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Posts Tagged ‘La routine’

J’ai toujours suivi les règles à la lettre près, quant à elles, elles ne parient que trop rarement sur moi et je les comprends. Etre un bon garçon, cela relève plus de la malédiction divine que de l’hygiène citoyenne. Dès que je commence à ressentir le moindre plaisir terrestre ou gratuit, je culpabilise automatiquement avant de jouir, comme ça. Et finalement ce couperet permanent me permet d’avancer même en roue libre et peu importe vers où !

En chemin vers nulle part, la vie bien comme il faut accompagnée de la cellule familiale parfaitement dysfonctionnelle me signifient, toutes deux, que mon bail pour une monogamie plus ou moins épanouie a expiré sans que mon avis ne compte. En consultant immédiatement ma culpabilité, puis en comptabilisant mes inavouables méfaits, je constate étonné que je n’ai rien à me reprocher. Je n’ai rien fait et c’est cela le problème ! Le jour où l’on m’a demandé de devenir un homme devant les autres, j’aurais dû m’abstenir.

J’ai des principes de paix de sociale comme tout le monde, mais surtout un modèle – sûrement dépassé au vu de l’orgie ambiante – de gestion tranquille des crises humanitaires en communauté. Et c’est cette image de respect intégral construite par ma mémoire et idéalisée par les années de monotonie à laquelle je me réfère fidèlement pour dicter ma conduite jours après jours. Le drame, lorsque l’on voue un culte aux modes d’emploi, c’est que l’on oublie souvent la vie qu’il y a autour, ainsi que ceux qui vous regardent comme si vous étiez la pièce d’un musée. A force d’amnésie maîtrisée, j’ai perdu même en gagnant.

Les banqueroutes les plus banales, les plus ménagères donnent inexorablement naissance aux interrogations que j’avais sciemment chassées de mon vocabulaire modéré. Les réponses sont faites pour ceux qui ont besoin de satisfactions personnelles, moi je veux des raisons logiques pour m’expliquer l’absurde. Au vu de mes bons et loyaux services soi-disant philanthropes, j’exige un échange ou un remboursement. Enfin, quelque chose qui me donne de quoi m’occuper.

Le problème avec les cadeaux que l’on vous offre sincèrement, c’est que leurs commanditaires se refusent à toute d’aide pour vous indiquer pourquoi ils sont cassés, alors que la garantie stipule que bon entretien rime avec longévité et peut-être un peu de prospérité. Pour me porter assistance, je viens bêtement voir et parler de ma petite vie à mon vendeur de croyance le plus proche. Et lui, en retour, s’offre une psychanalyse sur mon malheur en le nourrissant d’anecdotes sans queues ni têtes. J’aurais plutôt dû demander la paix intérieure à mon avocat.

À chaque plainte légitime ou accessoire, il faut un coupable idéal et bien évidement je serai le dernier sur cette short list. En attendant de m’en prendre à moi-même – un peu plus que d’habitude – j’hésite, hum… j’hésite vraiment en pleine crise spirituelle à demander des dommages et intérêts ou un coup de main au voisin du dessus, lui qui ne connaît que trop le son de ma voix et dont le visage si familier m’est totalement inconnu. J’aimerais qu’il sache parler aussi bien qu’il écoute, je me passerais bien de son amour pourvu qu’il me donne un plan, une direction et à l’impératif si possible.

Il me semble que le pire des choix, c’est d’en avoir. Trop à l’aise dans ma camisole de force respectable sous tous rapports, je confonds sécurité prévisible et mort provisoire. Je justifie scrupuleusement chacun de mes actes – de toutes mes respirations maladroites à mes cas de conscience financiers – par rapport à cette morale qui fait que je me se sens bien dans ma peau, que je regarde fièrement les autres en souriant, que j’attends en dodelinant de la tête mon dernier souffle, sereinement.

Mais avant de prendre mon billet en première classe pour le grand voyage, je dois comme on me l’a dit – conseillé, dicté et prescrit – me donner de nouvelles perspectives, sans savoir exactement où cela s’achète. Puisque que je dois obligatoirement aller de l’avant, et quitte à ramper, autant trouver une autre drogue que ma famille en instance de rupture pour prendre une option sur l’asile professionnel ou l’exil artificiel. Alors s’il faut un substitut, je vais commencer par la voisine, les grandes causes et autres petits remèdes peuvent attendre encore un peu.

Une fois la copropriété consommée, je commence à prendre par moi-même des décisions pour en tuer d’autres, évidemment, et je crois obstinément m’éloigner d’elles en pensant que mon mobile et mon nombril sont bien meilleurs que leurs crimes et leurs égoïsmes. Mais, parfois, les sorties de route sont plus sûres que les routes elles-mêmes et, en fin de course, je me trouve au point de départ parce que je l’avais fui. Parce qu’en définitive, il faut bien trouver quelqu’un ou avoir besoin de l’aimer, non ?

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Teaser en série (2) A Serious Man V.1 : http://wp.me/pn1lw-P5

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Salif

Entre présomption de délinquance et légitime défonce, il y a l’enfance.

Bienvenu(e) dans la criminalité culturelle le jour, génétique la nuit et l’inflation des polices d’assurance, choisissez vos stéréotypes les plus fantasques, sans effets spéciaux, n’oubliez pas les bavures scolaires d’usage, voire prémonitoires.

Les plus pragmatiques des échantillons d’émeutiers possèdent le permis de l’excuse automatique et les autres, les patriotes qui s’ignorent, eux, ils aiment un bout de rue, un morceau de département, plus que la tension de la mère sur laquelle ils jurent à longueur de mensonge.

Tu aimes comme tu baises, par habitude, pour faire comme tout le monde.

À si souvent invoquer la rue et son cannibalisme économique, il se peut qu’elle vienne réclamer son dû, en nature, devant ta porte, cher client, sûrement voyeur, peut-être voyou, un jour.

Depuis que la misère est devenue un business, il n’y a plus de combat, enfin si, un jour il a existé, ailleurs que dans les regrets manifestes de nos géniteurs ayant confondu un charnier à ciel ouvert avec un eldorado en perte de vitesse sur le bas côté.

Je ne te demande pas de comprendre, mais seulement de te préparer.

Par une de ces nuits officiellement à but non lucratif, tu trônes le regard vitreux dans le vide sur un banc en décomposition depuis toujours et qui ne tiendrait vraisemblablement plus debout sans toi.

Les légendes urbaines ont la vie dure, la part belle, paraît-il, en espérant que le paradis en option et la postérité bling-brille ne soient pas des publicités républicaines.

Beaucoup confondent la nostalgie et la religion.

La confiance universelle, c’est comme le respect pour les faibles, cela ne se demande pas diplomatiquement, elle s’arrache en courant, les muscles crispés, la peur dans la glotte, le souffle court, les dents et le cul serrés.

Ceux qui longent les murs plus que leurs propres ombres n’ont jamais rien perdu en sang, ni gagné un centime, mais ils ont tout vu, alors ne t’étonne pas qu’ils parlent en droits d’auteur à ta place.

Entre un ami imaginaire et la folie ordinaire, il y a l’enfance.

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