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Posts Tagged ‘paix’


Je n’arrive pas à choisir entre la justice à rebours et le prix nobel de la paie
(Augusto Pinochet 0 – Made In China 1)

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Je n’arrive pas à choisir entre la paix des braves et le fric c’est chic
(La ligue arabe 0 – ¥ $ € 1)

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La ville s’essouffle. Le monde ralentit. L’homme se tait. Le temps s’effondre.

J’aperçois, parfois, depuis mon histoire en guerre permanente – sans le savoir, sans la comprendre –  ce qui ressemble à l’idée que je me fais de la paix. Et durant ces quelques moments de répit, de repos lorsque le globe bascule d’une folie ordinaire de jour à l’ordre particulier de la nuit, c’est ici que j’aime le plus écrire pour le blog. À une pratique aussi éphémère qu’infinie, il faut bien un temps anonyme pour se donner rendez-vous et se rater.

L’heure est imprécise toujours, voire imparfaite parfois, mais le rituel est le même de mon bureau capitonné exposant Terry Gilliam et Bua, à un banc esseulé au milieu d’un parc à la recherche de solitude en passant par une orgie d’ADN à la terrasse d’un café. Un corps à la dérive, une pensée évanescente, une respiration lourde, des paupières rendant les armes et une bouche close face à mes mains inertes.

Il n’y a plus de nationalité provisoire, de race prévisible, de genre interchangeable, de classe à jalouser, de nom de location, de sentiment à fabriquer. Plus personne.

Je ne sais pas et ne préfère pas savoir si ce calme ressemble de près ou de loin à la mort, mais il vaut bien la vie, telle qu’on nous l’enseigne à l’aune de l’âge de raison. Une pause.

Quelques minutes qui ne m’appartiendront jamais, excepté au cœur de mes prières lorsque le monde redémarre en riant, en soufflant en direction d’une amnésie claustrophobe.

Il faut bien pouvoir se raccrocher à quelque chose dans le vide, à quelqu’un dans le noir, ne serait-ce pour ne plus avoir peur. Nul besoin d’aimer, ni de parler.

Le moment m’a échappé cette fois encore de justesse et mon écran est toujours aussi blanc qu’absent, il guette les confessions de ma mémoire comme autant de souvenirs à léguer à qui en voudra par habitude, par hasard. La paix dans ma tête a la couleur du silence, je me demande comme vous à quoi cela ressemble et puis je suis ramené plus bas que terre, face contre sol par ce bruit, ces sons, ces voix, la vie…

Mon pays, c’est le silence. Et nous sommes devenus peu à peu étrangers, depuis mon premier cri.

Ps : Cette semaine sur mon cahier de brouillon, sur votre blog, après la frappe, après After Effect, je mettrai donc mon visage à la place des mots pour la première fois, sans les vider de leurs sens…

Cette semaine, au programme de ma boite crânienne :

Jeudi 29 : Explicite, lyrique et sans complexe (0) Utilisation & mode d’emploi

Samedi 1  : Inside my nombril (2) Puisque tout le monde peut-être un artiste, je suis un ouvrier !

Lundi 3 : “Rythme(s) & Mécanisme(s)” S03 E03

Prenez le temps, avant qu’il ne vous prenne

Foutraquement…

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The Unwritten vu par BenReilly : http://thebestplace.fr/2010/04/19/753-–-not-getting-it/

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Une boîte au-dessus de nous, une boîte au-dessous de nous, une boîte dans une autre ou l’inverse et peu importe, je continue à la regarder…

Une boîte sur mesure à sang pour sang pour satisfaire le remords de bénitier de mon karma et les aléas économiques du facteur chance. Elle me colle à la peau, elle m’enveloppe comme personne ne le pourra, elle m’emprisonne à jamais jusqu’à l’expiration de ma garantie, elle me préserve de la lucidité de mon âme, elle me réanime puis m’anime mécaniquement dans les bras d’une autre boîte. Une boîte sur mesure sans cloison ni voisin – sauf exception médicale – pour m’affranchir de ses limites, mon petit pied-à-terre en location, un bordel à ADN par dotation, une fabrique à cicatrices en commun, une preuve circonstancielle pour les pompes funèbres, un album de souvenirs pour faire patienter les autres boîtes. Je n’ai rien d’un écorché vif, elle est tout ce que j’ai, mais elle ne m’appartient pas, elle s’appelle revient.

Une boîte à ciel ouvert dans une tête se refermant sur elle-même, un garde-fou moral ou une évasion idéale avec laquelle je dois négocier à chacun de mes pas de travers sur le droit chemin, à chacune de mes respirations coupables une télécommande à la main. Elle demeure l’ultime rempart à la géolocalisation, elle se présente comme un ami imaginaire à défaut d’être présumé, elle me parle selon son bon vouloir avec un ton paternaliste et prophétique, elle ne condamne pas mes outrages journaliers, elle s’en lave les mains en me laissant seul avec un Dieu quelconque pour négocier le pardon prévisible. Une boîte à faire semblant avec ses semblables, je ne pourrais l’offrir à personne en dépit de mes sentiments d’usine, et oui je suis seul avec elle mais au moins je peux rire de tout sans inviter l’avis de tout le monde. Je finis par croire en elle, à défaut de moi-même et plus le temps nous passe dessus au ralenti, plus on l’aime lorsque les morceaux d’Amour profitent des cimetières pour me quitter.

Une boîte ferme et définitive autour de moi, pour toujours, en attendant le dur labeur des lombrics, cette boîte ma dernière maison et ma première fois d’après la réincarnation, j’en viens à regretter mon HLM, l’agoraphobie du covoiturage à la chambre à coucher, et même les autres. Elle ressemble à s’y méprendre à l’ennui mortel durant ma carrière scolaire tout en me rappelant la léthargie au sortir de table lors des réunions consanguines avec patronyme en commun et intimités divergentes. Elle prononce la fin du bonheur des uns et de la litanie des autres, elle provoque le vide et réclame des comptes en mettant la Foi face à ses responsabilités, elle promet l’infini à qui veut l’entendre au lieu d’accepter les faits. Une boîte à faire la fortune des fleuristes, à ritualiser le pèlerinage des fumistes, à faire gémir et pleurer de rire, à construire les iniquités théologiques, à conserver intacts les liens qui nous sanglaient jadis. Je dois dire enfin apaisé que j’ai finalement trouvé sans le savoir ce que j’ai vainement cherché auprès de mon prochain. La paix ? Soyons sérieux, le silence.

Une boîte au-dessus de nous, une boîte au-dessous de nous, une boîte dans une autre ou l’inverse et peu importe, je me ferai incinérer…

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C’est plus qu’un jeu ? C’est plus qu’un Je ! Vous savez le matin ne fait pas de sentiments et peu d’états d’âme qu’importe le fuseau horaire et le prix de votre sommier, il nous matraque systématiquement sans vergogne pour mieux nous réveiller sous le regard impatient et carnassier de nos basses besognes. Néanmoins, dans sa grande bonté, la naissance quotidienne et forcée sépare la race de ceux qui marchent debout en deux catégories bien distinctes, ceux qui ont un but une fois les yeux ouverts et ceux qui n’en ont pas même lorsqu’ils les ferment pour mieux s’évader de leur geôle en 3D.
Je constate régulièrement, presque amusé, en pratiquant mon prochain que ceux qui ont un but possèdent une haute opinion de celui-ci, ainsi que d’eux-mêmes. Ensuite pour s’assurer la légitimité et la paternité sur les aspects positifs du futur du globe et convaincre leur auditoire de la perfidie de ceux qui ne veulent pas adhérer, ils ont inventé les mots nihiliste et misanthrope ! Dès lors, tout est une affaire de divertissement, toujours primordial, masqué en causes communes et les idées deviennent une affaire personnelle que l’on domestique en groupe, entre gens bien, chacun à son tour.

Révolte, rébellion, révolution, mouvement social, problème de flatulence et d’apesanteur, moralité en danger, justice culpabilisante où que sais-je encore, la seule chose que je sais, c’est que je ne sais pas et que toutes les nobles intentions énoncées ci-dessus vivent sur un passé fabriqué de toutes pièces pour mieux les bercer tout en espérant secrètement les tuer par leur simple volonté contestataire lors d’une promenade musicale et en banderole. J’ai souvent été sous le feu nourri des clubs, je n’ai jamais été une personne des serments, des préliminaires en manifestation, du protocole, des booms et encore moins des règles, de l’ordre et de la discipline à mâcher avant d’avaler.
Berger ou mouton, ce n’est pas un choix, juste une histoire de promotion ou d’opportunisme. Mais là où les religieux donneurs d’âme ou barbus en quête de soldats de plomb – voire les experts de l’extorsion dianétique – ont abandonné, les charlatans de la démocratie en voie d’extinction ont toujours tenté et essayent encore d’ailleurs de me coller leur étiquette afin de compléter leur nuancier, car celui qui n’a pas son nègre de compagnie – jadis pour se justifier et maintenant pour se conformer – n’est pas digne du jeu républicain !
Et ce jour d’octobre 1995, je n’ai pas eu le choix au milieu de la cohue estudiantine et de la fronde policière, eux voulaient juste avoir une histoire à raconter à leurs enfants à défaut d’avoir fait avancer les choses, moi je voulais un ballon de basket Spalding Chigago Bulls et rien d’autre.

Comment, sérieusement, vouliez-vous que j’imagine que les apôtres des idéologies boutonneuses allaient délaisser la gloire médiatique des défilés, chantant faux, sur les grandes avenues du centre ville pour mon claustrophobique et clinquant centre commercial de la Part-Dieu, sérieusement, comment ? Ce jeudi après-midi aussi moribond qu’ennuyeux, j’avais consciencieusement pris la file de l’air en laissant vacant mon siège de torture eu égard à la surpopulation scolaire, ainsi qu’à l’oisiveté de mes enseignants et d’un pas certain et dansant avec ce jean qui flirtait tantôt avec mon bassin, tantôt avec mes fesses, je me dirigeais avec plus d’une centaine de francs vers le seul Footlocker de la région au milieu des années 90. Pour que chacun se remémore la température de l’époque, nous étions en pleine effervescence des blagues d’un goût douteux impliquant Khaled Kelkal et l’indigestion caractérisée de pommes gaullistes, mais revenons à mes emplettes… et au temple de ma dévotion. À côté d’une armée de basket manufacturées par des enfants – cela ne m’empêche de dormir ou d’en porter – le voilà lui, le Saint Graal sphérique à cornes, avec un regard de guerrier made in Chicago, comme dans les magazines, comme dans mes trash talk sur le terrain, rouge, noir, blanc, rugueux, granuleux et lisse à la fois, lui le seul, le voilà entre mes mains fébriles trop petites pour pleinement l’épouser, le souffle au ralenti, les pupilles dilatées, j’avais comme une poussée de ferveur entre les jambes. Moralité, Michael Jordan était plus vrai que Dieu !

Au moment de passer à la caisse enregistreuse et également à l’humidification pudique de mes yeux, une alerte retentit, une panique se répandit et l’anarchie naquit dans les arcanes du centre commercial en 30 secondes, montre en main. Puis le vendeur, la bouche béante et la déontologie pétrifiée, me demanda de sortir séance tenante en omettant de me faire payer l’objet du désir en cuir, afin qu’il puisse baisser sa devanture bien aimée, celle qui le protègerait de la horde de barbares annoncée par les haut-parleurs et la sirène. Mais qui étaient donc ces impitoyables et redoutables envahisseurs capables de faire perdre une commission si petite soit-elle à un vendeur récidiviste ? Pull up ! Comme ils disent, retour en arrière s’il vous plait. Certes, à l’entrée du centre commercial j’avais aperçu sans y prêter attention un amoncellement de velus/chevelus fidèles de Noir Désir, de Burning Spears et de tout ce qui pouvait énerver leurs parents, sans oublier par extension la société qui leur permettait de s’en plaindre, mais j’avoue peut-être à tord le mal que j’avais à prendre au sérieux des gens qui avaient la certitude que la démocratie s’exerçait dans la rue, à pied, avec des pancartes et des slogans ! Quoi qu’il en soit, les faits étaient là, les amoureux des histoires sociales à dormir debout étaient prêts à en découdre mais pas trop avec les CRS toujours à proximité du centre commercial.

Aujourd’hui c’est jour de fête, la dégustation gratuite de l’arsenal policier n’aura pas de goûteurs arabes comme souvent mais des étudiants dont la chair était plus tendre à la matraque. Merci qui ? Merci Alain Juppé ! Devant cette configuration inédite pour moi et sans support amical, il me fallait promptement trouver un chemin salutaire et une issue honorable entre les parties de chasse à l’homme inter-bornés et les pillards improvisés qui avaient dû oublier leurs causes sur la route. Ce qu’il y a de pratique avec l’ennui et la promiscuité, c’est qu’ils vous cantonnent au stand-by sur banc ou à la folie passagère en tournant en rond là où tout se vend, mais où l’on ne peut rien acheter. Et à la Part-Dieu, en l’occurrence je la connaissais par cœur, comme ma poche et les yeux fermés, entre la chorégraphie de la révolte sponsorisée et de l’ordre corrompu, au 3ème étage à côté du Carrefour, le passage réservé au personnel était presque toujours entre ouvert et il menait à la pointeuse sans pitié, mais avant ça vers une sortie qui donnait sur la bibliothèque et donc la sortie. « Money Time », fin de la partie ! Souklaye 1 – Les autres 0.

En fait, pas tout à fait… En fait, pas du tout ! La guérilla urbaine bénigne avait migré à l’extérieur de l’Eglise du consumérisme. Tout était à refaire et j’avais un match de basket-ball et de la fanfaronnerie à dispenser une demi-heure plus tard. Il ne fallait pas compter non plus sur la présence des transports en commun sur le théâtre des opérations ou le champ de bétail. Si j’en avais eu le temps et le cœur, je me serais attendri sur ces marques d’affections fratricides en ayant dans un coin de la tête cette rêverie que certains « avaient été » et que certains « seront » ceux qu’ils combattaient avec acharnement et qui n’avaient plus que peu de rapport avec d’hypothétiques principes, mais plutôt une filiation directe envers cette banale animalité sanguinaire qui est la nôtre. J’aurais bien voulu participer aux festivités, histoire de m’intégrer, mais sachant que l’on m’avait indiqué à moult reprises que je n’étais pas chez moi ici, il était donc hors de question que je fasse preuve d’une quelconque ingérence dans une affaire qui ne serait jamais mienne !
Au vu de l’état des lieux, l’option discrétion et camouflage n’en était pas une. Il n’y avait que peu d’amis chocolat dans les insurgés d’une après-midi et ceux avec un uniforme portaient fièrement leur casque afin que ce détail ne soit qu’un mauvais souvenir, j’étais par la même occasion à découvert et avec des signaux clignotants à la place de mon crâne luisant. J’ai donc pris la décision extrême de remonter mon pantalon jusqu’à mon nombril, de serrer fortement cette ceinture qui ne servait que de décor depuis son acquisition et de faire mes lacets pour la première fois. Adieu frivolité, bonjour efficience ! Quid du ballon Spalding Chicago Bulls ? Le porter sur le côté ? Non, s’eut été le meilleur moyen de perdre un soldat en chemin. L’heure du sacrifice avait sonné, quel crime de lèse-majesté que celui-ci de déformer un sweet-shirt Reebok « Shaq Attack » tout neuf ! Je me suis empressé – pour ne pas y réfléchir – de loger le ballon entre mon t-shirt et mon sweet, puis ressemblant enfin à un travesti enceinte ou à la chanteuse de Skunk Anansie, j’ai pris une longue respiration, puis j’ai fermé les yeux pour mieux les ouvrir…

Et je me suis mis à courir sans m’arrêter, sans me retourner jusqu’à ce que le bruit de la bagarre annuelle et culturelle ne devienne qu’un son sourd et que les silhouettes en face de moi ne se transforment en la faculté de Lyon III. Ouf, je n’ai jamais autant aimé Bruno Gollnisch ! Suis-je allé vite ou ai-je eu de la chance ? Je ne préfère pas le savoir, sachant que je ne réitérerai pas l’exercice, car j’ai perdu un poumon sur la piste et que mes glandes sudoripares ont fait dans l’excès de zèle. Mes habits de lumière peuvent en témoigner. Mais le ballon, mon précieux il était avec moi. Il ne me restait donc qu’à débuter nonchalamment ma danse de la victoire dans le plus pur style californien, tout en la ponctuant d’onomatopées et de trouver quelques effets de narration afin de dramatiser mes péripéties le temps d’arriver au terrain de basket-ball qui jouxtait le parking de l’Institut Lumière.


Arrivé sur place avec un sourire que rien ne pouvait arrêter – ni la perspective d’un nouveau redoublement et ni même celle que la lune ne me tombe rétroactivement sur un coin de la gueule – je me suis empressé de chercher âme qui vive sur ce terrain d’habitude bondé. Il n’y avait qu’un petit garçon maigrichon en guise de public, qui répétait sans cesse le même mouvement sur la ligne des lancers francs. Après l’avoir questionné sur la disparition soudaine de l’armée internationale des amoureux des dunks rageurs et des contres savoureux, il m’a indiqué que cet autre troupeau était allé s’agglutiner aux abords de la Part-Dieu afin d’aller admirer le spectacle de la furie des Hommes, des os qui craquent et de la symphonie des lances à eau.

Je dois dire un peu dépité que nous avons une passion malsaine pour les vitrines, de la violence conjugale à la guerre mondiale et une addiction certaine voire viscérale pour le sang, surtout celui des autres. Cela doit être pour ça, pour nous contenir, qu’en occident, chaque dimanche, on nous permet de faire acte de cannibalisme, de vampirisme et d’un peu de nécrophilie, enfin je crois. Alors, j’ai repris mes esprits et j’ai fait comme le petit garçon maigrichon qui avait tout compris, j’ai travaillé seul mes lancers francs, peu importe que le ballon soit rouge, noir, blanc, rugueux, granuleux et lisse à la fois, je voulais, comme lui, juste pour avoir un peu de calme, ma part de paix car la répétition tue la réflexion et, des fois, c’est bien mieux ainsi…

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Les joies de l’Education Nationale. Piégés que nous étions, elle et moi, entre ces promesses intenables d’avenir improbable et l’ingestion d’une soumission à l’amiable à chaque fois que la cloche retentissait. Le civisme, en voilà un mot grandiloquent qui avait sa place dans un livre, mais qui ne survivrait pas au pragmatisme dans ma réalité, ce mot me rappelait de l’ordre juste et de la morale laïque par des gestes simples et répétitifs.

Lever la patte plus vite que son ombre, remuer la queue en cadence presque militaire, aboyer pour défendre les principes d’un territoire provisoire, obéir plus par anticipation monotone que par instinct de conservation. J’avais du mal à suivre le mouvement, mais apparemment, c’est comme cela que l’on devenait un adulte, foutu syndrome de Peter Pan, voilà d’où tu viens !

Toutes ces petites attentions pédagogiques – certifiées de contrôles pour garantir la qualité de laisse et la main mise du maître – permettent de développer chez certains l’une des dépendances dont le masochisme a le secret et chez les autres, je voyais peu à peu apparaître dans la lueur de leurs yeux ce combat au nom de la loi qui justifierait toutes les délations. J’aurais voulu apprendre, mais je préférais comprendre.

L’instruction civique était ma hantise. Plus qu’un blabla professoral, c’était aussi un choc frontal, sans ceinture de sécurité, avec la société des gens bien qui aimaient davantage les règles à leur enfant. Le traumatisme crânien et la cellule psychologique n’ont rien pu y faire, j’avais la tête dure, je ne voulais définitivement pas que l’on m’inculque comment devenir un con, heureux. Enfin pour ne pas être désobligeant avec les cons, disons un honnête citoyen.

Je ne pouvais pas déserter éternellement les séances de dressage, mon futur en forme de voie de garage en eut été compromis et je ne parle pas du temps perdu en sociabilisations inutiles. Dans la classe en préfabriqué entre le fond criminogène irrécupérable et les premiers rangs embrigadés dès la naissance, il y avait ce que l’on pouvait légèrement appeler le gros du troupeau, consommateurs en devenir, chaire à canon en puissance et électeurs en freelance !

Cette noble assemblée de la terre du milieu me regardait fixement d’un air supérieur de classe moyenne tout en broutant les cantiques républicains faits de prestige guerrier pour la liberté – et presque tout le temps résistant – et de bravoure sportive où seule la victoire compte. Comment vouliez-vous que je m’y retrouve ? J’ai toujours eu une tendresse particulière pour les premiers de la classe condamnés génétiquement à la réussite prolétarienne et aux illustres destins d’usine, je perçois chez eux une forme de dignité, une noblesse, celle du sacrifice en les voyant courir vers la tombe sans se poser de questions…

J’étais là, en équilibre précaire sur ma chaise de Pise contenue entre le radiateur à l’abandon et mon bureau scarifié au compas de mes premiers textes à écouter d’une oreille plus méfiante que distante. L’Histoire de France est prise en otage par des prescripteurs de savoir soumis à des impératifs de réformes schizophrènes et l’exception culturelle à l’intention des irréductibles. En bon paranoïaque précoce, je ne me sentais pas mis en danger par quelqu’un en particulier, alors pourquoi respecter qui ou quoi que ce soit ?

Les professeurs de passage permanent et les omnipotents accrochés à leur pichet de Côtes du Rhône ne s’occupaient que peu de ma désertion naissante, trop occupés qu’ils étaient à exorciser leur conscience et à s’excuser de la piètre qualité de drogue qu’ils faisaient inhaler à une clientèle aussi mineure que malléable. Mais comment aurais-je pu leur en vouloir, au-delà de cette prétention à dispenser des cours de vie sans qu’ils ne la connaissent vraiment – celle de leurs élèves – car en vérité les moutons se sentent toujours perdus sans leur berger, alors qu’ils sont en liberté.

Je n’ai finalement pas saisi les finesses du mécanisme national – à force de regarder par la fenêtre le monde ne produire qu’une succession d’accidents donnant un sens à ce statu quo – celles qui auraient fait de moi le parfait gentleman avec le parapluie logé dans le séant et le sourire en trompe l’œil. En y repensant, la meilleure des propagandes est celle que l’on n’a plus besoin d’apprendre : lever la main avant d’exister, parler lorsque l’on y est autorisé, répondre ce que l’on attend de nous… Mazette, la leçon est bien assimilée au moment où la cloche sonne pour nous rappeler à l’ordre !

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là-haut

Enfant, aux enterrements, le prêtre se sentait toujours obligé de venir me dire que tout allait bien se passer, ça ressemblait plus à une directive du personnel qu’à de la compassion.

Son patron devait être en plein redressement fiscal, épiscopal et il a oublié d’envoyer un mémo.

Regarder en arrière, cela n’a jamais fait de mal à personne, mais quand il n’y a plus rien à voir, mieux vaut fermer les yeux.

Le repos éternel ? Et puis quoi encore, la sieste crapuleuse alternative, la grasse matinée partielle ?

Cher vendeur de pardon, montre-nous dans quel rôle tu es le plus crédible, celui qui dort ou le mort.

La vie est un site de rencontre et une roulette russe, on ne sait pas sur qui l’on va tomber et qui nous fera tomber.

Je ne suis que de passage dans cette salle d’attente.

Fais comme moi, prends un magazine, fais semblant, souris à ta voisine et lève-toi lorsque l’on t’appelle.

Durant la ballade, tu as le choix entre les œillères ou la muselière pour affronter le compte à rebours.

Vivre en laisse ? Ça a ses avantages !

Là-haut, je ne préfère pas parier dessus, sur ce que je n’ai jamais vu, c’est ce que je me dis en fixant mes baskets, le sol, déçu.

Ceci étant dit, être propriétaire de 21 grammes de spiritualité, c’est sûrement du plus bel effet à l’heure du jugement dernier, mais ici-bas, éduqués au péché originel, les Hommes font la queue pour croquer la pomme.

Satisfaits ou remboursés, messieurs, mesdames pour les réclamations merci de vous adresser à votre main droite la plus proche.

Peut-être la femme de ta vie depuis le jardin d’enfant, peut-être la femme d’une nuit à l’abri d’une ruelle.

C’est la bonne, la prochaine, la dernière, mais c’est toujours une question de vie ou de mort.

Je ne connais pas le visage du bonheur, mais je peux déjà spéculer sur le nombre de liftings réalisés au nom du décor en carton de pâte de la famille idéalisable.

J’aimerais bien être aigri, cynique pour que nous soyons tous sûrs que seule parle ma tristesse de fond de bouteille.

Mais l’amour, c’est comme une boîte de chocolat, quand tu n’en as pas, tu veux celle des autres plutôt qu’avoir la tienne.

J’ai si souvent partagé ce lit que je ne me vois pas m’y allonger seul, hum, je n’ai jamais appris à le faire.

Elle tout essayé, pourtant, la pédagogie en l’apprenant à nos enfants, les menaces en promettant le retour de la chasteté, la corruption en s’adressant directement à mon ventre.

Je n’ai jamais su ce qu’elle cherchait au fond de son sac, pendant tout ce temps, elle non plus en fait, mais le jeu était plus passionnant que le Graal.

Laisser son sac en paix, ce n’était pas une option, je suis donc devenu patient.

C’était elle, c’était moi, c’était nous, c’était tout. Et la plus rien.

Je préfère la poussière au cimetière, tu n’es jamais partie, alors j’évite de sortir.

Et le monde continue à tourner et notre histoire à se répéter dans la maison d’à côté.

Le jour où il ne nous reste que des souvenirs de l’autre, c’est qu’il est trop tard ou que ça ne va pas assez vite.

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La tombée de la nuit est un de ces moments particuliers où le décor urbain bascule de sa rigidité journalière vers ses instincts les plus débridés.

Imaginez ses ombres prenant le pas sur les bâtisses en devenir qui les ont engendrées, sous le regard d’un soleil agonisant, toujours et encore, plus ou moins à la même heure.

C’est à ce moment précis lorsque nos politesses géométriques disparaissent pour devenir des doutes déraisonnables dans la nuit, que l’ordre reprend ses droits, impose sa loi et se délecte du frisson premier qui envahira ses proies.

La nuit, la justice elle faite d’urgences qui n’en sont pas, mais sans le feu, l’Homme a peur du noir.

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Le plus grand des hasards a voulu que ce soit au même horaire où je devais quitter les studios vintage de ma radio villeurbannaise pour la salle de concert du Transbordeur, équipé d’un micro arraché des mains d’un stagiaire, de quelques câbles soudés à la va-vite, et d’un enregistreur numérique de seconde main. Ce listing aura son importance.

Loin de moi l’idée de penser que mes interlocuteurs de maison de disque fraîchement sortis d’une quelconque école de com’, traumatisés par mon impudence toute provinciale, de radio non commerciale pour aggraver l’infamie, aient fomenté ces traquenards bi hebdomadaire conjointement avec les forces de police, elles mêmes exaspérées de venir répondre aux plaintes des voisins de la radio, stipulant que des individus suspects rodent dans le quartier.

Les individus suspects étant majoritairement les employés, des artistes ou des clones plus ou moins réussis de l’équipe de France de football de 1998.

Mais, peu après le 11 septembre, toutes les formes de racisme sont redevenues acceptables.

J’avoue, j’avais une barbe drue et dense, j’avais une profonde lassitude face au rasoir et très peu d’affinités avec le mode de vie ascétique du terroriste de base.

Mais les faits sont là, à chaque interview effectuée pour gagner mon dur labeur et pour mon plaisir personnel, s’ajoutait irrémédiablement un contrôle de police, souvent par les mêmes préposés à la gestion du troupeau.

Et si la fantaisie leur prenait de ramener un bleu, d’origine contrôlée, alors le représentant de la compagnie créole avec képi masquant son accent antillais ou une racaille reconvertie à la France d’en bas niant toute connaissance d’un certain livre appelé le Coran, ces assimilés se faisaient un plaisir de prêter allégeance en faisant preuve d’une plus grande bêtise que leurs maîtres.

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Encore 500m, 500m, voilà ce qui me séparait… mon enregistreur numérique en bandoulière serrant ma veste noire, faite d’une colonie de pelures, de bouloches et flockée du sigle du Wu Tang Clan, mon micro se baladant à chaque pas dans ma poche arrière déchirée, maculée de tâches de stylo bic rouge, bleu, vert, noir, de mon jean trop large, mes câbles enfoncés tant bien que mal dans les poches avant où sommeillaient déjà les capsules de bières de la veille ainsi qu’un tas de papiers griffonnés, voilà ce qui me séparait d’un tête à tête avec des artistes ou des employés d’une maison de disque, tout dépend la valeur que l’on donne à un contrat de travail.

En fait, ce qui faisait principalement obstacle, c’était deux silhouettes plantées là en train de prendre racine, la loi en deux exemplaires éructant à l’impératif quelque chose de vaguement sans majuscule ni point et encore moins de M. ni de s’il vous plaît.

Je stoppe ma course effrénée contre la montre voire le cholestérol, d’un dérapage aussi sec qu’élégant avec mes Air Force 1 aussi trouées sous la semelle que peinturlurées d’impacts de bombes aérosol.

Après un temps de stupéfaction, je leur demandais avec toute la diplomatie nécessaire pour ne pas finir dans une vulgaire rubrique nécrologique, de réitérer les doléances. Peine perdue.

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« Hé, tu vas où comme ça toi, donne-moi tes papiers, tu comprends pas le français, papiers, papiers, et plus vite que ça !!! »

J’hésitais un bref instant entre lui donner mon amas de feuilles calligraphiées encastrées dans ma poche gauche ou ma carte d’identité qui n’a de française que le prénom. Prendre un coup de matraque pour un trait d’humour, sans public cela n’a aucun intérêt.

Et puis la carte d’identité, je n’ai jamais vraiment compris à quoi elle servait, ça moisit le plus souvent dans un coin sombre et on l’a ressort uniquement pour se justifier de quelque chose, de son appartenance à un hypothétique territoire national ou même de son existence, on devrait nous badger, cela serait plus honnête et moins humiliant.

Manifestement les représentants de la justice sans collant ni cape avaient un besoin impérieux de savoir où je me dirigeais à vive allure pédestre, sachant qu’à proximité, il n’y avait que l’autoroute et la salle de concert en question.

À ce stade de la conversation ou de l’interrogatoire à ciel ouvert, j’hésite à les classer dans la catégorie des plus brillants rhétoriciens ou celle des décérébrés avec un port d’arme légal et le droit à la sommation.

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Les préliminaires s’achèvent, ils finissent par obtenir mon pédigrée, et il s’en suit un cours de profiling hors du commun :

« Toi, t’es africain, hein, ha, non plutôt, antillais, hein, moi, j’ai le flaire pour ça, en tout cas t’es pas suédois, ha ha ha !!! »

En bon sociologues, ils poursuivirent par un laconique et topographique :

« T’es une raclure de Vaux-en-Velin ou un taré de Venissieux, haaaaaaa, putain d’adorateur de Ben Laden, si tu parlais comme nous au moins !!! »

Puis ils me questionnèrent savamment sur le but existentialiste de ma venue ici-bas :

« Et, tu fais quoi ici ? Hein ? Voler ? Dealer ? Tu bosses dans la sécurité ? Journaliste ! On n’arrête pas le progrès, les cartes de presse ça pousse sur les bananiers maintenant ? »

J’ai grandi non loin d’une préfecture de police et je sais d’expérience qu’avec ce type d’énergumène, il n’y a qu’une seule possibilité de réponse, brève, ne pas baisser les yeux, regarder un point fixe, sans aucune hésitation.

Sinon c’est direction la cellule de dégrisement 4 étoiles la plus proche.

Dans mon quartier, il y avait toujours ceux qui revenaient avec une histoire extraordinaire, insurrectionnelle, pleine de bravoure où dans un premier temps ils ont vaillamment résisté par leur simple présence à un fourgon entier de CRS et que dans un second temps uniquement à la force du mental et avec une main dans le dos, ils auraient renvoyé les assermentés dans leur poulailler.

La plupart du temps ces personnes ont fini par rentrer dans la police ou pire dans l’armée, le syndrome de Stockholm n’a pas de limites.

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Moi, j’avais une interview à faire et une vie à poursuivre, j’ai donc abrégé les réjouissances en ravalant tout le fiel que j’avais dans la trachée comme je le fais tous les jours dans ce pays.

À bien y penser, c’est comme cela que l’on construit de l’insécurité latente et des bombes à retardement.

Tic, Tac, Tic, Tac, Tic, Tac, Boom. Tout est une question de temps ou d’avoir des enfants. Enfin ouvrez les yeux.

Aujourd’hui avec mon uniforme de nègre intégré avec une cravate en option, j’ai droit à un M. avant la séance de Charles Martel appliquée.

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