Je donne plus l’oreille que je ne prends la parole, j’ai l’humanisme économe.
À la croisée des chemins, on se trompe de route afin d’avoir un entretien avec le destin, même si je ne le comprends pas en suivant mon instinct.
Le silence fait partie de mon histoire sans fenêtre sur vous, ni porte de sortie pour vendre une morale donnant un sens à mes actes.
Allez savoir qui je suis derrière mon masque fait de chair et de sang, ce que je sais sur mes commanditaires comme mes victimes et où je vais d’un pas meurtrier tel le temps qui passe.
Ma mélancolie est assassine et mon tourment est une tombe d’où je ne m’extirperai qu’au dernier souffle.
Mais un doute subsiste lorsque l’on fixe machinalement les cibles mouvantes plutôt que cet horizon bancal plus résigné que fidèle.
Et le planisphère ? Il nous écrase de toute son autopsie, de toutes ses rides guerrières.
Je préfère le paysage aux voyages !
Une ville reste une ville, ces odeurs de peur quand les pas claquent sur le sol en se faisant de plus en plus pressants, le bruit des ruelles orphelines de la lumière du jour, son visage raisonnable pour le tourisme plastique, son charme pour les cartes postales, sans oublier son calme invisible et anonyme.
Ce qui me plaît le plus ce sont les fenêtres, on devine ce qu’elles cachent négligemment, on se protège dans leurs angles morts, pour ne pas être de vu, pour rester méconnu.
J’ai cet instinct de conservation presque animal qui me préserve de ce mauvais goût bien humain pour l’héroïsme de manuel scolaire.
Alors mon nom n’est qu’une anecdote dans le monde des illustres qui cherchent des échos à leur nostalgie dans un regard, dans une guitare.
Une clef fatiguée, une porte à la fois étrangère et familière, un lit d’infortune pour une personne, un cendrier vide et un horizon imparfait me renvoyant à mes respirations inégales.
Peu importe l’endroit, c’est la même chose, sans les mêmes gens…
La limite entre habitude de l’usine humaine et paranoïa des oppressés de service ? Ceux qui en parlent en observant ceux qui sont censés le vivre, ils doivent avoir plus de réponses que de questions.
À force de me demander constamment ce que j’aime, je vais finir par savoir ce que vous pensez.
De retour à la case départ en avançant sur ma piste, le décor habite mes songes éveillés, quitte à y laisser leur mémoire.
J’entends des voix, mais je préfère les mots.
Je pourrais apprendre ta langue, mais tes hésitations en disent long !
Va savoir ce je fais du temps qu’il m’est est arbitrairement imparti puisque la petite mort ne m’attend plus ?
Si l’information c’est le contrôle, nous devons être bien suicidaires!
Le problème des messagers en transit qui rêvent d’être des passagers en stand by, c’est qu’ils oublient que les autres peuvent épouser la solitude.
Dans le doute, on confond mystère et zone d’ombre, mieux vaut ne pas comprendre que de ne pas savoir dans le vaste monde.
Me taire, apparemment, c’est ce que j’ai de mieux à dire.
…
Le temps est aux adieux, nullement aux présentations.
Les choses commencent et se terminent dans un aéroport, là où les hommes viennent de nulle part et vont forcément quelque part pour quelque chose ou quelqu’un !
J’atterris paisiblement, j’arrive tranquillement, je pars sur la pointe des pieds, mais ne peut me résoudre à rester ici. Le mouvement, c’est tout ce qu’il me reste.
Avoir plus de solitude que de questionnement, voilà bien la seule preuve que le silence existe.
Les images défilent à vive allure comme pour mieux satisfaire la boîte à souvenirs.
Je ne prends pas de plaisir particulier dans mon travail. Comme les autres, les plans se suivent mais ne se ressemblent pas, tout est une question d’imagination.
Les hallucinations modernes ne valent pas les pertes de conscience d’antan, quand tout n’était que supposition et illusion.
Je suis parti comme je suis venu, sans un bruit, sans un mot, il ne me reste qu’à choisir entre les limites du contrôle et le contrôle des limites.