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Rentrer chez soi…

En voilà un concept original, comme si l’Homme était conçu pour être sédentaire, comme si l’homme était programmé pour être monogame. Cependant la société des gens heureux et du bonheur prêt-à-porter est passée par là et la machine humaine ne connaît pas la pitié – si elle n’est pas rentable – particulièrement envers ceux qui tentent de ne pas suivre scrupuleusement le mode d’emploi du sens de la vie. J’aime avoir toujours les mêmes habitudes, mais jamais au même endroit et encore moins avec les mêmes gens.

En général ma manière de vivre les irrite plus que ma façon de penser. La simple évocation de l’idée que je n’engendre pas du temps comme un cadeau divin parce que je ne fais que le traverser de part en part, elle remet en question les gens tout en les confortant. Mais on ne peut décemment pas porter tout le monde dans son sac à dos et encore plus, sa propre mémoire. Si je ne peux me souvenir de moi même, je n’aurai plus rien à regretter !

Pour moi, l’échec est semblable à un contrôle interminable derrière une famille fuyant leur chez eux pour les vacances, à un retard sur un vol qui produira le manque de mon scotch au bar déjà désert, à une réservation d’hôtel mal enregistrée qui annoncera une vengeance prochaine en faisant droit de privilège en doublant légalement dans les files d’attente. Ha ! Oui, je sais, les gens dans tout ça ? Hum, ils meublent avec plus ou moins de succès mon temps de transit entre deux échappatoires.

Justement en parlant des « gens », les seuls, les vrais, les uniques et irremplaçables, pour mon travail salutaire, j’en croise souvent, j’en croise beaucoup, j’en croise trop à vrai dire. Sachant que cette overdose d’humanisme garantit à elle seule mon mode de vie, je consens à mettre tout mon cœur lorsque je fais le tour du pays pour annoncer à ces personnes, avec leur vie sur le visage, qu’elles sont licenciées. Une fois la sentence assenée – nette, sans bavure et avec un sourire compatissant en option – je les vois hébétés, en colère, absents, effondrés, autant de choix qui les empêchent d’avancer suffisamment vite pour ne pas disparaître de l’organigramme du grand dessein.

À toute épreuve à handicap, le seigneur pourvoit une récompense à la mesure du sacrifice, alors dites merci à la culture de votre entreprise pour laquelle vous avez donné, sans poser de questions, les meilleures années de vos existences car elle vous propose un plan de résurrection en plusieurs étapes. Ne nous remerciez pas. Donc pour revenir parmi nous un jour, il faut que vous nous quittiez définitivement.

La manière dont on part est aussi – si ce n’est plus important que tout – ce que l’on a fait auparavant. J’aime à penser que les additions ne font pas le résultat. Pour certains leur emploi est tout, un but, une famille, un foyer et au moment de dire adieu à ce morceau d’eux qu’ils ne récupèreront vraisemblablement plus, je leur demande de fermer les yeux une minute car, à tout regarder comme si chaque chose autour de leur open space était primordiale, ils en oublient vite leurs priorités.

Personnellement, la famille, ma famille, cela n’en n’était pas une, disons que cela fait partie d’un pack à l’origine et du décor au bout du compte. J’ai des liens avec les miens, de ceux qui sanglent pour mieux m’aimer et qui me ramènent à chaque fois à ceux qui meurent du temps qui passe et qui portent mon nom. J’ai beau fuir aussi vite que l’avion le peut, elle me rattrape toujours.

Ne pas mourir seul, cela paraît être la seule obsession raisonnable, mais de la part des vendeurs d’amour à tout prix qui font de leur hygiène affective une morale à toute épreuve, je trouve cela d’un égoïsme dont seul les solitaires devraient se prévaloir. Apparemment, c’est ça l’objectif trouver quelqu’un, une fois qu’on l’a, il faut évidemment produire d’autres quelqu’un sous peine de s’ennuyer avec le premier quelqu’un. Je crois en la loyauté, l’honnêteté ça ne dure que le temps d’une pause café ou d’une partie de jambes en l’air, voire à l’horizontale. On aime couché, on cohabite debout.

Les gens, encore eux, ont un besoin maladif de savoir d’où les autres viennent, comme si l’on était condamné à n’être qu’un échantillon de notre passé. Je vois si souvent le monde d’en haut en classe affaire que j’en oublie le nom des terres en dessous. Mais si vous voulez savoir, moi, je viens d’où je suis maintenant.

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Il y a certains refrains auxquels je ne peux pas vraiment échapper, du bac à sable et ses luttes des classes par textile interposé aux séminaires des pions interchangeables travaillant pour une quelconque entreprise, alors écoutez religieusement la bonne parole qui vous veut du bien, sociabilisez-vous, que diable !

Jadis, je recherchais le calme et le recul d’une vie d’ascète sans embrigadement ou de l’une de ces misanthropies humanistes, force est de constater que ce monde du rendement à tout prix n’est pas configuré pour moi, alors je dois rentrer dans le rang des rebelles sans causes et accepter les amitiés biodégradables et les amours prépayées.

Je me rappelle par flashs, en me baladant les soldes venues dans les rayons consuméristes d’une galerie marchande, comment, au nom du partage et de l’hypocrisie, ma génitrice m’a inconsciemment appris à soudoyer mon prochain, l’innocence cela n’existe pas, enfin il n’y a pas de place pour elle dans la loi populaire d’un prêté pour un rendu – ceci ne s’applique à la perte de la virginité – que ce soit un jouet, un jus de pomme ou un coin du jardin d’enfant.

Et, à l’heure fatidique de l’âge de raison voire de résignation, je conscientisais ce guide de survie en société inextricablement amputé de l’honneur, de la dignité et de l’amour propre. Ces valeurs d’un autre temps m’ont été inculquées tant bien que mal sur l’une des cuisses de mon géniteur au moment du sermon dominical – après la messe et avant Téléfoot – mais ont trouvé un réel écho dans l’un de ces dessins animés du matin où recherches personnelles riment avec violence générationnelle.

Après le chômage de masse et la sélection génétique à l’embauche par l’une de ces erreurs statistiques, j’accède enfin à la vie active et ses vicissitudes faites de machines à café et de traîtrises promotionnelles. Avec suffisamment de cicatrices dans le dos, mon expérience m’a prouvé que de l’usine automobile en périphérie urbaine, aux studios de création importateurs de cocaïne, en passant par la radio associative et ses idéologies pacifistes, mieux vaut être hétéro-flexible que dominateur car la machine n’aime pas les exceptions, elles se nourrit des exemples.

Comment suis-je passé des timides et inavouables préliminaires d’un entretien à la nymphomanie bureaucratique et ses tickets restaurant ? Sûrement le jour où le verbe avoir a pris le pas sur le verbe être et que j’ai compris que l’humanitaire est un marché porteur si l’on accepte la guerre !

Après la première concession, j’oscille en boitant entre le proxénétisme supposé et la prostitution avérée pour quelques cacahuètes de plus sur mon 13ème mois, voire quelques miettes d’action et une plus grande place de parking pour justifier le tarif prohibitif de mon assurance auto de luxe.

L’ambition, je ne suis pas contre, ceci étant, le cannibalisme d’afterwork et le sabotage par la rumeur durant les pauses cigarettes, très peu pour moi ! Mais quelques cabrioles désintéressées et volages au nom de la culture d’entreprise, de la cohésion sociale, ainsi que la lueur lubrique dans ton regard pourquoi pas !

Je suis souvent catalogué comme un utopiste intégriste ou un cynique psychotique – il faudrait savoir à la fin ! – alors que mon simple crime est de ne pas avoir le sourire Banania automatique lorsque j’aperçois le prototype du connard de service, galbé comme une anorexique philippine avec la personnalité d’une toiletteuse pour chiens. Autrefois, dans d’autres mœurs, j’aurais pris un malin plaisir à écarteler du regard cet épouvantail institutionnel jusqu’à ce que son unique champ de vision se réduise à ses chaussures bon marché, mais ce matin là, je me contentais d’un simple bonjour.

J’ai, pour mon plus grand malheur et celui de mon banquier, plus de passion que de raison, je prends les gens comme ils sont et non pas pour ce qu’ils font, c’est une erreur de casting peut-être pour celui qui confond instinct de conservation et plaisir terrestres.

J’ai parfois peur en voyant ceux qui ont réussi, selon leurs résidences secondaires et leur égo atteint d’éléphantiasis  souvent trop dilaté pour en profiter, jamais repus de cette boulimie de petit pouvoir ou grand manque affectif, toujours à trouver des témoins ou des victimes pour se mettre en scène jusqu’à la mise en bière pour la plupart et la glorification sur plaque dans une rue sordide pour les plus magnanimes.

Avoir un plan de carrière, hum, certes c’est une preuve flagrante d’intelligence dans le secteur concurrentiel de la vie, j’en conviens, mais à bien y réfléchir vu le peu de temps qui m’est imparti dans cette loterie mondiale sans gagnants, je préfère bêtement être à la merci de l’inconnu, plutôt que de suivre les pas d’autrui en pensant fermement laisser les miens.

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