Je n’arrive pas à choisir entre la justice à rebours et le prix nobel de la paie
(Augusto Pinochet 0 – Made In China 1)
Posts Tagged ‘paix’
La certitude du doute…
Posted in La certitude du doute..., tagged Alphonse Chanfreau, Augusto Pinochet, Chili, chine, Confucius, Cour D'assises, dictature, Etienne Pesle, France, Georges Klein, Jean-Yves Claudet-Fernandez, Junte, Liu Xiaobo, Manuel Contreras, Nobel, Oslo, paix, pekin, prix, procès on décembre 8, 2010| Leave a Comment »
La certitude du doute…
Posted in La certitude du doute..., tagged ¥, Devises, Dominique Strauss-Kahn, Etats-Unis, FMI, Guerre Des Changes, Guido Mantega, Henrique Meirelles, Israël, Jean-Claude Juncker, LIBYE, Ligue Arabe, Mahmoud Abbas, OLP, paix, palestine, Pourparlers, SYRTE, Timothy Geithner on octobre 9, 2010| 1 Comment »
Prévisions de l’observateur : Je voudrais 5 min de plénitude à emporter, s’il vous paît, merci.
Posted in Prévisions de l’observateur, tagged After Effect, aube, écran blanc, écriture, BenReilly, calme, crépuscule, Explicite lyrique et sans complexe, http://www.ommwriter.com/, Inside my nombril, langage, lettre, mot, narration, paix, Rythmes & mécanismes, silence, The Unwritten on avril 28, 2010| 4 Comments »
La ville s’essouffle. Le monde ralentit. L’homme se tait. Le temps s’effondre.
J’aperçois, parfois, depuis mon histoire en guerre permanente – sans le savoir, sans la comprendre – ce qui ressemble à l’idée que je me fais de la paix. Et durant ces quelques moments de répit, de repos lorsque le globe bascule d’une folie ordinaire de jour à l’ordre particulier de la nuit, c’est ici que j’aime le plus écrire pour le blog. À une pratique aussi éphémère qu’infinie, il faut bien un temps anonyme pour se donner rendez-vous et se rater.
L’heure est imprécise toujours, voire imparfaite parfois, mais le rituel est le même de mon bureau capitonné exposant Terry Gilliam et Bua, à un banc esseulé au milieu d’un parc à la recherche de solitude en passant par une orgie d’ADN à la terrasse d’un café. Un corps à la dérive, une pensée évanescente, une respiration lourde, des paupières rendant les armes et une bouche close face à mes mains inertes.
Il n’y a plus de nationalité provisoire, de race prévisible, de genre interchangeable, de classe à jalouser, de nom de location, de sentiment à fabriquer. Plus personne.
Je ne sais pas et ne préfère pas savoir si ce calme ressemble de près ou de loin à la mort, mais il vaut bien la vie, telle qu’on nous l’enseigne à l’aune de l’âge de raison. Une pause.
Quelques minutes qui ne m’appartiendront jamais, excepté au cœur de mes prières lorsque le monde redémarre en riant, en soufflant en direction d’une amnésie claustrophobe.
Il faut bien pouvoir se raccrocher à quelque chose dans le vide, à quelqu’un dans le noir, ne serait-ce pour ne plus avoir peur. Nul besoin d’aimer, ni de parler.
Le moment m’a échappé cette fois encore de justesse et mon écran est toujours aussi blanc qu’absent, il guette les confessions de ma mémoire comme autant de souvenirs à léguer à qui en voudra par habitude, par hasard. La paix dans ma tête a la couleur du silence, je me demande comme vous à quoi cela ressemble et puis je suis ramené plus bas que terre, face contre sol par ce bruit, ces sons, ces voix, la vie…
Mon pays, c’est le silence. Et nous sommes devenus peu à peu étrangers, depuis mon premier cri.
Ps : Cette semaine sur mon cahier de brouillon, sur votre blog, après la frappe, après After Effect, je mettrai donc mon visage à la place des mots pour la première fois, sans les vider de leurs sens…
Cette semaine, au programme de ma boite crânienne :
Jeudi 29 : Explicite, lyrique et sans complexe (0) Utilisation & mode d’emploi
Samedi 1 : Inside my nombril (2) Puisque tout le monde peut-être un artiste, je suis un ouvrier !
Lundi 3 : “Rythme(s) & Mécanisme(s)” S03 E03
Prenez le temps, avant qu’il ne vous prenne
Foutraquement…
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The Unwritten vu par BenReilly : http://thebestplace.fr/2010/04/19/753-–-not-getting-it/
Ghost post : Une boîte parmi tant d’autres
Posted in 36 15 Me Myself & I, tagged adn, amour, appartement, écorché vif, boite, boite noire, cimetière, corps, dieu, esprit, géolocalisation, HLM, imagination, incarcérer, incinérer, lombrics, paix, silence, télévision, the box, tombe on mars 29, 2010| 1 Comment »
Une boîte au-dessus de nous, une boîte au-dessous de nous, une boîte dans une autre ou l’inverse et peu importe, je continue à la regarder…
Une boîte sur mesure à sang pour sang pour satisfaire le remords de bénitier de mon karma et les aléas économiques du facteur chance. Elle me colle à la peau, elle m’enveloppe comme personne ne le pourra, elle m’emprisonne à jamais jusqu’à l’expiration de ma garantie, elle me préserve de la lucidité de mon âme, elle me réanime puis m’anime mécaniquement dans les bras d’une autre boîte. Une boîte sur mesure sans cloison ni voisin – sauf exception médicale – pour m’affranchir de ses limites, mon petit pied-à-terre en location, un bordel à ADN par dotation, une fabrique à cicatrices en commun, une preuve circonstancielle pour les pompes funèbres, un album de souvenirs pour faire patienter les autres boîtes. Je n’ai rien d’un écorché vif, elle est tout ce que j’ai, mais elle ne m’appartient pas, elle s’appelle revient.
Une boîte à ciel ouvert dans une tête se refermant sur elle-même, un garde-fou moral ou une évasion idéale avec laquelle je dois négocier à chacun de mes pas de travers sur le droit chemin, à chacune de mes respirations coupables une télécommande à la main. Elle demeure l’ultime rempart à la géolocalisation, elle se présente comme un ami imaginaire à défaut d’être présumé, elle me parle selon son bon vouloir avec un ton paternaliste et prophétique, elle ne condamne pas mes outrages journaliers, elle s’en lave les mains en me laissant seul avec un Dieu quelconque pour négocier le pardon prévisible. Une boîte à faire semblant avec ses semblables, je ne pourrais l’offrir à personne en dépit de mes sentiments d’usine, et oui je suis seul avec elle mais au moins je peux rire de tout sans inviter l’avis de tout le monde. Je finis par croire en elle, à défaut de moi-même et plus le temps nous passe dessus au ralenti, plus on l’aime lorsque les morceaux d’Amour profitent des cimetières pour me quitter.
Une boîte ferme et définitive autour de moi, pour toujours, en attendant le dur labeur des lombrics, cette boîte ma dernière maison et ma première fois d’après la réincarnation, j’en viens à regretter mon HLM, l’agoraphobie du covoiturage à la chambre à coucher, et même les autres. Elle ressemble à s’y méprendre à l’ennui mortel durant ma carrière scolaire tout en me rappelant la léthargie au sortir de table lors des réunions consanguines avec patronyme en commun et intimités divergentes. Elle prononce la fin du bonheur des uns et de la litanie des autres, elle provoque le vide et réclame des comptes en mettant la Foi face à ses responsabilités, elle promet l’infini à qui veut l’entendre au lieu d’accepter les faits. Une boîte à faire la fortune des fleuristes, à ritualiser le pèlerinage des fumistes, à faire gémir et pleurer de rire, à construire les iniquités théologiques, à conserver intacts les liens qui nous sanglaient jadis. Je dois dire enfin apaisé que j’ai finalement trouvé sans le savoir ce que j’ai vainement cherché auprès de mon prochain. La paix ? Soyons sérieux, le silence.
Une boîte au-dessus de nous, une boîte au-dessous de nous, une boîte dans une autre ou l’inverse et peu importe, je me ferai incinérer…
36 15 Me Myself & I : L’éducation civique à l’usage des moutons
Posted in 36 15 Me Myself & I, tagged éducation nationale, élève, état des lieux, cpe, guerre, heures de colles, Identité Nationale, instituteur, instruction, L'éducation civique à l'usage des moutons, laic, loi, lycée, modalité, morts, paix, pouvoirs publics, professeur, reforme, suveillant, un instrument de propagande, violence on décembre 11, 2009| 7 Comments »
Les joies de l’Education Nationale. Piégés que nous étions, elle et moi, entre ces promesses intenables d’avenir improbable et l’ingestion d’une soumission à l’amiable à chaque fois que la cloche retentissait. Le civisme, en voilà un mot grandiloquent qui avait sa place dans un livre, mais qui ne survivrait pas au pragmatisme dans ma réalité, ce mot me rappelait de l’ordre juste et de la morale laïque par des gestes simples et répétitifs.
Lever la patte plus vite que son ombre, remuer la queue en cadence presque militaire, aboyer pour défendre les principes d’un territoire provisoire, obéir plus par anticipation monotone que par instinct de conservation. J’avais du mal à suivre le mouvement, mais apparemment, c’est comme cela que l’on devenait un adulte, foutu syndrome de Peter Pan, voilà d’où tu viens !
Toutes ces petites attentions pédagogiques – certifiées de contrôles pour garantir la qualité de laisse et la main mise du maître – permettent de développer chez certains l’une des dépendances dont le masochisme a le secret et chez les autres, je voyais peu à peu apparaître dans la lueur de leurs yeux ce combat au nom de la loi qui justifierait toutes les délations. J’aurais voulu apprendre, mais je préférais comprendre.
L’instruction civique était ma hantise. Plus qu’un blabla professoral, c’était aussi un choc frontal, sans ceinture de sécurité, avec la société des gens bien qui aimaient davantage les règles à leur enfant. Le traumatisme crânien et la cellule psychologique n’ont rien pu y faire, j’avais la tête dure, je ne voulais définitivement pas que l’on m’inculque comment devenir un con, heureux. Enfin pour ne pas être désobligeant avec les cons, disons un honnête citoyen.
Je ne pouvais pas déserter éternellement les séances de dressage, mon futur en forme de voie de garage en eut été compromis et je ne parle pas du temps perdu en sociabilisations inutiles. Dans la classe en préfabriqué entre le fond criminogène irrécupérable et les premiers rangs embrigadés dès la naissance, il y avait ce que l’on pouvait légèrement appeler le gros du troupeau, consommateurs en devenir, chaire à canon en puissance et électeurs en freelance !
Cette noble assemblée de la terre du milieu me regardait fixement d’un air supérieur de classe moyenne tout en broutant les cantiques républicains faits de prestige guerrier pour la liberté – et presque tout le temps résistant – et de bravoure sportive où seule la victoire compte. Comment vouliez-vous que je m’y retrouve ? J’ai toujours eu une tendresse particulière pour les premiers de la classe condamnés génétiquement à la réussite prolétarienne et aux illustres destins d’usine, je perçois chez eux une forme de dignité, une noblesse, celle du sacrifice en les voyant courir vers la tombe sans se poser de questions…
J’étais là, en équilibre précaire sur ma chaise de Pise contenue entre le radiateur à l’abandon et mon bureau scarifié au compas de mes premiers textes à écouter d’une oreille plus méfiante que distante. L’Histoire de France est prise en otage par des prescripteurs de savoir soumis à des impératifs de réformes schizophrènes et l’exception culturelle à l’intention des irréductibles. En bon paranoïaque précoce, je ne me sentais pas mis en danger par quelqu’un en particulier, alors pourquoi respecter qui ou quoi que ce soit ?
Les professeurs de passage permanent et les omnipotents accrochés à leur pichet de Côtes du Rhône ne s’occupaient que peu de ma désertion naissante, trop occupés qu’ils étaient à exorciser leur conscience et à s’excuser de la piètre qualité de drogue qu’ils faisaient inhaler à une clientèle aussi mineure que malléable. Mais comment aurais-je pu leur en vouloir, au-delà de cette prétention à dispenser des cours de vie sans qu’ils ne la connaissent vraiment – celle de leurs élèves – car en vérité les moutons se sentent toujours perdus sans leur berger, alors qu’ils sont en liberté.
Je n’ai finalement pas saisi les finesses du mécanisme national – à force de regarder par la fenêtre le monde ne produire qu’une succession d’accidents donnant un sens à ce statu quo – celles qui auraient fait de moi le parfait gentleman avec le parapluie logé dans le séant et le sourire en trompe l’œil. En y repensant, la meilleure des propagandes est celle que l’on n’a plus besoin d’apprendre : lever la main avant d’exister, parler lorsque l’on y est autorisé, répondre ce que l’on attend de nous… Mazette, la leçon est bien assimilée au moment où la cloche sonne pour nous rappeler à l’ordre !
36 15 Me, Myself & I : Pimp my contrôle de police
Posted in 36 15 Me Myself & I, tagged accusation, air force 1, arrestation, banlieue, carte d'identité, cellule de dégrisement, contrôle d epolice, contrôle de papier, contrôle de police, Cowboy, délit de faciès, force publique, gyrophare, insécurité, jean, menotte, ministère de l'interieur, nuit, ordre, paix, police, pompier, présemption, quartier, quota, racaille, radio, respect, sarkozy, suspicion, troisième personne, tu, urgence, vous, wu tang clan on octobre 18, 2009| 15 Comments »
La tombée de la nuit est un de ces moments particuliers où le décor urbain bascule de sa rigidité journalière vers ses instincts les plus débridés.
Imaginez ses ombres prenant le pas sur les bâtisses en devenir qui les ont engendrées, sous le regard d’un soleil agonisant, toujours et encore, plus ou moins à la même heure.
C’est à ce moment précis lorsque nos politesses géométriques disparaissent pour devenir des doutes déraisonnables dans la nuit, que l’ordre reprend ses droits, impose sa loi et se délecte du frisson premier qui envahira ses proies.
La nuit, la justice elle faite d’urgences qui n’en sont pas, mais sans le feu, l’Homme a peur du noir.
Le plus grand des hasards a voulu que ce soit au même horaire où je devais quitter les studios vintage de ma radio villeurbannaise pour la salle de concert du Transbordeur, équipé d’un micro arraché des mains d’un stagiaire, de quelques câbles soudés à la va-vite, et d’un enregistreur numérique de seconde main. Ce listing aura son importance.
Loin de moi l’idée de penser que mes interlocuteurs de maison de disque fraîchement sortis d’une quelconque école de com’, traumatisés par mon impudence toute provinciale, de radio non commerciale pour aggraver l’infamie, aient fomenté ces traquenards bi hebdomadaire conjointement avec les forces de police, elles mêmes exaspérées de venir répondre aux plaintes des voisins de la radio, stipulant que des individus suspects rodent dans le quartier.
Les individus suspects étant majoritairement les employés, des artistes ou des clones plus ou moins réussis de l’équipe de France de football de 1998.
Mais, peu après le 11 septembre, toutes les formes de racisme sont redevenues acceptables.
J’avoue, j’avais une barbe drue et dense, j’avais une profonde lassitude face au rasoir et très peu d’affinités avec le mode de vie ascétique du terroriste de base.
Mais les faits sont là, à chaque interview effectuée pour gagner mon dur labeur et pour mon plaisir personnel, s’ajoutait irrémédiablement un contrôle de police, souvent par les mêmes préposés à la gestion du troupeau.
Et si la fantaisie leur prenait de ramener un bleu, d’origine contrôlée, alors le représentant de la compagnie créole avec képi masquant son accent antillais ou une racaille reconvertie à la France d’en bas niant toute connaissance d’un certain livre appelé le Coran, ces assimilés se faisaient un plaisir de prêter allégeance en faisant preuve d’une plus grande bêtise que leurs maîtres.
Encore 500m, 500m, voilà ce qui me séparait… mon enregistreur numérique en bandoulière serrant ma veste noire, faite d’une colonie de pelures, de bouloches et flockée du sigle du Wu Tang Clan, mon micro se baladant à chaque pas dans ma poche arrière déchirée, maculée de tâches de stylo bic rouge, bleu, vert, noir, de mon jean trop large, mes câbles enfoncés tant bien que mal dans les poches avant où sommeillaient déjà les capsules de bières de la veille ainsi qu’un tas de papiers griffonnés, voilà ce qui me séparait d’un tête à tête avec des artistes ou des employés d’une maison de disque, tout dépend la valeur que l’on donne à un contrat de travail.
En fait, ce qui faisait principalement obstacle, c’était deux silhouettes plantées là en train de prendre racine, la loi en deux exemplaires éructant à l’impératif quelque chose de vaguement sans majuscule ni point et encore moins de M. ni de s’il vous plaît.
Je stoppe ma course effrénée contre la montre voire le cholestérol, d’un dérapage aussi sec qu’élégant avec mes Air Force 1 aussi trouées sous la semelle que peinturlurées d’impacts de bombes aérosol.
Après un temps de stupéfaction, je leur demandais avec toute la diplomatie nécessaire pour ne pas finir dans une vulgaire rubrique nécrologique, de réitérer les doléances. Peine perdue.
« Hé, tu vas où comme ça toi, donne-moi tes papiers, tu comprends pas le français, papiers, papiers, et plus vite que ça !!! »
J’hésitais un bref instant entre lui donner mon amas de feuilles calligraphiées encastrées dans ma poche gauche ou ma carte d’identité qui n’a de française que le prénom. Prendre un coup de matraque pour un trait d’humour, sans public cela n’a aucun intérêt.
Et puis la carte d’identité, je n’ai jamais vraiment compris à quoi elle servait, ça moisit le plus souvent dans un coin sombre et on l’a ressort uniquement pour se justifier de quelque chose, de son appartenance à un hypothétique territoire national ou même de son existence, on devrait nous badger, cela serait plus honnête et moins humiliant.
Manifestement les représentants de la justice sans collant ni cape avaient un besoin impérieux de savoir où je me dirigeais à vive allure pédestre, sachant qu’à proximité, il n’y avait que l’autoroute et la salle de concert en question.
À ce stade de la conversation ou de l’interrogatoire à ciel ouvert, j’hésite à les classer dans la catégorie des plus brillants rhétoriciens ou celle des décérébrés avec un port d’arme légal et le droit à la sommation.
Les préliminaires s’achèvent, ils finissent par obtenir mon pédigrée, et il s’en suit un cours de profiling hors du commun :
« Toi, t’es africain, hein, ha, non plutôt, antillais, hein, moi, j’ai le flaire pour ça, en tout cas t’es pas suédois, ha ha ha !!! »
En bon sociologues, ils poursuivirent par un laconique et topographique :
« T’es une raclure de Vaux-en-Velin ou un taré de Venissieux, haaaaaaa, putain d’adorateur de Ben Laden, si tu parlais comme nous au moins !!! »
Puis ils me questionnèrent savamment sur le but existentialiste de ma venue ici-bas :
« Et, tu fais quoi ici ? Hein ? Voler ? Dealer ? Tu bosses dans la sécurité ? Journaliste ! On n’arrête pas le progrès, les cartes de presse ça pousse sur les bananiers maintenant ? »
J’ai grandi non loin d’une préfecture de police et je sais d’expérience qu’avec ce type d’énergumène, il n’y a qu’une seule possibilité de réponse, brève, ne pas baisser les yeux, regarder un point fixe, sans aucune hésitation.
Sinon c’est direction la cellule de dégrisement 4 étoiles la plus proche.
Dans mon quartier, il y avait toujours ceux qui revenaient avec une histoire extraordinaire, insurrectionnelle, pleine de bravoure où dans un premier temps ils ont vaillamment résisté par leur simple présence à un fourgon entier de CRS et que dans un second temps uniquement à la force du mental et avec une main dans le dos, ils auraient renvoyé les assermentés dans leur poulailler.
La plupart du temps ces personnes ont fini par rentrer dans la police ou pire dans l’armée, le syndrome de Stockholm n’a pas de limites.
Moi, j’avais une interview à faire et une vie à poursuivre, j’ai donc abrégé les réjouissances en ravalant tout le fiel que j’avais dans la trachée comme je le fais tous les jours dans ce pays.
À bien y penser, c’est comme cela que l’on construit de l’insécurité latente et des bombes à retardement.
Tic, Tac, Tic, Tac, Tic, Tac, Boom. Tout est une question de temps ou d’avoir des enfants. Enfin ouvrez les yeux.
Aujourd’hui avec mon uniforme de nègre intégré avec une cravate en option, j’ai droit à un M. avant la séance de Charles Martel appliquée.