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Posts Tagged ‘dépression’

J’ai… J’ai… J’ai, hum… J’ai des problèmes de silence, je les voudrais de circonstance. Je ne manque plus de rien, mais pourtant je me démantèle de l’intérieur, petit à petit, sans jamais m’arrêter pour mieux mettre ma conscience en accusation aux yeux de ceux qui m’aiment. Vide à en perdre l’équilibre le jour et plombé à en baiser le sol la nuit, je regarde mes cheveux tomber et mon ventre prendre de l’avance tranquillement sur mes pieds. Durant mon temps libre, je cherche cette absence.

À défaut de la trouver en moi, je la traque sans relâche dans les travers de ma femme et la discontinuité de son amour quand elle dort, de ma famille et de leurs pannes de téléphone lorsque j’ai un début de migraine, de mes amis qui ont l’audace de me parler de leurs problèmes en à ma présence, de mes collègues et de leur carrière qui doit de plus en plus se pencher afin de m’apercevoir. Pourvu que ce ne soit pas de ma faute, de ma responsabilité, alors tout va pour le mieux. Mais cette dépression qui me berce et cette mélancolie du temps qui se fige, elles ne sont pas dupes et me réclament un peu de ma réserve personnelle de bonheur en échange de leur silence. Vous savez, le spleen, c’est comme le croque-mitaine, ça n’existe pas, c’est fait pour faire peur aux enfants et aux éternels adolescents !

On pourrait légitimement dire que je fais l’enfant, que je le joue, le surjoue dans un costume d’adulte – plus proche de la fin que du début de quelque chose – alors que celui-ci ne veut plus rien savoir du temps et de la distance qui s’écoulent. Et pour cela il ferme les yeux, arrête de respirer et se bouche les oreilles. Mais à un moment donné, je dois refaire surface et je ne veux plus avoir à faire avec mon pèse bonheur ou pèse malheur, c’est selon votre définition de la convalescence ou de la rémission. Je… Je… Je, hum…Je voulais juste ne plus rien sentir, quitte à n’avoir plus rien, rien !

Rien, hum, rien du tout, mais, alors rien, c’est une idée du néant qui a trop de sens pour que je puisse l’accepter et dormir dessus, tout compte fait. Mais mon tourment originel était toujours aussi abyssal pour moi. Ma libido ou mon psychiatre, pourquoi ne pas louer celui de quelqu’un d’autre ? Un nouveau vague à l’âme ! Un de ceux qui souffrent en silence et qui n’attendent rien du bonheur si ce n’est un jour de plus avec son passé. 21 grammes de poète, voilà ce qu’il me faut, rien d’extravagant, un peu de cet alarmisme salvateur, une pincée d’amour perdu à jamais, et quelques munitions pour toucher ce qu’il vise juste, rien d’autre, rien…

Me voici renaître sans recommencer, me questionner sans douter, en pleine déconstruction avec mon monde à réinventer, prêt à tout quitter sans jamais bouger. Je… Je… Je, hum…Je dois avouer que dans les premiers temps la joie nouvelle qui m’habitait prenait le pas sur tout jusqu’à ce que je disparaisse pour de bon, que je ne reconnaisse plus l’âme en peine dans le miroir, que mon odeur m’ait abandonné, que ma femme n’ose plus me toucher pour se persuader que ce n’était pas moi, plus moi. J’étais en présence de mon absence.

Le comble c’est que j’étais parfaitement dans mon rôle, dans ce qu’on attendait de moi, de ce qu’il était bon de montrer. Et je pourrais m’en satisfaire puisque faire semblant est mon métier. Ceci étant, je n’ai pas à construire de personnage la nuit à l’horizontale, les yeux grands ouverts à fixer le plafond sans que celui-ci ne daigne répondre aux questions que je ne me suis pas assez posées ! Je… Je… Je, hum… Je repense à ces souhaits qui n’ont d’autre intérêt que leur invocation et non leur accomplissement. J’ai eu ce que je voulais, je suis devenu ce que les autres désiraient, j’ai donné ce morceau de moi qui n’a d’existence qu’en me quittant, puis j’ai pris celui de quelqu’un d’autre, à qui je ne pensais rien devoir, sans réfléchir, comme un dû. Et maintenant j’ai une dette à la place du cœur.

Et pour la première fois de ma vie je comprends, peut-être trop tard, que je n’ai jamais été seul, que la meilleure des compagnies ne donne pas son nom, elle nous comprend sans nous juger, elle nous ressemble sans rien demander. Je n’ai… Je n’ai… Je n’ai, hum… Je n’ai plus de quoi pleurer, personne à incriminer pour les exactions du quotidien. Personne, mais vraiment personne. Merde, j’ai perdu quelqu’un ? Le malheur ou le bonheur, cela ne reste que des indices de satisfaction de l’existence en cours, des motifs de prétention ordinaires, sans aucun recul. Et si j’en profitais tout bêtement, comme ça, en faisant les comptes des bons et des mauvais points à la fin de mon préavis ?

Mais pour l’instant mon problème logistique est bien plus basique, banal, du domaine de l’échange équitable. Rendre cet autre moi, enfin toi à son propriétaire et récupérer cette part de moi qui me fait tant défaut, quelque part. Je constate que je n’avais jamais autant voyagé dans ma tête, sa tête, notre tête. Il me fallait à présent utiliser mes jambes, ses jambes, nos jambes pour me retrouver, pour la retrouver, pour nous retrouver. Mais le seul inconvénient dans les fantaisies – mise à part leur vacuité – c’est qu’elles n’ont pas leur place dans la machine à broyer de la réalité. Je me suis donc retrouvé, mais avant que je n’arrive tu es morte d’un long suicide sans morceau de toi, à cause de ce morceau de toi que je garderai pour toi, maintenant, en attendant que tu reviennes, un jour, peut-être…

J’ai… J’ai… J’ai, hum…J’ai si souvent parlé de la solitude gratuitement, juste pour mettre un mot sur mes égarements, uniquement pour clore une demande d’affection désintéressée que j’ai presque peur de lui dire au revoir à l’idée que les choses reprennent leur cours de manière anonyme, orpheline. Un souhait qui s’exhausse, c’est déjà une part d’idéal qui s’enfuit, mais une quête qui s’achève, c’est presque pire. Les questions ne sont rien, vraiment rien, rien, face à la fin. Alors, dorénavant j’aurai ma conscience pour moi et mon âme m’aura pour elle.

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JPOD

Je vous souhaite la bienvenue, ici, chez nous, chez vous, nous n’avons pas la culture d’entreprise, mais l’entreprise de la culture.

Meeting, happening, même combat !

Vous faites partie de la famille, abandonnez votre thérapeute, Dieu et votre amour propre, nous, nous vous aimons pour ce que vous êtes, ce que vous faites.

Je dois avoir la gueule de l’emploi et un petit quelque chose en plus de spécial ou alors, les fosses communes sont toutes équipées de machines à café.

Souriez, vous êtes officiellement mort, un CDI dans le portefeuille et une hypothèque de la maison du bonheur dans les promesses de fidélité.

Maintenant, les infarctus précèdent les calvities.

Caché dans une petite boîte trop parfaite pour être vraie, j’en construis d’autres pour vous tous, avec l’espoir que vous adoriez votre prison.

Je divertis le peuple en me faisant de l’argent : où est le mal ?  Tant que l’on ne me transfère pas vers la hotline ou le service après vente.

Il y a des vices acceptables, voire rentables, alors les plus scolaires d’entre nous préfèrent les participations aux bénéfices de l’industrie des pixels à l’argent sale des paradis artificiels.

Le crime, c’est tout de même mieux depuis son salon ?

L’obésité ou l’overdose ? Tout est une question de promotion !

Je me log chaque matin naturellement d’un air supérieur entre l’automate et le pantomime, pendant que tu pointes la misère sociale sur ton bleu de travail, derrière une machine qui ne peut penser sans toi.

Parfois, je me dis que l’esclavage c’est comme la mode, à force de suivre le mouvement, on pense l’incarner.

Peu importe les coups de fouet, du moment que l’on peut les revendiquer le premier.

Des régiments d’individualistes, vivant leurs ambitions par pack de six bureaux, dans un open space respectant les règles d’hygiène, mais pas celle de l’intimité.

Nous avons tous les mêmes diplômes.

Mais forte heureusement, en phallocratie, les droits de la femme ne font pas les salaires de la femme.

Pour rester dans les annales de l’entreprise certains font des dépressions, les autres des enfants.

Je préfère mes névroses souvent imaginaires, parfois obsessionnelles, à la monotonie de cette folie remplissant mes déclarations d’imposition.

Tous pensent réfléchir différemment, mais ils agissent de la même manière, dans le même sens, vers le même but.

Mais moi, j’ai des projets, je suis ne pas comme les autres, je combats le système de l’intérieur, un jour vous verrez !

En attendant, je fais semblant, j’achète quelques machins, je possède quelques trucs, pas grand chose, toujours dans la limite de mon découvert, pour ne pas attirer les soupçons, je prends un crédit, je file droit.

Je crois en ce que je télécharge, en toute légalité.

Certains ont des croisades humanitaires ou pédophiles, les autres des croyances nécrophiles ou mythomanes, moi, j’ai juste un besoin d’exister, je ne suis pas pareil, je me suis mis au bricolage.

Les jours d’ennui, j’hésite entre faire un don ou une OPA.

Un petit décontractant après le travail, entre collègues ou seul, un remontant dans ma voiture chaque matin en voyant le bureau se rapprocher dangereusement, un petit coup de pouce une fois la porte des toilettes close.

Moi, depuis le troisième bureau sur la gauche, celui avec le portrait de famille décomposée et ma figurine Green Lanterne achetée durant mon temps d’inertie sur E-Bay entre la première pause cigarette et le dernier mail groupé glorifiant un con et sa webcam, moi, je sauve le monde, demandez à mes euphorisants remboursés mais génériques, je combats l’horloge du lundi 08H00 au vendredi 17H00.

Je veux me faire un nom en perdant mon identité, dites bonjour à l’absurde banalité.

N’oubliez pas de mettre votre nom au feutre sur votre badge, prenez une viennoiserie et attendez la première vague de licenciement économique, en silence, gêné, comme à votre arrivée dans l’ascenseur.

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oz

Je n’arrive pas à choisir entre l’auto-incarcération et l’alter déception
(Surveillants de prisons 0 – 65 % des Français 1)

65-des-francais

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