y a que le lit pour nous sauver de nous-mêmes quitte à voir le soleil passer à l’ouest sans rien y faire. Merde, j’ai oublié le chargeur de la modernité dans le bureau, alors j’accepte que le progrès s’en aille car ma fainéantise est plus tenace que mon addiction. Et c’est mieux comme cela, puissent les choses si importantes passer au dessus de ma tête, ainsi je voudrais simplement que ma boîte à image s’arrête de tourner pour que j’en descende le temps d’un coma mérité. Mais je préfère me distraire que me retrouver. Et, finalement, sur le côté du lit mon avenir du jour devrait se décider entre regarder en boucle le trailer de Scott Pilgrim vs the world et enfiler les gants de boxe d’Arthur Cravan pour passer à tabac la poésie en quelques pages, pragmatique je décide de ne pas choisir sur fond de MGMT et Sexion D’assaut.
Clairement, je ne peux ni dormir comme un juste ni rattraper le temps recherché, j’ai tout perdu parce que ne rien faire demande trop de travail…

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Si vous voulez un conseil, passez votre chemin, non, en fait restez finalement et suivez à la lettre les instructions de ce kit de survie entre gens biens.

À vrai dire, je ne me rappelle plus exactement – ou je fais semblant – comment tout cela est arrivé en un instant, avant je savais où me mènerais ma destinée statistique et puis après je doutais même que cela se soit déroulé. Vous savez, les accidents, je peux les comprendre, la maladie, je peux l’admettre, mais la folie aléatoire en communauté, prononcée par un anonyme du bout de son index, je ne veux l’accepter, sous peine d’être tentée à mon tour de me taire pour toujours. Ce qu’il y a de plus effroyable dans le silence, hormis sa présence, ce sont ses premiers bruits étouffés, isolés, uniques qui persistent et résonnent tel une peur primaire des glandes salivaires et des reins qui fuient.

Lorsque la lâcheté se propage pour mieux nous guider dans le noir, certains sont tentés de refuser tout net son aide illégitime, comme si la morale qui leur servait de tuteur et la loi qui les maintenait dans le droit chemin allaient ensemble répondre à la question de la vie après la mort en offrant à la science et à la rubrique nécrologique un bouclier de chair et de sang. Depuis ma tendre enfance – comme le veut l’expression – je regarde les Hommes tomber pour des idées plus ou moins bonnes, mais ils ne se relèvent que très rarement pour corroborer leurs théories. Avoir raison, cela doit être une histoire de verticale. Je voudrais quantifier le poids sur nos épaules, puis je pourrais qualifier cette certitude qui embrase la mortalité, mais le courage été inventé pour ces moments précis, alors j’abandonne.

L’héroïsme, en voilà un mot qui force le respect, sépare les cadavres, justifie la violence et alimente le suicide en uniforme. Etrangement ce sont ceux qui lui sont totalement indifférents qui en parlent le mieux. Je préfère l’évoquer au futur plutôt que ravaler mes sanglots au présent. Finalement l’héroïsme est une croyance où chacun a sa chance, enfin certains plus que d’autres.

Le seul inconvénient avec l’héroïsme demeure sa durée limitée et la création quasi immédiate d’une autre opportunité de l’invoquer, mais l’existence est une entreprise qui ne laisse que peu de place au hasard et au libre arbitre en pourvoyant des substituts adaptés à toutes les névroses possibles et imaginables. Dieu, l’Amour ou la chance : nous vous présentons le triptyque infaillible tenant à la fois du réconfort absolu, de la promesse éternelle et de la potentialité de duperie nécessaire à tout bon travail à la chaîne. Je n’ai pas encore fait mon choix, mais je me vois mal donner mon âme ou mon cœur à qui que ce soit.

Si la détresse devient trop forte, n’hésitez pas à sonner l’alerte en entraînant le plus de personnes possible dans votre délire au caractère divin, la pitié du troupeau est à ce prix et lui n’attend que des occasions comme celles-ci pour briller de toute son humanité, de toute sa communauté. La souffrance, il n’y a pas à dire, elle est de meilleure facture que la solidarité, universelle et injugeable à la fois, une arnaque parfaite pour le service après-vente post-traumatique. Le passé de ce moment perdu me manque intimement comme s’il s’était procuré sans permission une partie de mon âme. Je l’ai vu fuir des lieux de la scène du crime en commençant par la gâchette pour continuer le long du canon encore fumant se retirant de ma boite crânienne pour enfin finir sa course effrénée contre le mur du fond fraîchement repeint.

Nier ou accepter les évènements, cela revient plus ou moins à la même chose, le point fixe de la réalité se distord fonction du nombre de croyants, de la mémoire résiduelle, du culte de la vérité en vigueur et, le plus logiquement du monde, tout et son contraire engendrent des souvenirs parcellaires et des rémissions jetables. Dans ce cas de figure, il est plus que tentant de rendre ainsi service à la communauté en laissant sa psyché à la disposition d’un professionnel des neuroleptiques pour se retrouver à l’arrivée avec plus de problèmes qu’au départ, ceci étant cela en dit beaucoup sur la santé mentale de notre liberté capitonnée. Il ne reste que mon casque d’écouteur ou la petite voix dans mon crâne pour endiguer ma perdition en pilote automatique, un sourire en devanture pour tous.

La différence entre un incident et un accident, c’est que généralement le premier se prend très souvent au sérieux et que le second s’excuse presque d’exister. Pourtant les deux interfèrent dans le trafic humain pour mieux le fluidifier, à bien y réfléchir. Dans le cas particulier d’une maladie en commun, le premier et le second conjuguent leurs efforts pour mieux cautionner le masochisme de chacune des parties et montrer du doigt un inaccessible à la portée du premier venu, faut-il encore que tous ces excès que l’on traduit par d’irrépressibles besoins, soient en réalité de vulgaires envies. Je crois que la mort anodine donne de la vie à ceux qui ne font qu’en parler, que la regarder, que la rêver à travers un fantasme sur mesure – le voisin dans son lit, l’inconnue de l’autre côté.

Pour revenir au point de rupture lorsque l’on voit les choses, puis les gens nous échapper sans que nous puissions prétendre à avoir la moindre incidence sur celles-ci, il faut revenir à la base de tout, à l’animal qui est en nous et dont la peur primale nous préserve de notre intelligence surcôtée au moment d’éviter les balles vaguement perdues. Je vois encore au ralenti les mouvements d’une échappée chaotique touchés en pleine course vers la sortie la plus proche par un projectile ne possédant pas plus de raison que son propriétaire, je sens l’atmosphère électrique et l’effroi latent dans ses respirations saccadées et hébétées, le temps qui fait une pause, les oreilles confuses et le pouls désinhibé de toutes les ordonnances. Tous les jours, je me soigne de ces images en m’emprisonnant dans d’autres.

Mais au final, même les meilleures évasions ont un terminus, car à marcher seul toujours et encore, trop souvent, on se lasse même de la liberté qu’offre la solitude. Le déni a ses limites dès lors qu’on n’a plus personne à regarder en se retournant. Ce sont les autres qui nous ramènent sur les rails bons ou mauvais puisque la folie n’est pas un moyen, mais une fin. J’aurais plus de temps qu’il ne m’en faut pour customiser ma psyché et accepter, accéder aux évidences en vente au pays du bonheur pragmatique, et voilà, nous y sommes au moment du happy end qui ferme des portes pour ne pas assumer la suite…

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Je suis venu vous dire qu’il est parti… Et que son retour n’est pas une option ! Nous y sommes, comme à chaque fois, ce moment suspendu et furtif où en l’espace d’une seconde ineffaçable quelques mots froids solennellement alignés ouvrent une porte – précédée de trois lents, longs et secs « Toc, Toc,Toc » – avant de la refermer à jamais sur celui ou celle qui la tient fébrilement ou férocement. Je crois qu’à chaque fois que j’apporte la mort officiellement dans un foyer en pleine expectative espérant un miracle sans y croire, ma respiration trahit ce que mon cœur fuyard puis implosif nie et, durant cette partie de cache-cache lorsque qu’il ne me reste que mes entrailles pour me vider ainsi poliment devant la peine d’autrui, j’en suis à implorer la violence plutôt que le silence.

La mort est une manie incurable, une œuvre posthume, une industrie sérieuse et perpétuelle, surtout en temps de guerre, et plus on la déshumanise moins on s’en souvient. Dans mon métier, on tire avant de parler et maintenant que pour moi il n’y a plus de cibles mouvantes, j’ai du mal à reprendre la parole sans m’accrocher piteusement à la personne en état second à laquelle je m’adresse pour la première et dernière fois. Je dois faire preuve dans la mesure du possible de la plus grande des considérations administratives, mais en aucun cas de compassion fraternisante car elle me rappellerait à la vie puis à la peur pour me laisser sans ferveur ni victoire.

Quand les portes claquent de rage ou d’abandon, quand les sanglots s’étouffent mutuellement, quand l’hystérie résonne jusqu’à qui veut l’entendre, j’ai déjà tourné les talons d’un pas aérien et dans un bruit sourd. Mes yeux dans ma tête et elle-même dans mes mains, en vitesse de croisière, je prends la fuite en cherchant nerveusement mes clefs de voiture, le souffle las de tout ça, je ne regarde ma cible dans le rétroviseur qu’une fois l’envie de vomir et le besoin de pleurer passés. Il faut croire que j’ai en moi plus de regrets que de courage, la survie est à ce prix.

La bravoure apparemment ne s’achète pas, ne se loue pas, ne se prête pas, on nous la donne en médailles, en discours, en félicitations, en reconnaissances si l’on tient suffisamment longtemps pour ne plus être comme tout le monde et que l’on a la décence de ne pas trépasser pour en jouir en société. J’estime amèrement être entre les deux, normal et absent, colonisé de cauchemars qui ne sont pas les miens, persuadé que tout le malheur du monde repose sur mes épaules et que j’en suis responsable en dépit du fait que l’on ne m’a rien demandé ! J’aurais pu choisir en premier lieu les joies de l’autodestruction, mais au moins avec l’auto flagellation, j’aurais le temps nécessaire de faire pénitence envers je ne sais pas qui ou de trouver un sens à je ne sais pas quoi !

Mais pour l’heure, derrière les stries de mon verre à moitié plein, je regarde les Hommes tomber en faisant du surplace sur leur passé d’ancien combattant et de nouveau combattu. Ceux qui reviennent entiers ou pas de l’industrie de la mort gardent toujours en souvenir une partie du capital de l’usine qu’eux seuls peuvent comprendre, alors l’amour et l’amitié n’ont pas leur place sur ce chemin étroit, sinueux et incertain. Et les jours défilent les uns après les autres comme pour me narguer pour toujours, comme pour me garder sur mes deux jambes, comme pour me protéger de moi-même. Mi-temps, pause, pouce, je n’en peux plus, ce soir je vais mettre ma tête à l’envers afin d’y voir plus clair, enfin jusqu’à demain.

J’ai fait mon devoir, j’ai servi mon pays et il est fier de moi comme ils disent. J’accepte plutôt bien et je ne rouspète plus, ceci étant j’ai une menue réclamation à présenter. Certes, on ne ramène pas les morts à la vie, mais concernant mon temps, qu’en est-il, comptez-vous me le rendre ? Ce n’est pas que je n’aime pas ma patrie, mais mon répit j’y tiens absolument puisqu’il est tout ce que j’ai et, par dessus tout, ce que je suis intimement – les photographies de mes vacances diplomatiques l’arme à la main ne me vont que peu au teint ! On m’a répondu que l’armée ne pouvait rien pour moi concernant ce dossier « sensible », mais je pouvais toujours si je le désirais m’adresser au vendeur de religion de mon choix…

Le truc avec les mutations, les missions, les délocalisations, c’est que l’amour ne rentre pas nécessairement dans un kit de survie et que les relations à distance ont été créées pour la mythologie de l’adolescence où tout est pur, même la tromperie. J’aurais dû m’en douter, c’était inéluctable, c’est toujours mieux comme ça et je m’en remettrai ! Toujours est-il qu’en apprenant la patience à force de correspondances, d’illusions et de masturbations, personne ne m’avait indiqué au préalable qu’il y aurait des conséquences, tel que mon remplacement par un autre dans ton lit. Nul n’est irremplaçable, certes, mais biodégradable, là s’en est trop ! Je trouverai une autre partenaire de vieillesse, c’est sûr, mais l’amour…

Ponctuels ou retardataires, nous sommes tous égaux devant une mine anti-personnelle ! J’ai beau retourner ma scène d’héroïsme attitrée et homologuée dans tous les sens, saoul ou sobre, je n’arrive pas départager honnêtement le facteur chance de la stratégie des statistiques. Le timing, le seul et l’unique, j’ai très longtemps cru naïvement qu’il était l’une de ces sciences exactes comme les programmes télés, les soldes privées ou les déclarations de paix, mais il m’a fait faux-bond au moment où j’en avais le plus besoin, me démontrant qu’avec une armée ou un pays derrière soi, on ne peut raisonnablement compter que sur soi.

Malgré tout cela, j’ai gardé l’uniforme, par habitude plus que par foi sans doute, et puis il faut bien faire quelque chose pour être quelqu’un, pas vrai ? Quoi de plus étrange, non, en fait, quoi de plus logique que d’envoyer une personne habitée par la mort pour annoncer celle de ceux qui ont perdu leur droit à la vie ? Le visage rigide et fermé, le regard glacial et humide, la voix intangible et méthodique, je viens donner ce que personne ne veut recevoir sauf moi. Et lorsque la vie de leurs enfants, de leurs maris se termine, certains n’y voient que colère et effondrement, moi je n’y vois qu’amour…

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