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J’habite un coin de banlieue d’un monde tournant sur lui-même pour se convaincre de faire une quelconque révolution au nom du progrès et de l’après. Ici-bas dans ma dimension parallèle, je vais droit au but en le contournant. La météo fait la loi puis la mode puisque Dieu est mort. Les gens composent le décor en abandonnant toute ambition de jeune premier dès les préliminaires dans le bac à sable sur le bas-côté de la route. Piégé dans un monde de fous accro aux flux, plus j’y vois flou plus je pense faux et c’est peut-être cela qui me sauve.

Les seules choses qu’on ne peut plus acheter sont la terre et le temps. Alors notre époque j’hésite entre mobile home et musée comme plan de carrière. Voilà pourquoi je reste sans domicile fixe. Enfermé dehors, je joue à l’aventure intérieure.

Je vis dans une tribune officielle à trois pâtés de maison du destin où les plus chanceux pratiquent le suicide pour seule légitime défense. La machine humaine est ainsi faite, peaufinant ses statistiques pour mieux parler de prévention. Et puis, entre le coup de la panne et le dépôt du bilan sur la banquette arrière, l’amour oscille entre le meurtre et le génocide. À chacun sa définition du bonheur, d’une alliance d’occasion au taux de natalité illégitime.

À l’ère du futur parfait et de la science-fiction à crédit, les faits ne valent plus grand chose sans un léger lifting. Le journal des bonnes nouvelles ne fait pas de prisonniers, ni de témoins à moins d’être sûr d’avoir acheté leur silence jusqu’au prochain suffrage. Et entre temps on court, on court toujours et encore pour rien, mais c’est bien là l’essentiel. Las, nous sommes tous suspendus au verdict d’une horloge plus capricieuse qu’impartiale.

Tic, tac, tic, tac. Une chaise sous le cul et le ciel sur les épaules, je compte les nuages, les moutons et mes semblables en attendant l’addition ou une crise cardiaque. Mais rien ne vient. À l’abri sur ma terrasse —la vérité dans le marc de café— j’assiste à un passage à tabac par des humanitaires braquant le quidam avec leur bonne conscience, bien emmitouflés dans leur uniforme d’archanges laïques. L’humanisme est la première des religion et l’argent est son prophète. Apparemment sauver le monde ou le prétendre, c’est un métier.

Fort heureusement vu mon profil, je ressemble plus à un débiteur qu’un créditeur équipé de dreadlocks blondes et sales. Pendant ce temps je regrette la prohibition des stupéfiants —façon tolérance zéro— lorsque qu’un paquet de costard cravache recrache péniblement la nicotine républicaine et la misogynie sociale en suivant le défilé puritain des arrière-trains en mini-jupes. Un troupeau d’individualistes plus lâches que pacifistes faisant de la plaque d’à côté une religion.

Dans ce bordel organisé, j’en viens presque à espérer un peu de fraternité, une galanterie quelconque, une générosité anonyme pour m’éviter de penser à mal. Mais le tonnerre sonne la fin de la récréation et la société des pions bafoue sa bienséance en reniant l’échiquier pavé, en slalomant entre le passage piéton effacé, en butant contre le trottoir poli. La ville respire au ralenti, le ciel nous fait une crise de nerfs au rythme de la pluie. Au pays des poules mouillées, les K-way sont rois.

La panique dans un monde sécurisé, cela ne tient à rien. Alors si certains s’engouffrent dans les bouches de métro, d’autres s’échappent dans des culs-de-sac et les derniers dans leur moitié. Il faut bien aller quelque part, faire quelque chose, mais pour combien de temps ? De concert, les nuages cessent de pisser dans un violon et sur nos têtes, trop pleines pour échapper au vide. Les journaux se froissent pour mieux mourir entassés sur un de ses congénères trustant une poubelle déjà obèse. Quant aux enfants, il voient un arc-en-ciel dans un insignifiant changement climatique —le trop de technologie nous pousse à croire en la magie où qu’elle soit.

Et en observant les maladresses du balai pédestre, je me dis que la noyade est une sortie de piste plus digne que l’aquaplaning. Le ridicule ne tue plus. La mort non plus. Les talons surfent à tâtons sur un bitume bancal et les parapluies parlent ensemble de leur amour pour l’automne au milieu de la cohue générale prenant le pas sur l’accalmie pour un sursis nécessaire. Tout est bon pour céder à ses bas instincts, la pluie, l’heure de pointe ou une alerte à la bombe.

Mais ici-bas, les accidents de la circulation se succèdent tant bien que mal —de la symphonie des tôles froissées aux gouailles parlant avec les phalanges— jusqu’à l’arrivée de la chorégraphie des forces de police. Les Hommes cherchent la violence là où elle se trouve, même dans le code de la route. Depuis que les guerres sont propres, il ne reste que les échauffourées entre gens civilisés en milieu urbain pour faire couler le sang gentiment. Les badauds les plus voyeurs encerclent en silence le match au sommet, tandis que les bookmakers spéculent sur l’impact du terrain et les conséquences dentaires à une terrasse enfin libre.

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Air france 4

Merci de me foutre la paix, je suis en plein rêve occidental, en stand by, je profite d’une mort lente bien méritée, avec mes semblables…

…Je ne sais pas ce qui différencie le fait de voir des cons voler avec la prétention d’Icare et l’avenir de Christopher Reeves, du fait de ne rien dire au moment de voir convoler des gens trop jeunes pour mûrir, c’est peut-être la nature de notre silence.

Le résultat est le même en pilotage automatique, les sièges de plus en plus vides, toujours le même film, à destination d’une routine pour acquis, une bonne assurance vie et le temps pour ultime ennemi.

En parlant du temps, il se fait long, lent, lourd et indénombrable comme le troupeau d’animaux marchant debout, s’extasiant plus devant le lifting  d’une quelconque illustre que devant 560 tonnes de ferrailles (boite noire incluse) en équilibre dans le vide.

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Avant que le gros du bétail ait saisi que le numéro sur le billet d’embarquement correspond à un ordre précis de passage devant le sourire professionnel de la dominatrice de service, nous avons droit à un embouteillage dans un entonnoir.

À toutes fins utiles, la phrase « à vous d’embarquer » n’est qu’une formalité et surtout pas une invitation à expliquer – en collectivité, à qui peut l’entendre – ses motivations profonde à prendre part à ce voyage.

Merci de garder vos regards de connivence pour les futures projections photographiques depuis l’écran de votre téléphone portable, ainsi que vos machinations de dernières minutes pour avoir un billet moins cher et mieux que tout le monde. Cela va de soi.

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Aujourd’hui à vendre en exclusivité dans la cour des miracles, des spécimens uniques et standard à la fois. Nos produits sont à saisir ici et maintenant, car ils sont en voie d’expansion.

Commençons par « Les bébés Sumos », citoyens quart-mondistes, c’est dire, touristes lowcost ou riches des pays pauvres.

Ils sont fournis avec la surcharge pondérale comme signe extérieur de richesse, l’American Express pour satisfaire le banquier des commerçants et séduire les plus réticents des délinquants, sans oublier leurs amples et flashy bouts de tissus communément appelés vêtements provoquant des crises d’épilepsie et la chute des actions des tentes Décathlon.

La panoplie parfaite du pigeon voyageur.

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Poursuivons par les sudistes livrés avec une bijouterie à même le cou, les poignets et le torse de sortie qu’importe la saison.

Ils sont accompagnés par leur alter ego, les Bobos clamant que c’est toujours les autres qui le sont, eux sont équipés d’un voile intégral de chez Agnès B et des vaccins pour boire un café à St Germain.

Les premiers ont le passé des seconds, la liberté de penser a un prix, une date de péremption, voire la lucidité sur cette mascarade d’époque, avoir un avis.

Les seconds ont le futur des premiers, mais ils traînent les pieds en confondant crédibilité et erreur de jeunesse.

Alors cessez le feu, ces regards inquisiteurs du coin de l’œil relèvent plus de la convoitise mutuelle que de l’invective feutrée.

L’emménagement touche enfin à sa fin, tous rangés, ceinturés, bordés, le corbillard volant peut prendre la file des airs.

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Lorsque l’on voyage, le problème, s’il doit en avoir un, c’est le voisin. Dans mon cas, il a été le colis sur le siège de tous les autres passagers.

Dès le départ, il a annoncé la couleur tout bedonnant qu’il était, M. le Bibendum est polyglotte apparemment lorsqu’il beugle péniblement de toute son importance en anglais primaire, en italien approximatif et en français de fin banquet.

Ce monsieur suinte plus qu’il ne respire, la respiration encastrée par l’un de ces cigarillos lui garantisse une haleine à la frontière de la fosse septique et de l’odeur de notre futur plateau repas.

Il tapote suffisamment bruyamment pour que tout le monde l’observe et lui de nous dévisager en se moquant ardemment de nos doléances, en poursuivant la préparation impérieuse d’un rendez-vous sur son Blackberry dans sa petite vie si importante, si impotente.

Au moment de la délivrance collective, quand il rengaine son portable, le second sonne grassement aux notes du petit bonhomme en mousse – moralité, la technologie n’est qu’un moyen supplémentaire de prouver notre petitesse – et là, il nous gratifie d’un cour magistral de management à poumons ouverts.

Pendant que les gouttes s’accumulent sur sa chemise jusqu’à l’imbiber totalement, il a le temps de noter le derrière de chaque hôtesse de l’air, visiblement pas à la hauteur de ces fantasmes consentis durant les séminaires de son entreprise.

Après avoir gober sa collation, il suce tous ses doigts avec délectation les uns après les autres en s’essuyant discrètement sur son pantalon en tergal, puis il se remet à regarder les images plutôt qu’à lire les journaux.

Brève évasion, la seule de la journée, par le hublot je fixe notre dérision collée au sol, apparemment la terre devient si rare qu’on en oublie le ciel et l’on poursuit le reste de sa vie en regardant ses pieds.

Fin de la mi-temps, le monticule de cholestérol habillant une calvitie prochaine et des pellicules certaines, rallume ses portables comme pour indiquer au pilote qu’il est l’heure d’atterrir, sous peine de lui faire perdre du temps sur son ulcère.

L’oiseau de fer trouve le tarmac à son goût, la panique, intime, habituelle qui traverse tout un chacun un quart de seconde une fois disparue, la course revient dans les esprits de chacun, la course d’une vie, la course d’un voyage, la course pour aller chercher ses bagages.

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Finalement, j’irai à ce mariage comme les autres en un seul morceau – excepté la quiétude que j’ai laissée dans les nuages – sous un soleil fabriqué pour les UV et les cancers de la peau.

Comme un con, j’attends le bus et je n’attends rien d’autre, si ce n’est le vol de retour ou un siège éjectable.

L’âge adulte s’est pointé sans crier gare armé d’un faire-part de mariage aux relents d’épitaphes…

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