Plus personne à qui parler, plus personne ne m’entend, un avant-goût du paradis. Et peut-être aussi, la vraie nature de ce silence que chacun prend en otage pour réclamer sa part de répit.
Aujourd’hui, la médecine moderne qui m’avait promis la félicité en psychotrope et le centenaire au minimum depuis mon premier vaccin et la sucette sacrificielle, me dit que tout est fini est qu’elle en aime un autre. Le miracle éprouvé, il vient me rendre à ma condition de cadavre exquis en sursis permanent. Heureusement que je ne brûle plus les planches, jusqu’à ce que je ne change d’avis par besoin du vide.
C’est en retournant sur le lieu de ma naissance que pris en tenaille entre deux courants d’air dans ma cuvette lyonnaise je me suis tu, une nouvelle fois. Rien d’irréversible, rien d’extraordinaire, en somme juste un peu de calme, si rare, pour les miens.
Après un hiver identitaire et un printemps s’annonçant comme ferme et définitif, je sentais lentement le son primal et la parole sociale prendre leur responsabilité en fuyant.
Enfant, mon jeu de prédilection était de crier le plus fort et le plus longtemps possible afin de savoir jusqu’où et jusqu’à quand je pouvais exister. Du chaos généralisé d’une place de marché au sommet d’une tour verticale désertée, même la meilleure des acoustiques ne me rassurait guère sur ma condition. Puis comme à chaque fois, j’avais en moi plus de volonté que de force, alors j’abandonnais quelques heures mon droit à l’indifférence en stéréophonie.
Puis, adossé à un mur trop grand pour mon ombre, je prenais le ciel à témoin en lui promettant télépathiquement qu’un jour j’irai brûler à ses côtés ces ailes qui me faisaient tant défaut lorsque nul n’entendait ma résonnance. Enfin, ce happening était l’opportunité d’avoir une petite conversation militaro diplomatique avec la voix qui siège au-dessus de Dieu et du code pénal…
PS : Toujours aphone mais ayant conclu mon retour aux sources, le TGV puis le métro m’expulsent à Porte Dorée au pied de l’autel du divertissement :
Foire du trône + racaille + police = Mets une droite à ton fils aujourd’hui, tu lui éviteras un coup de matraque demain…