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Posts Tagged ‘amour’

Une boîte au-dessus de nous, une boîte au-dessous de nous, une boîte dans une autre ou l’inverse et peu importe, je continue à la regarder…

Une boîte sur mesure à sang pour sang pour satisfaire le remords de bénitier de mon karma et les aléas économiques du facteur chance. Elle me colle à la peau, elle m’enveloppe comme personne ne le pourra, elle m’emprisonne à jamais jusqu’à l’expiration de ma garantie, elle me préserve de la lucidité de mon âme, elle me réanime puis m’anime mécaniquement dans les bras d’une autre boîte. Une boîte sur mesure sans cloison ni voisin – sauf exception médicale – pour m’affranchir de ses limites, mon petit pied-à-terre en location, un bordel à ADN par dotation, une fabrique à cicatrices en commun, une preuve circonstancielle pour les pompes funèbres, un album de souvenirs pour faire patienter les autres boîtes. Je n’ai rien d’un écorché vif, elle est tout ce que j’ai, mais elle ne m’appartient pas, elle s’appelle revient.

Une boîte à ciel ouvert dans une tête se refermant sur elle-même, un garde-fou moral ou une évasion idéale avec laquelle je dois négocier à chacun de mes pas de travers sur le droit chemin, à chacune de mes respirations coupables une télécommande à la main. Elle demeure l’ultime rempart à la géolocalisation, elle se présente comme un ami imaginaire à défaut d’être présumé, elle me parle selon son bon vouloir avec un ton paternaliste et prophétique, elle ne condamne pas mes outrages journaliers, elle s’en lave les mains en me laissant seul avec un Dieu quelconque pour négocier le pardon prévisible. Une boîte à faire semblant avec ses semblables, je ne pourrais l’offrir à personne en dépit de mes sentiments d’usine, et oui je suis seul avec elle mais au moins je peux rire de tout sans inviter l’avis de tout le monde. Je finis par croire en elle, à défaut de moi-même et plus le temps nous passe dessus au ralenti, plus on l’aime lorsque les morceaux d’Amour profitent des cimetières pour me quitter.

Une boîte ferme et définitive autour de moi, pour toujours, en attendant le dur labeur des lombrics, cette boîte ma dernière maison et ma première fois d’après la réincarnation, j’en viens à regretter mon HLM, l’agoraphobie du covoiturage à la chambre à coucher, et même les autres. Elle ressemble à s’y méprendre à l’ennui mortel durant ma carrière scolaire tout en me rappelant la léthargie au sortir de table lors des réunions consanguines avec patronyme en commun et intimités divergentes. Elle prononce la fin du bonheur des uns et de la litanie des autres, elle provoque le vide et réclame des comptes en mettant la Foi face à ses responsabilités, elle promet l’infini à qui veut l’entendre au lieu d’accepter les faits. Une boîte à faire la fortune des fleuristes, à ritualiser le pèlerinage des fumistes, à faire gémir et pleurer de rire, à construire les iniquités théologiques, à conserver intacts les liens qui nous sanglaient jadis. Je dois dire enfin apaisé que j’ai finalement trouvé sans le savoir ce que j’ai vainement cherché auprès de mon prochain. La paix ? Soyons sérieux, le silence.

Une boîte au-dessus de nous, une boîte au-dessous de nous, une boîte dans une autre ou l’inverse et peu importe, je me ferai incinérer…

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Aujourd’hui je fais la grève de la carrière en restant retranché au fond de mon lit, celui ou celle pensant m’y déloger n’est pas encore né ou déjà mort. Dans ces moments d’accalmie apparente pris entre deux feux – du réveil matin rébarbatif aux excès de zèle du facteur dopé par l’interphone – j’hésite entre le marchand de sable et le farniente sous ma couette, en me retournant maintes et maintes fois sur moi-même pour trouver l’équilibre tout en m’enlisant paisiblement.
Je repense toujours enivré à ma nuit de perdition à deux et que celle-ci n’a que peu duré, sachant que tu es partie trop tôt pour le monde hostile au-delà du lit, de la salle de bain et de ses impératifs militaires. Heureusement que tu as laissé ton odeur en partant. Mais le matelas réclame un armistice au vu de ses états de service et de son sens du sacrifice, mais il ne viendra pas aujourd’hui, j’ai décidé de tuer le temps en l’étouffant de tout mon cul, comme le veut la coutume.

Pas les moyens de souffler un instant, c’est au tour des murs blancs couleur location de se rapprocher dangereusement de mon espace vital ou peut-être que je me dilate en divaguant sur les prérogatives de mes uniformes étiquetés conformes dans la penderie assemblable avec un tournevis et un marteau d’après le mode d’emploi. Le plafond toujours aussi bas me regarde avec insistance comme pour me rappeler que mon entraînement pour le dernier voyage ne dure que huit heures et que la maison ne fait pas crédit, même si je semble le croire. L’étendage me fait la gueule pour cause de surpopulation perpétuelle et d’abandon quasi définitif, la dépression est proche et la machine à laver est trop loin pour que je lui alloue un quelconque espoir. Puis l’industrie humaine reprend le dessus sur la bande fm, les portes de mes voisins claquent successivement et nerveusement jusqu’à ce que le silence s’en suive. Plus amorphe que résigné, mon chat se lance dans une imitation assez réussie du croquemitaine, je ne lui ferai aucune remontrance mais j’oublierai de le nourrir. Oui, en effet seul le ventre déterminera le dénouement de ce statu quo.

Des choses sonnent, d’autres bipent, le balai technologique prêt à paterner n’offre que peu de répit à ses maîtres trop dépendants pour avoir des rêves. Il n’y a que le lit pour nous sauver de nous-mêmes quitte à voir le soleil passer à l’ouest sans rien y faire. Merde, j’ai oublié le chargeur de la modernité dans le bureau, alors j’accepte que le progrès s’en aille car ma fainéantise est plus tenace que mon addiction. Et c’est mieux comme cela, puissent les choses si importantes passer au dessus de ma tête, ainsi je voudrais simplement que ma boîte à image s’arrête de tourner pour que j’en descende le temps d’un coma mérité. Mais je préfère me distraire que me retrouver. Et, finalement, sur le côté du lit mon avenir du jour devrait se décider entre regarder en boucle le trailer de Scott Pilgrim vs the world et enfiler les gants de boxe d’Arthur Cravan pour passer à tabac la poésie en quelques pages, pragmatique je décide de ne pas choisir sur fond de MGMT et Sexion D’assaut.
Clairement, je ne peux ni dormir comme un juste ni rattraper le temps recherché, j’ai tout perdu parce que ne rien faire demande trop de travail…

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Puisque le cœur m’en disait, j’aurais voulu en perdre ma tête, mais j’y ai laissé le reste…

Tout est une histoire d’attente d’une vie, de passantes inconnues et de terminus plus ou moins définitif. Voilà, nous sommes arrivés à destination, tout le monde descend, enfin moi, pour sûr. Parfois au hasard des caprices de la circulation, c’est en rentrant chez soi que l’on perd son chemin en croyant fermement que rencontrer un platane vaut mieux qu’accepter la fatalité. À vrai dire, je ne sais plus comment tout est arrivé, le moment où le temps a cessé d’être un compagnon fidèle pour devenir un témoin à charge entre anomalies et destinées. Techniquement, j’aurais dû être à l’abri de tout cela, question d’éducation, de programmation, mais la timidité la plus flagrante a des montées de bonheur incontrôlées. Alors j’ai quitté la route pour ne plus la retrouver. Ma vie suivait scrupuleusement les desseins du papier millimétré imprimé dans ma tête et mon regard avait plus tendance à s’excuser en fixant le sol qu’à soupirer en défiant le ciel. Mon hymne à la joie au son de la pointeuse, mon régime élémentaire plus rigide que psycho, aucune entorse à la règle, pas de fantaisies sentimentales, rien d’extraordinairement particulier, tout de la routine parfaite. Puis tu m’as rattrapé au vol sur la route du déjà-vu.

Plus les jours passaient à loisir sur notre insouciance de porcelaine, plus je prétendais parler au pluriel. Depuis elle, je ne suis plus tout à fait moi et c’est bien ça le problème et la solution. Pour moi l’Amour est une forme de don de soi jusqu’à la dernière pièce, tandis que pour elle, il est un suicide à rebours, à deux si possible et plus si infidélités. Nous le savions dès le départ, mais sur une erreur de jugement en secourant l’image que l’on a du désir, on peut croire que l’on a l’âme d’un sauveur et cela suffit à tous les sacrifices, même les plus idiots. Pour tout dire, j’avais tout du réparateur et peu de points communs avec l’âme sœur, mais en partant de rien, on peut se satisfaire de pas grand chose. Et une habitude en provoquant une autre à chacune de ses disparitions punitives, je savais d’orès et déjà dans mon fort intérieur qu’une nouvelle part de moi allait devenir sienne et c’est bien ce que ce que je recherchais après tout, pour être honnête.

De rendez-vous manqués en attente téléphonique, j’ai appris à chérir ses absences comme des sursis nous séparant du drame suivant. Pourquoi invoquer les maladresses des accidents aléatoires lorsqu’on a le talent du sabotage sur sa propre personne ? Certains aiment jouer à la mort pour être sûr de lui survivre au moment opportun. Le seul inconvénient avec les récidivistes et leurs tentatives, ce sont les dégâts collatéraux à même le domicile et leurs prisonniers de guerre atteints du syndrome de Stockholm. Je crois que j’aime le feu autant qu’elle, ils sont indissociables et donnent un goût de paradis à l’autodestruction. Mais dans le jeu de la surenchère passionnelle, il vient un moment où l’on n’a plus rien à donner, et donc fort logiquement, bientôt à coup sûr, un jour sûrement, demain peut-être, je ne lui servirai plus à rien. L’Amour est une parenthèse raisonnable pour l’instinct de survie.

Puisque le cœur m’en disait, j’aurais voulu en perdre mon âme, mais j’y ai laissé le reste…

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Ma vie préfabriquée, grise, lente, raillée est intégralement cernée par une émission de télévision qui s’intitulerait les Maçons du cul où nul ne pourrait échapper au devis de l’entrepreneur. Comme cela va de soi, l’argent forcement sale et la violence notamment criminogène en sont ses dépendances. Avec un compte en banque dépressif et une masse musculaire à même les os, voilà mes options. Un programme de haute tenue oscillant entre la philanthropie hypothétique et la proctologie expiatrice, et vous êtes priés de dire merci en sortant. À force de voir en boucle l’industrie monde comme une immense succession de collusions, de collisions, de chair en fusion, désabusée et hypnotisée, je ne vois plus de gens, plus de genres, tout est mixte, puis asexué ! Rideau. Encastré dans mon lit une fois la nuit effondrée, je pourrais prendre mon pied mais je lui préfère ma tête, sans la garantie que cela serve vraiment à quelque chose ou à quelqu’un d’autre…

Dans mes jours sans coma, ni cauchemars, j’arrive à respirer sans m’étouffer à la vue des barbelés encerclant mon jardin d’enfant et lorsque pris d’un espoir panique je ne fonce pas contre les murs, ce sont eux qui me percutent de toutes mes tentatives avortées. Totalement sonné et quelque peu résigné, je retourne sur mes pas – qui m’attendaient sagement – trouver une occupation moins dangereuse que ma propre soif de liberté. Pour passer le temps, les honnêtes gens gesticulent en aboyant au reste de la création le bilan comptable de leur générosité – exonéré d’impôt ou de purgatoire – moi je préfère ma culpabilité où je trouve mes motifs plus justes, ceux-ci passeront les caprices des modes humanitaires. Arf… Certes ce n’est pas grand chose, mais je n’ai pas dans le sang le courage de la vengeance et à force passer mon chemin pour oui pour non, j’en ai perdu le goût de la marche et le sens de l’orientation.

Mais le plus naturellement du monde, le cul vissé à ma chaise, je ne peux guère que tourner sur moi-même pour trouver la bonne direction et prendre la bonne décision. Mon panorama journalier composé au minimum de téléphonie aliénante et de micro-informatique décorative complète à merveille un cortège de pin-up sur fond de tapisserie agonisante, elle-même asphyxiée par ce subtil mélange de renfermé et de nicotine où la lumière du jour s’aventure accidentellement par quelques fissures, uniquement les jours de canicule, pour indiquer au ventilateur qu’il est en panne. Cette oeuvre d’art ressemble à s’y méprendre au design de ma boîte crânienne et au démantèlement urbain en perpétuelle reconstruction. Alors, pour me plaindre et gagner du temps sur mon acte de décès, je pourrais le plus tranquillement du monde parler de prison. Soit, mais j’aime à penser que je vis des vacances pas comme les autres et que la vie est une chienne ou une main droite.

Une fois que j’en ai fini avec la minute obligatoire de plaisir personnel, le corps à l’abandon et l’esprit en suspens, presque lucide, j’arrive durant très peu de temps à me voir comme je suis, sans mon costume d’enfant trop petit pour la douleur d’un homme qui ne veut pas en être un. Que les choses soient claires, je possède plus de flashs de paumes de main s’abattant sur moi que de photographies de goûter d’anniversaire artificiel. Je fais avec, et vous ? En redescendant sur terre, je suis blafard, blême, voilà le visage qui me va le mieux, mon masque attitré sans fanatisme ni faux semblants. Soyons francs, je ne sais pas qui joue le mieux au poker menteur entre ma mémoire et moi.

Je perds souvent d’ailleurs, et dans ces occasions – privilégiées sans canapés – en reconstituant la scène du crime et la partie de puzzle, il m’arrive sur un malentendu d’inventer des univers parallèles qui dissocieraient les méthodes de la morale. Dans un autre montage de mon histoire passée, j’aurais même le pouvoir de pouvoir. Mais cet endroit intime entre mon imagination et ma mémoire ne vend que des échantillons et aucun mode d’emploi. Dans cette pièce secrète quelque part dans ma tête je côtoie des images trop parfaites pour être vraies, des issues finales qui ne m’amènent qu’à d’autres poignées de portes cachant une autre pièce et je subis malgré moi des sentiments étrangers, refoulés, oubliés. Je ne sais pas qui ils sont, peut-être des rêves, mais je réclame une trêve ou un réveil matin. J’ai peur de toutes les fins, alors je ne termine jamais rien.

Peu importe ce que me demandent, me suggèrent ou m’intiment ces voix qui veulent mon aide, prétendent à mon bonheur ou m’ordonnent comment aimer, travailler, uriner. Je n’écoute plus rien, je n’entends plus rien. On a tellement pensé à ma place que je suis pas sûr de vouloir savoir qui je suis. Et l’image que l’on a de moi finit peu à peu par me satisfaire. Elle ne veut rien et cela me va car nul ne survit à son enfance et encore moins à ses démons.

Dans ce cas qu’y puis-je du poids de mon héritage paternel ? Accepter que les autres le voient à travers moi ? Jouer le jeu en l’imitant jusqu’à l’aimer ? Le tuer une fois pour toute afin de lui échapper ? Ce ne sont pas des options, mais des culs-de-sac !

Parfois lorsque je sème provisoirement mes flashbacks, j’ai la confuse impression – incarcérée dans mon train-train quotidien – que je ne suis que de l’ADN en perdition avec un patronyme pour toute explication et consolation. Heureux que je devrais être d’avoir eu une famille, même en décomposition, et un toit miséreux avec une porte qui se refermait à l’usage sur la loi. Ne pas savoir, c’est souvent mieux que penser comprendre.

Ce qu’il y a de pire dans tout cela, c’est de ne jamais avoir connu la défaite car personne à combattre ! Alors, pour occuper mon temps libre et occulter mon tourment, je trouve des missions de sauvetage à ma mesure, des plans parfaits – enfin à peu près – qui ne réussiront jamais – à coup sûr – et ce n’est pas grave au fond, personne n’est au courant. Avec du temps et un peu d’argent, je finirais au moins par sauver la face dans ce no man’s land où chacun fait profil bas, plus bas que terre. J’aurais enfin mon but, à moi, mon signe extérieur de détresse. Secrètement je me persuade que les parois étriquées du monde qui somnolent toujours et encore, termineront leur course à mes pieds, alors enfin j’aurais gagné, par abandon, par arrêt de l’arbitre, par patience…

Et là quand il n’y aura plus de décor pour me maintenir debout, aurais-je de quoi souhaiter ma libération ? Plus de démons, plus de sauvetages, plus d’attaches, juste la vie devant moi, c’est plus effrayant que palpitant, j’en crèverais presque ! Comme tout fantasme, le meilleur moment est encore le laps de temps où on l’espère sans trop y croire et lorsqu’il arrive on est forcément déçu, il était plus beau dans ma tête, plus beau sur internet ! Ce sont les choses qui n’existent pas qui nous font avancer, ce que l’on peut saisir, on l’a déjà oublié. J’en suis précisément à un moment, dépourvu de questions et débarrassé des réponses, où je me sens renaître en laissant derrière moi les statistiques et la fatalité.

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Rapport XY, Dossier 08122006, déclassifié

Mes chers confrères, mes chères consœurs,

Mon propos liminaire portera sur la nature, la société et la monogamie.

Parler de l’Amour sans évoquer l’autre, en voilà une forme de solitude qui semble satisfaire la plupart des complexés du myocarde. J’imagine à mon cœur défendant qu’à partir du moment où compagnie et absence se confondent, il est impossible pour chacune des parties de contracter le moindre serment avec qui que ce soit. Disons que nous sommes en présence de l’histoire habituelle de lui et elle : lui qui ne pense qu’à prendre la tangente instinctivement et elle qui cherche à survivre puisqu’elle est détentrice de la vie. Et avec des objectifs aussi distincts qu’éloignés, comment pourraient-ils se comprendre, alors qu’ils n’ont pas su s’apprivoiser ?

Le drame évident dans tout cela, c’est que lorsque l’un des deux part pour une raison ou une autre, celui qui reste a besoin d’une vraie explication, qui plus est quand l’Amour ne peut se conjuguer qu’au passé. L’homme en a plus dans le crâne que dans le cœur, mais cela ne lui réussit guère au final, sachant que ses doutes salvateurs se transforment le plus souvent en prison idéale avec le visage de celle qu’il a quitté par l’une de ces nécessités animales. Pour ma part, j’ai horreur de courir pour courir et j’ai la même détestation pour le bonheur en forme de camisole de force, mais le problème du dilemme réside dans sa nature manichéenne. Nous avons beau étudier toutes les options envisageables, elles ne relèvent pas du caractère sacré de l’amour et de la haine.

Avant d’évoquer l’angle féminin des choses, passons en revue les démons et paradoxes des sujets mâles venus nous livrer leurs sentiments et les 1001 manières de donner du plaisir sans en connaître la définition. Entendons-nous bien, je ne juge pas, moi-même, jadis, j’ai cédé à l’appel de la forêt – depuis mon jardin en zone pavillonnaire – en convoitant ma voisine, une barre de chocolat ou même une paire de jambes sur un 4×3, mais certainement pas avec le talent et l’ambition de ces vendeurs d’amour qui n’en veulent pas. Il serait trop simple ou dans l’air du temps de définir l’homme comme lâche, mais sa passion pour les remords devrait être, elle, un moyen de reconstitution du puzzle des ruptures.

Avec du recul, je ne sais pas ce qui est le pire concernant notre analyse, à savoir le fait que certains hommes considèrent les femmes telles un objet ou que celles-ci envisagent les hommes comme un projet… Au vu de nos récentes recherches, nous en avons déduit ce que les femmes pensent vouloir avoir malgré elles, apparemment c’est de désirer le contraire de l’opposé et avoir l’opposé du contraire. Ha ! Je vois très bien vos mines déconfites, vos invectives télékinésiques et vos sourires de derrière le visage, ceci étant il n’y a rien de plus clair et plausible, comment réussir à être dans le sens des mœurs et rester fidèle à ses idéaux sans en arriver à ce dérangeant raisonnement ?

S’il vous plaît ne quittez pas la salle, il y aura un buffet à volonté et un speed-dating à la fin. Je veux simplement vous signifier que la mode de la multiplication des identités à partir d’un individu construit des impossibilités inconciliables pour le bonheur discutable de certains. Et ceci est à la fois un problème permanent et une solution provisoire, mais en aucun cas une vérité partisane.

Maintenant, chers confrères, chères consœurs, je vais vous citer le cas d’un sujet assez troublant et révélateur, un multirécidiviste exempté par son entrejambe et Marc Dorcel de toute espèce de moralité, puisqu’il faut des coupables pour faire des exemples. Je suis resté comme médusé devant la fougue et le cœur qu’il offrait dans ces récits porno affectifs. Et pour cause ! Selon ces dires, sa quête – celle qui se dessinait au travers de ses aventures extra ou intra conjugales – était uniquement guidée par la connaissance de la Femme, ça et rien d’autre. Vous me croirez si vous le voulez, mais c’est les larmes aux yeux qu’il m’avoua avoir échoué en tombant plus ou moins amoureux, la quarantaine passée, bêtement en allant au distributeur de préservatifs, un soir de Ligue des Champions et de maris absents, d’un de ces amours de brochure de concessions funéraires. Depuis il est inconsolable et l’optique de ne devenir qu’une image inamovible dans le regard de l’autre suffit à sa peine à perpétuité. A-t-il payé ce je ne sais quoi ou faut-il l’émasculer dans le doute ? Ce choix est plus tendancieux que la rupture en elle-même, non ?

Mais, j’ai également en tête un autre spécimen, caucasien, middle-class, catholique, de droite, jusque-là rien d’anormal. Celui-ci croyait dur comme fer avoir vu l’Amour, comme certains voient Dieu ou Elvis et il n’est pas revenu indemne de cette révélation mystique à l’eau de rose. Notez bien qu’à la base ce jeune homme respectait tous les critères de l’Homo-pragmaticus, sensible sur commande, viril dans la chambre ou dès la nuit tombée, équipé d’un avis à utiliser en dernier recours, stabilité humoristique et financière, ne vouant pas un culte à sa mère et avec de l’amour propre en option. Un modèle haut de gamme, rien à redire. Mais suite à cette révélation divine, il a fauté – non pas en forniquant, mais en offrant ses sentiments, malédiction – alors que sa relation monogame était homologuée comme amoureuse ! Plus je l’écoutais murmurer son histoire en ravalant ses sanglots, plus sa voix sonnait juste, son regard devenait certain et persistait dans l’aveuglement. C’est donc cela l’Amour ? Je n’ai pas réussi, pardonnez-moi chers confrères, chères consœurs à répondre à cette question, mais la nature éphémère de celui-ci lui confère une authenticité que le temps ne pourra jamais lui donner, jamais.

De ce témoignage là, nous pouvons tirer deux enseignements. Premièrement que la trahison est inhérente à la nature imprévisible des individus, de leurs sentiments et dans un second temps que seuls les justiciables avancent car ils n’ont personne à qui transmettre leurs colères. Concernant l’autre partie, peut-on deviser en se disant que se soigner c’est oublier et que par voie de conséquence mieux vaut se morfondre que pardonner ? Elle et lui, lui et elle emportant au fur à mesure des collisions de phéromones des morceaux de leurs icônes, de leurs vestiges, de leurs victimes, de leurs vertiges, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien, même pas un souvenir. Je crois en cela, la mémoire fusse-t-elle amoureuse, chacun en dispose et s’en accapare, mais qu’à trop espérer, à trop donner, on n’est plus soi-même, on n’est plus bon à aimer.

En définitive ce que je retiens de cette expérience d’hommes connaissant sans comprendre et de ces femmes qui pensent à leur place, c’est que tout ceci n’est qu’une dispute autour du mobile – mais pas du crime – et un motif suffisant de croire. C’est donc de cela dont il s’agit, la peur d’une vie sans religion à deux et je partage partiellement cette frayeur. Plus que la peur de la solitude, il y a la peur de perdre. La différence est ce qui nous définit les uns envers les autres, alors pourquoi ne pas être des opposés pour mieux se retrouver ?

Mes chers confrères, mes chères consœurs membres des cœurs brisés et des obsédés anonymesTM, demain nous discuterons ensemble de l’impact d’un animal de compagnie dans la stabilité déjà bien précaire du couple…

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Heu… Je crois, enfin, je pense, hum… à moins que je n’invente… mais il me semble qu’embourbé corps et âme dans mon mensonge, j’ai toujours voulu raconter une histoire le plus simplement du monde pour qu’elle existe par elle-même, avant de la vendre à quiconque ! La narration, le mime ou la ventriloquie, quelles curieuses façons d’admettre que l’on ne peut décemment vivre seul ici-bas et qu’en dépit du peu d’intérêt du public, chaque personnage a besoin d’un spectacle pour patienter le temps d’une vie. Ma saugrenue contribution au système du récit humain réside dans le choix plausible, les perspectives possibles et les fins alternatives, si tenté que l’issue finale en soit une.

Puis, sans s’en rendre compte, les histoires que l’on raconte pour les autres nous dépeignent mieux que l’amour ou l’amitié. Dès lors, on ne sait plus, pardon… je ne sais plus si je dois les vivre pleinement en priant qu’aucune autre imagination ne vienne me les ôter ou si je peux m’en souvenir à jamais en ignorant qu’elles appartiennent à ceux qui les traversent. Ma vision, ma version, mon chapitre, mon histoire, mes pronoms possessifs, pour tant d’auteurs et plus d’acteurs encore, le récit ne peut ainsi se restreindre indéfiniment à mon désir et suivre ma volonté sans que celle-ci ne me corrompe un jour prochain. Vous savez… enfin, peut-être vous ne savez pas, mais… sur la multitude des routes qui jalonnent le domaine de l’imagination, il y a deux types de voyageurs bien spécifiques : les poissons-pilotes et les poissons rouges ! Les premiers suivent le modèle dominant d’évasion générale et les seconds vivent d’indénombrables fantaisies en les oubliant toutes sans exception. Lesquels sont les plus heureux selon vous – puisque c’est le but avoué, envié ?

L’imagination… arghh… pfff… quel mot fantastique et enivrant à la fois ! C’est le bonheur absolu, puis l’euphorie permanente ! Oui, oui, l’imagination… Oui, c’est ça, ceci doit certainement la distinguer des rêves inaccessibles et des cauchemars incongrus ! Rien n’est moins sûr. Pour tout dire, à partir du moment où l’on a commencé louablement à mettre les histoires en boîte pour observer en troupeaux, tapis dans le noir obscur, il était à parier que celles-ci arriveraient à leur terme avant même qu’elles ne soient imaginées. Sachant que même dans les tragédies les plus modernes et modestes il faut un coupable, j’en désigne un afin qu’on le regarde comme une bête de foire, si cela est encore possible. Le voilà, tout près, juste à côté, ce phénomène se résume en un seul mot : la vitesse, la seule, l’unique et l’inarrêtable. Par la même occasion, laissez-moi vous rappeler que la vérité et son contraire sont devenus le régime de pensée en vigueur dans la société de ceux qui vivent couchés, de ce fait tout n’est une question vulgaire de preuves factuelles et de démonstrations grossières. Adieu, histoires à dormir debout !

Mais, avant d’aller – si vous le permettez – plus loin dans vos têtes, revenons un bref instant sur les lieux et l’horaire du crime, le point de bascule où j’ai choisi de ne pas choisir entre l’opportunité et le mobile. La vraie question est celle-ci : Imaginer ou Croire ? Quelle affaire que celle-là ! S’affranchir des limites toujours plus jouissives, lointaines et mères de perdition ou en imposer afin d’avoir la maîtrise des espoirs que génèrent celles-ci ? Quel dilemme ! D’une responsabilité à une autre, j’ai opté pour le pouvoir où ma morale ne serait pas un ennemi amical et qui, en outre, ne me lesterait pas vers la réalité au gré des déboires de la machine-monde.

Et comme il ne peut en être autrement, les jalousies immobilières, charnelles, monétaires et théologiques chantent à l’unisson la sérénade, puis le requiem de la discorde terrestre pendant que l’histoire s’efface peu à peu des esprits avant d’être prise à part, à témoin à l’heure des excuses informulables. Je dois confesser, malheureusement presque amusé par la répétition des événements, que les diversions en tout genre trustent les préoccupations de chacun. Et voilà le slogan « tuer le temps avant qu’il ne nous tue » ! Et voilà le refrain ! Alors que reste-t-il comme place à ma petite entreprise de divertissement ? Vous me direz vraisemblablement que l’ère du virtuel peut pourvoir à mes besoins, certes, mais au vu des états de service de l’original, je refuse de donner le peu de crédit qui subsiste en moi à la pâle copie qui tente de le supplanter par tous les stratagèmes identitaires pensables. J’admets bien volontiers que la nécrophilie – courante et universelle – par les armes ou pour Dieu possède en elle l’adrénaline et le mysticisme que mon spectacle, trop vivant pour être une fable, ne peut suggérer à des malades imaginaires.

Au pays des hypocondriaques, les mythomanes sont rois. Dans tous les contrats qui vous veulent et vous vendent du bien, les clauses en petits caractères érigent les sanctions divines ou pénales contre la promesse de vente de votre jardin secret et la part d’enfance que vous cachez au fond de vous. Je ne fais pas les comptes à l’amiable seulement les histoires équitables, et pour cause, je fabrique artisanalement des explorateurs d’eux-mêmes et pas des fanatiques d’un autre. Mais après y avoir tant cru, puis en avoir eu aussi peur, et fort logiquement avoir peur d’y croire, les plus fervents, les premiers finissent par espérer n’importe quoi pour ne plus avoir peur…

Avoir des principes – quelle prétention bien élevée, bien élégante ! – et vivre avec, cela se révèle être un défi des plus périlleux. Quant à l’application de ceux-ci au quotidien, en voilà une folie bien pragmatique ! Certains en ont perdu la santé, beaucoup leurs esprits et les autres leur âme. Par vanité et sûrement épris de mon idéal, j’ai longtemps montré d’un doigt inquisiteur la religion et ses actionnaires pour mieux me détourner de ma fierté virginale car seule l’histoire comptait au départ. Mais l’usure des répliques et la redondance des fins m’ont persuadé que le conteur faisait le récit, pas l’inverse. Au bout d’un moment comme tout ceux ne pouvant pas se résigner à tirer leur révérence, j’ai commencé à trouver des excuses en confondant création et rediffusion et comme cela était déjà écrit, j’ai préféré le Diable à l’oubli !

Le Diable, lui, ne vient jamais par ses propres moyens. Il est le plus souvent précédé par l’Amour, authentique et éternel, ce mystère quelque peu prévisible obtenant plus qu’il ne donne au moment où il prend consciencieusement congé de nous. Le mien avait le teint laiteux et parfois carmin devant l’antre de notre chambre, son regard ne se dirigeait que dans ma direction afin de me détourner de mon admiration, car l’Amour qui se contemple n’en est pas un. Il avait les mains trop petites pour les miennes, l’évasion était certaine, mais il me donnait matière à convoitise lorsqu’il m’offrait sa poitrine pour que la nuit me trouve, enfin. J’ai su sans savoir ni sentir qu’il allait me quitter faute de temps, comme toujours, comme tout le monde. Et, dès lors, je lui ai demandé ce que mon imagination ne pouvait me procurer, un rêve éveillé, un enfant de lui. Mais un objet du souvenir, on le garde férocement et on ne lui parle que peu de l’avenir.

Tant que je pouvais raconter à ce souvenir vivant, te ressemblant, toutes les histoires possibles et imaginables qu’il n’aurait pas à expérimenter de lui même, l’illusion tenait ses promesses de captivité et la magie des mots suffisait pour être dite et entendue. J’ai honte… comme vous pouvez le penser… mais l’alcool remplit son office en m’éloignant du but de mes histoires avec une rigueur que mes démons devraient adopter. Fou est celui qui pense maîtriser le récit d’autrui alors qu’il n’a jamais vraiment eu la main mise sur le sien et c’est cela que j’avais oublié pour mieux me le remémorer le jour fatidique où le souvenir vivant m’échappa, se détourna et s’enfuit.

La narration n’a pas de chaînes, peu de lois et encore moins de biens. Alors, j’ai repris mes esprits et ma plume…

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Jadis, je croyais fermement qu’il fallait crier pour aimer et suivre les ordres pour être aimé. Petit, avant que je ne prononce moi-même mon nom pour savoir qui j’étais je n’existais que dans la bouche de mon père, à l’époque où le monde tournait outrageusement autour des silences rhétoriques et de son regard rédhibitoire. Chacune de ses paroles assenées avec affection, mais sans le packaging, retentissait dans ma petite planète – faite de jeux d’adultes et d’innocence dérobée – comme le jugement dernier. Et celui-ci ne s’interromprait pas tant que l’homme château de carte qui donnait un sens à mes peurs ne s’en retournerait pas sur ses talons afin de trouver des mots pour comprendre sa propre violence.

Après avoir goûter, sans vraiment m’y habituer, à ses coups de tonnerre pour la énième fois, j’étais comme fasciné dès qu’il me regardait presque absent, mais totalement présent du haut du monde de ceux qui savent déjà tout mais qui n’apprennent rien. Lui, le père, ne savait pas s’il devait rire d’espérance ou pleurer de résignation en posant les yeux sur sa progéniture, sa créature, sa boîte à souvenir, à avenir. Je ne voulais pas le décevoir, comme si cela était possible, souhaitable, mais je n’ai jamais compris ce qu’il voulait en faisant tomber la nuit sur moi et lui non plus au bout du compte, pensais-je. Alors, nous nous taisions en soufflant en canon et c’était bien ainsi…

Parfois, lorsqu’il perdait pied dans sa réalité, il arrivait à s’extirper subrepticement de sa retraite faite de silence avérés et de sanglots refoulés. Comme tous les Hommes, il cherchait de manière psychotique des vestiges de la mère que je ne connaissais pas – la sienne ou la mienne – pour lui venir en aide, pour lui donner la force nécessaire, pour avoir de quoi croire juste un jour de plus. Demain n’existait pas pour lui. Mais il fallait s’y préparer et y survivre coûte que coûte, uniquement pour recommencer le jour suivant jusqu’à en avoir assez des pourquoi ! Je n’étais pas sûr de comprendre tous les tenants et les aboutissants de cette lutte que je ne voyais pas chez les autres, mais elle était notre héritage et je le porterais bien assez tôt.

Le temps, qu’on le veuille ou non, on le subit et pire on le regarde faire, une main dans le dos sans rien dire parce qu’il n’y a rien à expliquer, à demander, à combattre. Il faut juste vivre avec, voilà à peu près ce que mon père voulait me laisser comme mémoire en s’obstinant sans plaisir à ne jamais me donner le mode d’emploi de l’épreuve qu’il m’imposait. L’an 1. Le jour où il a voulu m’apprendre à nager en me catapultant sans mon autorisation dans un étang qui ne s’était pas lavé. J’aurais pu me noyer, j’aurais dû, j’aurais pu nager, j’aurais dû, finalement j’ai flotté, mais l’eau, elle ne s’en est pas enquise et ma leçon était donc celle-ci ! Alors, c’était à moi de voir si je voulais abandonner ou continuer jusqu’au jour où je perdrai comme tout le monde.

En outre, dès qu’un bref et rare moment d’évasion fantastique s’offrait à moi en levant la tête vers les nuages en perpétuelle mutation, mon père ne pouvait s’empêcher de les étrangler de ses propres mains sous mes yeux, naturellement. Comme pour me faire rudement comprendre à sa manière qu’il n’y a rien à voir là-haut, circulez, parce qu’à y prendre goût trop rapidement, trop souvent, on ne sentait pas la chute et je finirais par ne voir que le sol en le prenant à témoin de mon mode de vie. Mon champ de vision devait se résumer désormais à droit devant, sans espoir de regarder en arrière. À force, j’allais devenir fidèlement ce que je vivais tant bien que mal et certainement pas ce à quoi que je rêvais les yeux grands ouverts durant mes crises de bonheur idéal. Du coup, je ne connaissais pas la déception !

Avancer, avancer, c’était le maître mot avec lui, avancer toujours et encore, sans s’embarrasser d’un quelconque but qui ne parle qu’aux croyants, sans s’encombrer de qui que ce soit qui ne s’adresse qu’aux vivants. Je crois, enfin, je doute que mon père n’ait jamais eu confiance en une autre personne que moi et le drame, c’est que je ne connaissais définitivement pas le sens de ce sentiment, car on le comprend qu’une fois qu’on nous l’a ôté, donc il a dû partir.

La dernière fois que j’ai vu mon père me parler avec le visage déformé à l’extrême, les cordes vocales prêtes à se déchirer, les veines proéminentes, les tempes puis le système lacrymal au bord de l’explosion, il essayait inlassablement de m’enlacer tout en m’écrasant,  me donner quelque chose tout en me l’imposant, étrangement, rien à avoir avec un présent qui offre un sourire en prime, mais plutôt une part de sa prison, interne, enfantine, amoureuse où la liberté – dont il aimait à promouvoir ses vertus en tempêtant – n’a jamais aussi bien résonné. J’aurai tant voulu lui donner une clef, la bonne, une porte de sortie, l’unique ou bien un morceau de mes nuages en échange de son trouble, ce bourdonnement incessant, persistant, assourdissant et dépourvu de trêve qui était le sien depuis son enfance soldée sur l’autel d’un père qui n’en était pas un.

Moi, le mien de père, il en était un, il n’avait pas besoin d’être un quelconque héros puisqu’il était là. D’autant que je m’en souvienne et plus je fouille dans ma mémoire morcelée pour avancer vers mon destin déjà bien ficelé plus il me reste des clichés au détail près de paysages défilant sans discontinu les uns après les autres. Mais il n’y a personne pour les habiter, si ce n’est la voix de mon père qui supervisait la visite guidée – aussi confuse que rassurante – de ma psyché en convalescence depuis l’enfance. Et dans ces moments là, touché par la grâce, le trouble, mon trouble s’efface de ma prison sur mesure, à croire que le bourdonnement incessant, persistant, assourdissant et dépourvu de trêve, c’était les autres après qui l’on court toujours et qui ne nous rattrapent jamais !

J’ai dû perdre la faculté apparemment obligatoire d’aimer, le jour où mon père a préféré me quitter durablement au lieu de fuir encore une fois, droit devant. Je n’ai pas eu le luxe de me retourner sur ses pas pour lui dire au revoir, il a fait en sorte qu’il soit déjà trop tard. Il m’a donné ce jour là l’amour qu’il n’avait pas, enfin, je ne sais pas, je crois, je le demanderais certainement à mon tour à mon fils quand je ne serai plus, peut-être que lui il m’entendra…

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Je ne vais pas te raconter des histoires qui finissent bien et que tu connais déjà trop, je préfère que tu le fasses à ma place, moi je sais encore croire. Emmurée à même ma convalescence pour cause d’apesanteur capricieuse, je hante à cloche pied, gaiement, ces couloirs muets d’avoir suffisamment hurlé où la mort devient le seul ami à qui tu dis la vérité vraisemblable.

Un matin, par accident –  un de ces accidents dont on crédite à tord le destin – tu m’as tendu la main que tu avais oubliée, comme ça sans rien dire, sans rien faire, depuis ce lit qui a poussé sur ton dos et qui ne veut décidément pas te quitter. Je suis rentrée dans ta tête remplie de bobines, en sautant à pieds joints entre ton delirium tremens et ma dépression raisonnable.

Peu importe où ta folie ordinaire me fait sombrer – de fantaisies militaires en voyages héroïques – je veux la fin de ton mensonge parfait bien plus que la suite de ma vie prévisible. Tu parles si bien de vengeance avec l’Amour perdu à jamais pour excuse pardonnable, alors j’ai pris part à cette guerre sans ennemi valable qui n’est pas la mienne, ni celle de personne d’ailleurs.

La guerre, elle a l’habitude de construire des morts à la chaîne et d’abonner des prisonniers à la perpétuité. Toi, tu es le tien en parlant la langue du chagrin comme une aventure heureuse qui ne peut être comprise qu’une fois vécue. Mais une fois la nuit tombée plus bas que terre, le sommeil ne te trouve pas, trop occupé que tu es à combattre ton tourment sur mesure, sans jamais vouloir réellement le toucher de peur qu’il n’existe plus.

Moi, mes nuits – sans Morphée, ni morphine – étaient habitées par ces héros impossibles et accrochés désespérément à tes lèvres, celles qui me rappellent que les rêves demeurent tout ce qu’il nous reste de nos âmes au réveil soudain. Parfois, nos songes endormis jalonnent nos maux originaux et nos maladies imaginaires de fenêtres de tir pour mieux partir au loin, là où la médecine moderne ne pourra pas nous rattraper. Je ne connais pas la souffrance, j’ai juste mal, mais ça passera. Et toi, comment ça va ?

L’Amour, je te dirai qu’on ne le perd jamais, on l’abandonne pour de plus ou moins bonnes raisons parce qu’oublier pour toujours, c’est toujours mieux que de se rappeler de temps à autre que l’on est vivant. Toi tu en parles si facilement sans le connaitre dans une langue étrangère, derrière un masque, au-dessus de tout le monde.

Tu confonds souvent « être bien entouré » et « vivre dans des remparts », mais la vengeance qui t’a donné des compagnons d’infortune, elle les reprendra lorsque la douleur sera plus forte qu’elle ou quand tu ne sentiras plus rien. Certes je déforme la réalité moi, mais je ne la trahis jamais comme toi.

Je joue la comédie, tu fais ton cinéma, tu me vends et je restaure un monde qui n’est qu’un prétexte à notre vie commune, je suis ce petit rien qui te leste ici-bas dans le camp de vacances de l’au-delà entre course de chaises roulantes et concours de perfusions. Tu sais, toi, un jour quand je serai grande – grande comme ça ! – moi aussi j’aurai un dentier comme ceux qui ont plein de plis sur le visage et je pourrai arrêter de cligner des yeux pour voir le monde comme il est apparemment, le monde de « tu verras quand tu seras grande ».

J’aimerais me dire que je resterai un souvenir qui offre des fossettes immobiles dans ton monde où les images défilent une par une, mais ne restent pas. Je continue notre spectacle – mais cette fois c’est moi qui suis sur le lit – à deux voix et quatre mains avec ces liens qui ne tiennent à rien pour écrire mon manque, tu sais celui de plus tard, ton absence en forme d’ombre et de flashback, orpheline de ce temps cherché, d’une enfance enterrée dans l’espoir de la faire pousser.

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Apparemment, tout le monde doit trouver sa place ou être à la sienne, même moi. Je baissais donc la tête – plus par habitude que par lâcheté –  pour être sûre que l’on ne m’en alloue pas une, par erreur en connaissance de cause, par hasard en toute bonne foi, par certitude pour mon bien. Allez donc savoir ce que je suis, vous, cachés derrière vos masques trop transparents. Connaître qui je suis, c’est ça le drame commun, l’anonymat nous préserve tous de l’attachement !

Mais lui, hum, lui, l’ombre dans ma rétine, hum, lui, je l’avais dans la peau comme il faut l’avoir, je l’avais dans mon cœur en éponge, prêt à accepter n’importe quelle offrande pourvu qu’elle comble quelques instants ce vide sans nom propre. Une première fois, c’est toujours une première fois, ça ne ressemble à rien, à rien de comparable, à rien de mémorable. Ça te ressemble en y repensant.

Ce rien, je le voyais maintenir en captivité ces deux faiseurs d’enfants – pieds et poings liés, toujours pratiquants, mais jamais croyants – qui réclamaient la reconnaissance de leur autorité dans chacune de leurs respirations : à table une fourchette à la main, à Noël les cadeaux sous le sapin, dans le salon la télécommande à la main, à la nuit tombée un toit sur la tête. Leur peine à purger dépendait uniquement de mon frère et moi, je ne sais pas comment leur faire payer ou les exhausser !

En attendant ce jour bénit, j’aperçois – sans réellement pouvoir ou vouloir l’attraper – le temps se traîner lentement de toutes ses conjugaisons et j’admets à ce moment-là malgré moi, que je suis au point mort. Mais depuis quand ? À vrai dire, lorsque j’ai saisi que j’étais la fin de la chaîne alimentaire et le début d’un engrais idéal, j’ai cessé de donner un sens gratuitement à tout, à tout le monde.

Il en va de même pour mon mal-être et mes états d’âme – me servant autant d’alibi que de mobile – prévisibles et dispensables. Que pourront-ils ses signes extérieurs de détresse face aux regrets omniprésents et à cette culpabilité sous-jacente dont les fantômes ont le secret ? Pas grand chose, hein ! Hé merde, j’aurai dû être malheureuse au lieu d’avoir l’amour automatique…

L’amour, cela se cherche désespérément et certains ne le verront qu’à travers les autres, n’est-ce pas ? Celui que l’on a sous la main ne suffit jamais vraiment, il nous appartient déjà, il fait partie du passé au risque de l’oublier. Où est-il lui, maintenant qu’il me manque, lui l’anodin, le familier ? Celui qui n’attendait rien, vraiment rien et c’était ça son problème, mon problème, puisqu’il faut en avoir.

Je suis partie plus à la poursuite qu’à la recherche de ce fragment de moi qui fait que ne le suis plus. En chemin, à chaque nouveau visage, je perdais la mémoire des gens, des choses, des années au fur et à mesure que mon imagination négociait un shoot de bonheur à cette douleur totale et sans fin.

Je ne veux à aucun prix qu’elle ne s’arrête, elle est ma croix, mon poids à moi seule, ma part de purgatoire sur Terre que nul ne pourra m’enlever ni comprendre. Je ne sombrerai jamais en sa compagnie, jour et nuit, années après années, elle finira par te remplacer et je pourrai toujours et encore te courir après pour ne jamais te retrouver.

Ne pas savoir, c’est mieux que tout connaître. Quand on vit de réponses, c’est que l’on est déjà plus là, que l’on n’attend plus rien de personne. Donc, dans le doute pour ne pas comprendre à coup sûr cette absence en moi, je ne me retournerai jamais sur mes pas, par peur légitime de me voir disparaître de ton amour.

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Écoute chérie, cesse d’expulser les voyelles et reprends ton souffle, je vais te raconter une histoire avant que tu ne sortes de ma vie. Je suis le super nègre comme les quotas n’en font pas, sans peur communautaire et sans reproches affectifs sous les draps satinés, sans cause à défendre fonction des victimes et sans principes à la moralité négociable. Ne me parlez jamais de justice mais des choses justes !

Et toi, chérie ! Merci de ne pas bavasser en stéréo par habitude – avec ce son aigu et tapageur que tu appelles à tord ta voix – après la cigarette syndicale, tu vas réveiller les autres gagnantes du concours d’acrobaties participatives. Je donne toujours de ma personne, ok !!! Mais pas mon numéro de téléphone, d’accord ?!

Je n’entretiens pas les stéréotypes. Ceci étant, pourquoi nier certaines réalités lorsque les bonnes manières du centre ville trop bienpensant pour être honnête s’endorment sur ce ghetto en roue libre où le crime parle à la première personne et les obsèques rythment la mélodie des coups de feu. Sachez que je prends simplement aux proxénètes freelance à la main lourde pour redonner aux prostituées surtaxées ayant une âme de punching-ball. C’est uniquement une question d’équilibre précaire.

La rue qui m’appelle – de sa bouche peinturlurée, de ses doigts carmin et de son cul en faillite – ne crée pas la violence économique, mais elle l’entretient du mieux qu’elle peut pour ne pas mourir de cet ennui de minimas sociaux ou de cet oubli dont les faubourgs ont le secret. Et l’amour dans tout ça ? Je n’extrapole pas sur ce que je ne connais pas, alors donne toi une minute de silence et éteins la lumière, viens près de moi et fais attention à mon afro en me découvrant dans la pénombre !

Tout comme les tests de paternité que tu me réclameras d’ici 9 mois chérie, c’est le plus naturellement du monde, par un meurtre dans mon histoire trop noire pour s’intégrer, que tout commence. On m’a enlevé un frère – pas l’un de ceux que l’on salue du poing à la recherche de fraternité avant de le diffamer – non, la chaire de ma chaire, le sang de mon sang d’après ma mère et l’assistante sociale en tout cas !

« Prière de ne pas m’adresser des sanglots automatiques, des condoléances surjouées et des dommages et intérêts en francs CFA », c’est, selon toute vraisemblance, ce que mon sombre visage indique à cette assistance trop clairsemée pour se disperser élégamment. Moi je réclame une vengeance obsessionnelle en Technicolor et un coït quotidien en Thx, aucune reconnaissance posthume n’est requise pour ce travail bénévole, mais les rappels sont acceptés !

Pour traquer une piste criminelle, il faut suivre l’argent sale ou trop propre, celui là même qui lie indéfectiblement les trafiquants cherchant une couverture sociale à la corruption politique la plus anodine. En remontant la filière, le menu fretin confesse ses péchés qui sont peu souvent motivés par cette méchanceté viscérale, le mal est plus grand, on l’appelle communément « un rêve », et pour ce qui est du gratin, ce sont leurs actes qui dictent le contexte, rarement l’inverse.

Le complot est partout, certes – même dans mon lit où certaines demandent imprudemment l’asile permanent sans l’espoir de l’avoir à la levée du jour – mais cette fois, j’ai le sentiment logique et la paranoïa lucide. « Ils » nous en veulent, eux. Moins je donnerai de noms et de visages, plus vous continuerez de lire sur le bout de ma langue experte, mes chéries anonymes !

Je préfère de loin les monologues ponctués de jurons maternels, une arme rutilante et fumante à la main, devant les balbutiements d’explication de ma cible en col blanc aux dialogues surannés lors de meeting de piètre importance des militants – en uniforme pré-dictature ou en costume post-pouvoir en place – plus intéressés qu’intéressants. Coupables ou pas, il n’y a pas de justice pour ceux qui ne l’a détiennent pas depuis le premier coup de fouet pédagogique.

Je ne raconte pas la guerre du Vietnam – au nom du sadomasochisme flagrant de l’oncle Sam – en thérapie, le cul assis sur mon syndrome post-traumatique, mais plutôt dans un isoloir où le patriotisme que l’on nous inocule avec l’alcool et la drogue prend tout son sens, seul dans les yeux de la nuit. Voter, c’est mourir toujours!

La réalité n’est ni noire côté victimes complaisantes, ni blanche côté bourreaux compatissants, soit, mais le contraste qu’on me vend ne vaut pas mieux. Alors, plutôt que de faire preuve de l’un de ces discernements de magazine féminin, ma mission en tête, je tue – sans héroïsme de drapeau et ni médailles à planter sur mon torse d’ébène – avant de poser des questions qui ont plus de raison d’être que leurs réponses.

Des taudis en manque d’espérance de vie à la maison blanche en overdose de temps à perdre en passant par les rizières gardant en otage nos idéaux enfantins, la fatalité fait des sacrifices pour moi. Puis le super nègre règle avec les poings fermés ses comptes personnels, ou pas, et il se rachète une virginité ! J’ai fini cette nuit avec toi où j’ai suffisamment parlé pour nous deux, maintenant, tu peux partir, essuie-moi correctement ce rimmel et n’oublie pas de fermer la porte !

Sweet Sweetback’s Baadasssss Song

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