Après avoir passé huit semaines le regard à hauteur de postérieur, la nuque en berne, il est temps de reprendre ses esprits. L’été se disperse comme il peut jusqu’à la rentrée et la valse des culs en bord des centres-villes s’achève sans plus de raison qu’elle n’a commencé. Le string est une religion et le cul un modèle économique. La clientèle a la monogamie participative et la pédophilie sélective. Un cul c’est un cul vous diront les plus érudits des pornographes de terrasse. Les vendeuses, quant à elles, font de la majorité sexuelle, du code pénal et des mœurs un flou un artistique devant l’écrasante vérité du premier rapport bucco-génital venu derrière une baraque à frites. Moralité «Lolita» n’est pas un livre, mais une industrie ! Alors les pucelles républicaines et les violeurs de l’entertaiment cohabitent pour le bien du marché. Parle à mon cul, ma tête est anale.
Et puisque nous sommes sous le régime —impotent— du cul, la pornographie devient de la poésie et la boucherie une manière comme une autre d’aimer pour la nuit ou pour la vie. Mais il faut rendre leurs lauriers aux vaincus. Que serait l’objet de la fessée sans le regard qui le désire simplement sans poser de question, juste en un instant, d’un bref mouvement de gauche à droite, de droite à gauche ? Rien. Alors gloire au miroir de l’âme accréditant que la conscience se trouve entre les hanches ergonomiques et les cuisses faisant office de comptoir ! Regarder le même cul dans les yeux, tous les jours que Dieu fait et jusqu’à la fin de la mode taille basse, cela relève autant du fétichisme que de la proctologie.
Mais que faire lorsque le cul tant aimé ne tient plus dans les mains ?
Le poids des années, les grossesses inopinées, l’irréductible cellulite, l’art de la table voire de la fourchette, les nouveaux modèles en vogue, le cul subit les affres de la machine Temps. Lorsque que le pourcentage de tissu reprend le dessus sur celui de la chair, la persistance rétinienne préfère les silhouettes à la haute définition. La goulue, de nos jours, serait une curiosité en streaming, rien de plus.
Apres la pensée unique, l’industrie fait dans la taille unique. Or le cul en question est un mirage en papier glacé pour fanatiques résignées. Tandis que les affameurs réécrivent Darwin, les feeders font du charlatanisme protéiné un moyen d’émancipation à la portée de toutes. Entre le carême et les soldes d’été. Du féminisme light pour des culs préférant la misogynie à l’anonymat ! Le système est si bien huilé qu’on en perdrait presque tout plaisir, les plus honnêtes des vicieux regarderont dans les yeux et les aguicheuses stringueront les leurs. Partir du textile pour remonter dans les cosmétiques, on appelle ça une révolution.
Mais ne nous enflammons pas, certes, le cul est un combat perdu d’avance puisque tous les belligérants s’entredéchirent sur l’opportunité de son voilage ou sa nudité intégrale. À y regarder de plus près, Archimède aurait mieux fait de réclamer un cul plutôt qu’un levier pour s’occuper du monde. Avoir un cul dans la tête ne signifie pas que l’on cultive une obsession, bien au contraire, cela indique que l’on laisse de l’imagination à nos mains. D’une pudeur légitime à une hypocrisie unanime, les plus beaux culs d’aujourd’hui font les guerres de demain.
Dernier étage avant le soleil, juillet 2010, 35 degrés.
J’attends qu’Icare fasse une overdose d’UV et repeigne la cour d’entrée. Pour tout vous dire, mon ventilateur s’est suicidé en tentant une énième fois de couper la patte de mon chat qui ne lui veut que du bien. Désormais orphelin et parent à charge, il me faut trouver une raison pour ne rien faire avant que l’on demande mon avis sur les excès d’orgueil de notre monde moderne. Ne posant que rarement des questions, je garde le silence car il est vain de m’extorquer une explication même un verre à la main. Alors, j’ai saboté l’interphone et la sonnette de la porte. Mais il reste le problème du tous connectés, que faire du truc qui sonne lorsqu’on ne lui demande rien? La téléphonie mobile n’engageant que ceux qui appellent, j’ai donné un peu de répit au summum de la technologie pour égoïstes universels. Plus de bip, plus de dring, plus de brrr…
Nous y voilà, un silence de règlement de compte et aucune justice aux alentours. Le paradis pour un impie.
Avec le temps, la canicule tente de me tuer à petit feu comme elle le peut. J’aurais bien voulu être une femme enceinte ou la salle d’attente d’un service gériatrique pour égayer les statistiques. Mais la mort me demande un effort que je ne peux décemment concéder. La gravité ankylosée, les muscles en berne, la bouche trop ouverte pour faire entrer de l’air, je prie pour une estocade comme lorsque l’on prie Dieu, c’est le geste qui compte pas le résultat. Et puis je veux bien souffler d’ennui, en revanche suffoquer jusqu’à l’agonie, c’est une voie sportive dans laquelle je ne peux m’engager sous peine d’y prendre du plaisir avec ma partenaire de lit. Faites l’amour pas les MST qu’ils disaient !
D’ailleurs, le lit et ma libido sont trop loin du salon, cela fait une quinzaine que nous ne nous sommes vus et depuis, la pornographie s’invite même dans mes céréales minceur. Je me dis qu’il est trop tard pour que je me prenne en main. Décidément, j’ai le cœur d’un manchot…
Whouha, pfff, arf, hum, heu… Rien à télécharger, l’été me ramène à la dure réalité nationale de la TNT. La télécommande est peut-être l’avenir de l’homme, mais sans piles neuves, je me contenterai de regarder le monde tourner en boucle par la fenêtre. Un embouteillage de nuages, des émanations de THC par une autre fenêtre et le mauvais goût quasi synchrone des voisins pour les refrains à base d’auto-tune. Un single et une déclaration d’amour en 8 mesures plus tard, rien ne se passe si ce n’est quelques preuves d’amour maternel avec une main et une joue d’enfant à l’étage du dessus, sans oublier l’écho du sex toy du couple d’à côté, dont l’accouchement a dû faire plus de dégâts collatéraux que d’heureux.
Je pourrais le twitter, mais cette mise en abîme finirait par me mettre la tête dans le merdier humain. Être ensemble, tout le temps, mais séparés sans but précis, juste pour donner dans l’humanisme, sans aucune responsabilité. Moi, je ne ressens plus rien et c’est mieux comme ça, c’est mieux pour toi, c’est mieux pour vous. Si je devais aimer, je finirais par voir les gens comme ils sont et je n’aime pas la violence en réunion démocratique et encore moins me salir les mains. Du coup, je les garde dans mes poches et je me surprends à siffler en même temps. Le surmenage me guette.
Un jour quelconque sur Terre à fixer le travail à la chaîne de l’horloge pour donner un peu de sens au vide. En perdition dans ce canapé —défiguré matin après matin par mon chat— où je me sens dans la peau du chauffeur de Miss Daisy. Mais où va-t-on et depuis quand suis-je là ? Nous sommes immobiles, est-ce une fuite d’huile ou de gazole ?
Ma cellule résidentielle commence-t-elle à sentir le faisandé ou ai-je omis de me laver depuis les vacances de la femme de ménage imaginaire ? Ni l’un, ni l’autre. Par mégarde, j’ai oublié une expérience scientifique en cours qui a pour but de définir le stade supérieur de la junk food. À l’oeil et au nez, les fabricants de ronron devraient subventionner mes travaux. Bref, je reprends mes esprits et mes crampes d’estomac en font de même. Mais quelle belle machine que l’homme, capable d’infini pour combattre le temps et réduit à la vacuité de la réalité par ses besoins basiques ! Je fixe l’horizon en restituant péniblement ces mots sur l’accoudoir gauche du canapé jadis blanc, désormais gris —pour le légiste et les archéologues.
Le comble de mon pragmatisme face aux choses, face aux gens, ce n’est pas que je refuse d’appeler à l’aide, mais que j’ai perdu le numéro du traiteur japonais. Alors, depuis j’hésite entre la grève de la faim et le cannibalisme.
Mon canapé, il est un peu comme feu mon banc. Jadis je traînais en bas de chez moi, à présent, je le fais à domicile. Drôle d’époque qui trouve du progrès là où il n’y en a pas. Peut-être que c’est pour notre bien. Peut-être que c’est pour le sien. Je le saurais bien, si un jour, par erreur, je sors de là !
PS : Vous pouvez remplacer le mot canapé par les mots : Femme, Nation, Travail, Religion et enfin celui qui lie tous les précédents les uns aux autres, l’Amour.
Mon propos liminaire portera sur la nature, la société et la monogamie.
Parler de l’Amour sans évoquer l’autre, en voilà une forme de solitude qui semble satisfaire la plupart des complexés du myocarde. J’imagine à mon cœur défendant qu’à partir du moment où compagnie et absence se confondent, il est impossible pour chacune des parties de contracter le moindre serment avec qui que ce soit. Disons que nous sommes en présence de l’histoire habituelle de lui et elle : lui qui ne pense qu’à prendre la tangente instinctivement et elle qui cherche à survivre puisqu’elle est détentrice de la vie. Et avec des objectifs aussi distincts qu’éloignés, comment pourraient-ils se comprendre, alors qu’ils n’ont pas su s’apprivoiser ?
Le drame évident dans tout cela, c’est que lorsque l’un des deux part pour une raison ou une autre, celui qui reste a besoin d’une vraie explication, qui plus est quand l’Amour ne peut se conjuguer qu’au passé. L’homme en a plus dans le crâne que dans le cœur, mais cela ne lui réussit guère au final, sachant que ses doutes salvateurs se transforment le plus souvent en prison idéale avec le visage de celle qu’il a quitté par l’une de ces nécessités animales. Pour ma part, j’ai horreur de courir pour courir et j’ai la même détestation pour le bonheur en forme de camisole de force, mais le problème du dilemme réside dans sa nature manichéenne. Nous avons beau étudier toutes les options envisageables, elles ne relèvent pas du caractère sacré de l’amour et de la haine.
Avant d’évoquer l’angle féminin des choses, passons en revue les démons et paradoxes des sujets mâles venus nous livrer leurs sentiments et les 1001 manières de donner du plaisir sans en connaître la définition. Entendons-nous bien, je ne juge pas, moi-même, jadis, j’ai cédé à l’appel de la forêt – depuis mon jardin en zone pavillonnaire – en convoitant ma voisine, une barre de chocolat ou même une paire de jambes sur un 4×3, mais certainement pas avec le talent et l’ambition de ces vendeurs d’amour qui n’en veulent pas. Il serait trop simple ou dans l’air du temps de définir l’homme comme lâche, mais sa passion pour les remords devrait être, elle, un moyen de reconstitution du puzzle des ruptures.
Avec du recul, je ne sais pas ce qui est le pire concernant notre analyse, à savoir le fait que certains hommes considèrent les femmes telles un objet ou que celles-ci envisagent les hommes comme un projet… Au vu de nos récentes recherches, nous en avons déduit ce que les femmes pensent vouloir avoir malgré elles, apparemment c’est de désirer le contraire de l’opposé et avoir l’opposé du contraire. Ha ! Je vois très bien vos mines déconfites, vos invectives télékinésiques et vos sourires de derrière le visage, ceci étant il n’y a rien de plus clair et plausible, comment réussir à être dans le sens des mœurs et rester fidèle à ses idéaux sans en arriver à ce dérangeant raisonnement ?
S’il vous plaît ne quittez pas la salle, il y aura un buffet à volonté et un speed-dating à la fin. Je veux simplement vous signifier que la mode de la multiplication des identités à partir d’un individu construit des impossibilités inconciliables pour le bonheur discutable de certains. Et ceci est à la fois un problème permanent et une solution provisoire, mais en aucun cas une vérité partisane.
Maintenant, chers confrères, chères consœurs, je vais vous citer le cas d’un sujet assez troublant et révélateur, un multirécidiviste exempté par son entrejambe et Marc Dorcel de toute espèce de moralité, puisqu’il faut des coupables pour faire des exemples. Je suis resté comme médusé devant la fougue et le cœur qu’il offrait dans ces récits porno affectifs. Et pour cause ! Selon ces dires, sa quête – celle qui se dessinait au travers de ses aventures extra ou intra conjugales – était uniquement guidée par la connaissance de la Femme, ça et rien d’autre. Vous me croirez si vous le voulez, mais c’est les larmes aux yeux qu’il m’avoua avoir échoué en tombant plus ou moins amoureux, la quarantaine passée, bêtement en allant au distributeur de préservatifs, un soir de Ligue des Champions et de maris absents, d’un de ces amours de brochure de concessions funéraires. Depuis il est inconsolable et l’optique de ne devenir qu’une image inamovible dans le regard de l’autre suffit à sa peine à perpétuité. A-t-il payé ce je ne sais quoi ou faut-il l’émasculer dans le doute ? Ce choix est plus tendancieux que la rupture en elle-même, non ?
Mais, j’ai également en tête un autre spécimen, caucasien, middle-class, catholique, de droite, jusque-là rien d’anormal. Celui-ci croyait dur comme fer avoir vu l’Amour, comme certains voient Dieu ou Elvis et il n’est pas revenu indemne de cette révélation mystique à l’eau de rose. Notez bien qu’à la base ce jeune homme respectait tous les critères de l’Homo-pragmaticus, sensible sur commande, viril dans la chambre ou dès la nuit tombée, équipé d’un avis à utiliser en dernier recours, stabilité humoristique et financière, ne vouant pas un culte à sa mère et avec de l’amour propre en option. Un modèle haut de gamme, rien à redire. Mais suite à cette révélation divine, il a fauté – non pas en forniquant, mais en offrant ses sentiments, malédiction – alors que sa relation monogame était homologuée comme amoureuse ! Plus je l’écoutais murmurer son histoire en ravalant ses sanglots, plus sa voix sonnait juste, son regard devenait certain et persistait dans l’aveuglement. C’est donc cela l’Amour ? Je n’ai pas réussi, pardonnez-moi chers confrères, chères consœurs à répondre à cette question, mais la nature éphémère de celui-ci lui confère une authenticité que le temps ne pourra jamais lui donner, jamais.
De ce témoignage là, nous pouvons tirer deux enseignements. Premièrement que la trahison est inhérente à la nature imprévisible des individus, de leurs sentiments et dans un second temps que seuls les justiciables avancent car ils n’ont personne à qui transmettre leurs colères. Concernant l’autre partie, peut-on deviser en se disant que se soigner c’est oublier et que par voie de conséquence mieux vaut se morfondre que pardonner ? Elle et lui, lui et elle emportant au fur à mesure des collisions de phéromones des morceaux de leurs icônes, de leurs vestiges, de leurs victimes, de leurs vertiges, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien, même pas un souvenir. Je crois en cela, la mémoire fusse-t-elle amoureuse, chacun en dispose et s’en accapare, mais qu’à trop espérer, à trop donner, on n’est plus soi-même, on n’est plus bon à aimer.
En définitive ce que je retiens de cette expérience d’hommes connaissant sans comprendre et de ces femmes qui pensent à leur place, c’est que tout ceci n’est qu’une dispute autour du mobile – mais pas du crime – et un motif suffisant de croire. C’est donc de cela dont il s’agit, la peur d’une vie sans religion à deux et je partage partiellement cette frayeur. Plus que la peur de la solitude, il y a la peur de perdre. La différence est ce qui nous définit les uns envers les autres, alors pourquoi ne pas être des opposés pour mieux se retrouver ?
Mes chers confrères, mes chères consœurs membres des cœurs brisés et des obsédés anonymesTM, demain nous discuterons ensemble de l’impact d’un animal de compagnie dans la stabilité déjà bien précaire du couple…