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révolution française

1989, j’avais 9 ans et comme une envie indéfinissable d’être apatride en cette année de pré Coupe du monde.

Cette année là, le pays de la révolution en faveur des PME et PMI de l’époque s’enorgueillissait de sa justice implacable – demandez à Patrick Dils – tout en assumant à demi-mot le curriculum vitae de Paul Touvier, en attendant le plan Orsec en différé pour Hugo et une cinglante défaite à Tetris du mur de Berlin, oui encore lui.

À croire que l’on a sacrifié mes souvenirs d’enfance sur l’autel de l’amitié franco-allemande. Allez donnez-vous la main, qu’on en parle plus.

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C’était le CE2, une période chrysalide ou plutôt bâtarde entre le goût du pouvoir sur les plus faibles et la tragique réalité de ne pas en avoir les moyens, chaîne de vie.

Moi je n’aspirais qu’à profiter en toute quiétude des émanations de colles UHU, la testostérone populaire et les dogmatismes élitistes en ont décidé autrement en m’imposant de souffler 200 bougies sur une mascarade politique de plus.

Mes ancêtres n’étaient pas des Gaulois au vu des contrôles de police et en bons sauvages sans âmes qu’ils devaient être d’après l’église catholique, le concept marketing des sans culottes devaient leur paraître bien accessoire.

Le communautarisme gadget en ce temps-là n’existait pas et je ne connaissais encore que peu l’utilisation de la mauvaise foi.

Il était donc impossible d’échapper au déglutissement pavlovien et à l’unisson d’une déclaration de ratonnade à grande échelle.

Alors, la joie obligatoire que chaque élève était tenu d’arborer ne m’habitait pas, je n’ai jamais remué la queue à la vue de goodies tricolores ou aux premières notes du single national.

Célébrer un passé aux relents de Doom like ne faisant rêver que les amoureux des bruits de bottes, les vendeurs de pétards et ceux courant après n’importe quel ballon, cela m’était intimement insupportable, peut-être le syndrome du Déserteur© était-il déjà présent en moi.

Plus hypocondriaque que menteur, j’aurais pu me faire porter pale, à moins que je ne me fasse acheter contre quelques friandises et un paquet de stickers Panini.

La chaire d’un enfant est faible – redemandez à Patrick Dils !

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Au fond de la classe, prostré mais pas résigné, j’écoutais par intermittence la vulgarisation mièvre et idéaliste de l’Histoire de France dispensée de manière gauche et veule par le dernier spécimen à la mode sorti d’un IUFM.

L’instituteur de base certifié bon pour la prochaine reforme pratique la pédagogie du pleutre et la discipline d’un beatnik.

Sa mission était de créer un désir révolutionnaire chez une population estimant, à juste titre, que la démocratie et la vraie rupture avec le passé se nomme Game Boy et que l’objet fait l’individu puis les idées, à en croire la dernière publicité pour les Reebook Pump.

Avant de poursuivre, il serait bon de faire un bilan des forces en puissance. Entre ceux d’origine espagnole, portugaise, italienne, polonaise, les produits importés d’Afrique du nord maintenant implantés, et ce n’est pas faute d’avoir essayé de renvoyer le colis, les trois descendants de communistes fondamentalistes, le fan d’Henri Krazucki, plus votre serviteur l’ami chocolat, il ne restait guerre que deux Barristes en culotte courte ayant été fécondés sous Giscard pour défendre le patrimoine national, sans oublier le professeur de service prônant l’esprit républicain plus par fidélité envers sa fiche de paie que par conviction citoyenne.

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Bleu, Blanc, Rouge, il était hors de question que je me retrouve affublé d’un quelconque placebo idéologique qui insinuerait que je fusse contre quelqu’un, un étranger en particulier ou son prochain, surtout si le but est d’être en symbiose totale avec un ex-activiste de l’OAS et un Skin-Head en pleine réinsertion.

Après de multiples tractations allant de l’annulation du répertoire de l’affaire Luis Trio durant les cours de chant jusqu’à l’achat d’un vinyle des meilleurs génériques du Club Dorothée par l’école, la jeunesse, l’avenir de ce pays céda enfin.

L’affaire était entendue, la révolution française avait été achetée à bas prix et elle n’allait pas changer quoi que ce soit au programme, si ce n’est le décor, enfin pour le jour de la représentation devant les élus locaux.

Mais si les spectateurs fanatiques et occasionnels, ainsi que les acteurs pensant autant à leurs cachets qu’à la sécurité de leur emploi sont d’accord pour jouer la même dramaturgie, quitte à faire semblant, je simulerai donc du bout des lèvres tel un joueur de l’équipe de France de Football cette Marseillaise dont la violence unilatérale m’a donné le goût du Gansta rap et l’amour du « la France soit tu l’aimes soit tu la quittes ».

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