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Posts Tagged ‘racaille’

Plus personne à qui parler, plus personne ne m’entend, un avant-goût du paradis. Et peut-être aussi, la vraie nature de ce silence que chacun prend en otage pour réclamer sa part de répit.
Aujourd’hui, la médecine moderne qui m’avait promis la félicité en psychotrope et le centenaire au minimum depuis mon premier vaccin et la sucette sacrificielle, me dit que tout est fini est qu’elle en aime un autre. Le miracle éprouvé, il vient me rendre à ma condition de cadavre exquis en sursis permanent. Heureusement que je ne brûle plus les planches, jusqu’à ce que je ne change d’avis par besoin du vide.
C’est en retournant sur le lieu de ma naissance que pris en tenaille entre deux courants d’air dans ma cuvette lyonnaise je me suis tu, une nouvelle fois. Rien d’irréversible, rien d’extraordinaire, en somme juste un peu de calme, si rare, pour les miens.
Après un hiver identitaire et un printemps s’annonçant comme ferme et définitif, je sentais lentement le son primal et la parole sociale prendre leur responsabilité en fuyant.

Enfant, mon jeu de prédilection était de crier le plus fort et le plus longtemps possible afin de savoir jusqu’où et jusqu’à quand je pouvais exister. Du chaos généralisé d’une place de marché au sommet d’une tour verticale désertée, même la meilleure des acoustiques ne me rassurait guère sur ma condition. Puis comme à chaque fois, j’avais en moi plus de volonté que de force, alors j’abandonnais quelques heures mon droit à l’indifférence en stéréophonie.
Puis, adossé à un mur trop grand pour mon ombre, je prenais le ciel à témoin en lui promettant télépathiquement qu’un jour j’irai brûler à ses côtés ces ailes qui me faisaient tant défaut lorsque nul n’entendait ma résonnance. Enfin, ce happening était l’opportunité d’avoir une petite conversation militaro diplomatique avec la voix qui siège au-dessus de Dieu et du code pénal…

PS : Toujours aphone mais ayant conclu mon retour aux sources, le TGV puis le métro m’expulsent à Porte Dorée au pied de l’autel du divertissement :

Foire du trône + racaille + police = Mets une droite à ton fils aujourd’hui, tu lui éviteras un coup de matraque demain…

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La tombée de la nuit est un de ces moments particuliers où le décor urbain bascule de sa rigidité journalière vers ses instincts les plus débridés.

Imaginez ses ombres prenant le pas sur les bâtisses en devenir qui les ont engendrées, sous le regard d’un soleil agonisant, toujours et encore, plus ou moins à la même heure.

C’est à ce moment précis lorsque nos politesses géométriques disparaissent pour devenir des doutes déraisonnables dans la nuit, que l’ordre reprend ses droits, impose sa loi et se délecte du frisson premier qui envahira ses proies.

La nuit, la justice elle faite d’urgences qui n’en sont pas, mais sans le feu, l’Homme a peur du noir.

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Le plus grand des hasards a voulu que ce soit au même horaire où je devais quitter les studios vintage de ma radio villeurbannaise pour la salle de concert du Transbordeur, équipé d’un micro arraché des mains d’un stagiaire, de quelques câbles soudés à la va-vite, et d’un enregistreur numérique de seconde main. Ce listing aura son importance.

Loin de moi l’idée de penser que mes interlocuteurs de maison de disque fraîchement sortis d’une quelconque école de com’, traumatisés par mon impudence toute provinciale, de radio non commerciale pour aggraver l’infamie, aient fomenté ces traquenards bi hebdomadaire conjointement avec les forces de police, elles mêmes exaspérées de venir répondre aux plaintes des voisins de la radio, stipulant que des individus suspects rodent dans le quartier.

Les individus suspects étant majoritairement les employés, des artistes ou des clones plus ou moins réussis de l’équipe de France de football de 1998.

Mais, peu après le 11 septembre, toutes les formes de racisme sont redevenues acceptables.

J’avoue, j’avais une barbe drue et dense, j’avais une profonde lassitude face au rasoir et très peu d’affinités avec le mode de vie ascétique du terroriste de base.

Mais les faits sont là, à chaque interview effectuée pour gagner mon dur labeur et pour mon plaisir personnel, s’ajoutait irrémédiablement un contrôle de police, souvent par les mêmes préposés à la gestion du troupeau.

Et si la fantaisie leur prenait de ramener un bleu, d’origine contrôlée, alors le représentant de la compagnie créole avec képi masquant son accent antillais ou une racaille reconvertie à la France d’en bas niant toute connaissance d’un certain livre appelé le Coran, ces assimilés se faisaient un plaisir de prêter allégeance en faisant preuve d’une plus grande bêtise que leurs maîtres.

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Encore 500m, 500m, voilà ce qui me séparait… mon enregistreur numérique en bandoulière serrant ma veste noire, faite d’une colonie de pelures, de bouloches et flockée du sigle du Wu Tang Clan, mon micro se baladant à chaque pas dans ma poche arrière déchirée, maculée de tâches de stylo bic rouge, bleu, vert, noir, de mon jean trop large, mes câbles enfoncés tant bien que mal dans les poches avant où sommeillaient déjà les capsules de bières de la veille ainsi qu’un tas de papiers griffonnés, voilà ce qui me séparait d’un tête à tête avec des artistes ou des employés d’une maison de disque, tout dépend la valeur que l’on donne à un contrat de travail.

En fait, ce qui faisait principalement obstacle, c’était deux silhouettes plantées là en train de prendre racine, la loi en deux exemplaires éructant à l’impératif quelque chose de vaguement sans majuscule ni point et encore moins de M. ni de s’il vous plaît.

Je stoppe ma course effrénée contre la montre voire le cholestérol, d’un dérapage aussi sec qu’élégant avec mes Air Force 1 aussi trouées sous la semelle que peinturlurées d’impacts de bombes aérosol.

Après un temps de stupéfaction, je leur demandais avec toute la diplomatie nécessaire pour ne pas finir dans une vulgaire rubrique nécrologique, de réitérer les doléances. Peine perdue.

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« Hé, tu vas où comme ça toi, donne-moi tes papiers, tu comprends pas le français, papiers, papiers, et plus vite que ça !!! »

J’hésitais un bref instant entre lui donner mon amas de feuilles calligraphiées encastrées dans ma poche gauche ou ma carte d’identité qui n’a de française que le prénom. Prendre un coup de matraque pour un trait d’humour, sans public cela n’a aucun intérêt.

Et puis la carte d’identité, je n’ai jamais vraiment compris à quoi elle servait, ça moisit le plus souvent dans un coin sombre et on l’a ressort uniquement pour se justifier de quelque chose, de son appartenance à un hypothétique territoire national ou même de son existence, on devrait nous badger, cela serait plus honnête et moins humiliant.

Manifestement les représentants de la justice sans collant ni cape avaient un besoin impérieux de savoir où je me dirigeais à vive allure pédestre, sachant qu’à proximité, il n’y avait que l’autoroute et la salle de concert en question.

À ce stade de la conversation ou de l’interrogatoire à ciel ouvert, j’hésite à les classer dans la catégorie des plus brillants rhétoriciens ou celle des décérébrés avec un port d’arme légal et le droit à la sommation.

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Les préliminaires s’achèvent, ils finissent par obtenir mon pédigrée, et il s’en suit un cours de profiling hors du commun :

« Toi, t’es africain, hein, ha, non plutôt, antillais, hein, moi, j’ai le flaire pour ça, en tout cas t’es pas suédois, ha ha ha !!! »

En bon sociologues, ils poursuivirent par un laconique et topographique :

« T’es une raclure de Vaux-en-Velin ou un taré de Venissieux, haaaaaaa, putain d’adorateur de Ben Laden, si tu parlais comme nous au moins !!! »

Puis ils me questionnèrent savamment sur le but existentialiste de ma venue ici-bas :

« Et, tu fais quoi ici ? Hein ? Voler ? Dealer ? Tu bosses dans la sécurité ? Journaliste ! On n’arrête pas le progrès, les cartes de presse ça pousse sur les bananiers maintenant ? »

J’ai grandi non loin d’une préfecture de police et je sais d’expérience qu’avec ce type d’énergumène, il n’y a qu’une seule possibilité de réponse, brève, ne pas baisser les yeux, regarder un point fixe, sans aucune hésitation.

Sinon c’est direction la cellule de dégrisement 4 étoiles la plus proche.

Dans mon quartier, il y avait toujours ceux qui revenaient avec une histoire extraordinaire, insurrectionnelle, pleine de bravoure où dans un premier temps ils ont vaillamment résisté par leur simple présence à un fourgon entier de CRS et que dans un second temps uniquement à la force du mental et avec une main dans le dos, ils auraient renvoyé les assermentés dans leur poulailler.

La plupart du temps ces personnes ont fini par rentrer dans la police ou pire dans l’armée, le syndrome de Stockholm n’a pas de limites.

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Moi, j’avais une interview à faire et une vie à poursuivre, j’ai donc abrégé les réjouissances en ravalant tout le fiel que j’avais dans la trachée comme je le fais tous les jours dans ce pays.

À bien y penser, c’est comme cela que l’on construit de l’insécurité latente et des bombes à retardement.

Tic, Tac, Tic, Tac, Tic, Tac, Boom. Tout est une question de temps ou d’avoir des enfants. Enfin ouvrez les yeux.

Aujourd’hui avec mon uniforme de nègre intégré avec une cravate en option, j’ai droit à un M. avant la séance de Charles Martel appliquée.

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Je n’arrive pas à choisir entre le syndrome de stockholm et un Kinder surprise
(Agressé du bus 0 – Benoît XVI 1)

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metroles agoraphobes en manque de chaleur humaine ou de chair fraîche


Chers membres du Fan club de l’observatoire des sociétés mourantes.
Si je vous ai réunis en ce jour, c’est que l’heure est grave ou qu’il n’y a plus de gravité.
Entre le repli communautaire universel et les schizophrénies identitaires, à bien y réfléchir, je dirai que c’est le mur qui nous fonce dessus.
Peut être parce que nous sommes sous tutelle du passé, absents du présent et nostalgiques de l’avenir.


Mise en bouche

S’il y a un bien une partie de la population qui mérite la peine capitale en viager ou une grève à durée indéterminée, ce sont bien le gens du métro.

Ne vous méprenez pas.

Quand je dis « Les gens du métro », je ne parle pas des professionnels de la mendicité césarisables ou ces culs-de-jatte et autres estropiés extracommunautaires adeptes de « world musique ».

Quand je dis « Les gens du métro », j’évoque encore moins ces barbouzes amateurs et intégrés estampillés RATP, ex-agent de sécurité dans une superette de périphérie.

Quand je dis « Les gens du métro », je pense à eux, là, assis à côté de vous.

Eux, usagers et actionnaires des transports en commun.
Coincés entre le refus du protectionnisme de l’industrie automobile et la pression morale du Grenelle de l’environnement.

Alors, les agoraphobes en manque de chaleur humaine ou de chair fraîche, les adolescents à la fois hyperactifs et narcoleptiques, les adoratrices de la psychologie menstruelle et du hors forfait, sans oublier les lecteurs révolutionnaires endimanchés prostrés sur leurs sièges : parlons un peu de nos voisins dans le métro.

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une explosion démographique



Modus Operandi :

Rappelez-vous.
C’est l’heure de pointe, vous êtes mal réveillé(e) ou pas assez endormi(e).
À chaque station de métro, il y a une explosion démographique.
Les accros du rail oscillent entre la gueule de bois maîtrisée et la chirurgie plastique artisanale.
Entre le bruit des palabres inutiles sur le film de la veille et les odeurs des parfums bon marché, vous cherchez le silence, mais il ne vient pas.
A la fin, par lassitude, vous fixez ou esquivez névrotiquement votre voisin d’en face.
Moralité, la consanguinité urbaine a ses limites.

Commençons par le voisin A : l’agoraphobe cultivé.

Tapis à l’abri derrière son journal gratuit, il s’affaire à des réflexions géostratégiques sur le Moyen-Orient ou un coït imaginaire, qu’il valide lui-même d’un petit rictus suffisant en levant les yeux sur le reste de la rame.

Il serait mal venu de reprocher à l’agoraphobe cultivé sa pathologie, sachant que la peur est instinct animal, et que la meute, la société, la civilisation n’ont fait qu’institutionnaliser la violence.

Plongé dans ses pensés, il réfléchit à son plan de carrière entre l’obtention de son BAFA ou la voie du terrorisme de salon, le spamming.

L’agoraphobe cultivé voudrait faire preuve d’un de ces actes humanitaires désintéressés, comme dire « Bonjour » ou « Voulez-vous vous asseoir à ma place ? », mais la nature anxiogène du transport en commun l’en dissuade.

Il ressaiera demain, comme tous les matins, enfin peut-être…

Passons à la voisine B, celle qui pense que son sac à main est son enfant.

Je veux bien être large d’esprit et progressiste et me dire qu’à l’instar de l’I.V.G., le sac à main est un droit pour les femmes.

Mais, à ce compte là, tout droit implique des responsabilités, voire même des capacités.

La bipolarité à la mode dans les magazines féminins, plus les appels récurrents sur les téléphones portables, sans oublier la lutte permanente pour l’équilibre dans le métro lorsque le sujet est monté sur échasse est égal, trop souvent, à une mauvaise gestion de l’espace.

Alors, merci de déposer les armes, les appendices sociologiques et autres signes extérieurs de richesse dégriffée à terre, merci.

Le sac à main a parfois un complice plus retors, ergonomiquement détestable, idéologiquement dictatorial et moralement inattaquable sous peine d’être catalogué comme criminel potentiel.
Cet ennemi est un cheval de Troie, il s’appelle la poussette.

Méfiez-vous en, prenez la fuite après le test de grossesse ou pratiquez religieusement l’abstinence.

Terminons par le voisin C, l’ersatz de racaille, musicologue, qui plus est.

La démocratisation de la culture a ses limites.
Si la finalité est de subir les obsessions de dépucelage véhiculé par le R’nb et les vérités politiquement ambidextres du rap, merci, mais non merci.

Que la jeunesse veuille s’abrutir, c’est tout à son honneur, mais qu’elle le fasse en privé.

Pour être honnête, je ne peux pas imputer l’entière responsabilité des nuisances sonores à ces quart-mondistes équipés de la dernière technologie 3 G au moment des soldes et criant à la misère sociale dès la première manifestation venue.

Les fous pragmatiques du marketing qui ont incorporé des haut-parleurs sur les téléphones portables ont redéfini notre écosystème du métro.

Le besoin d’affirmation de ses goûts proposés sans l’avis d’autrui relève de l’ennui existentiel chez l’occidental, intégré ou pas.

Pourquoi ne pas choisir un ou deux de ces jeunes, en guise d’exemple, et les pendre haut et court à la sortie du métro sur l’une de ces potences haussmanniennes ?

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La loi du point final :

Entre omerta tacite et crieurs publics :
Le métro offre un parc zoologique assez fascinant où la liberté compulsive de certains tutoie la rigidité cadavérique d’autres.

Alors, je m’interroge.

Je ne sais pas, je ne sais plus si je préfère la démocratie à la taxidermie.

Chers membres du Fan club de l’observatoire des sociétés mourantes n’oubliez pas de payer votre cotisation en partant, en liquide, en nature ou en enfant.

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