Le syndrome de la page blanche et moi nous ne nous sommes jamais rencontrés, malgré le fait que l’on m’en parle et qu’on me le vende si souvent. A l’instar de Dieu ou de la démocratie, j’en viens à douter de son existence même.
Je n’ai pas en moi une nature de retardataire, de celle qui flirte nonchalamment entre la chronophagie et la mythomanie, le sourire aux lèvres. Je ne vais tout simplement pas à mes rendez-vous tout en prenant un soin méticuleux de ne pas prévenir et d’encore moins répondre au téléphone – « signe d’oppression de mon peuple », désolé je ne suis pas assez malhonnête pour placer cette expression dans un contexte historique alors je la mets n’importe où, voilà c’est fait – accompagné de con cortège de Sms ressemblant plus à des rébus qu’autre chose.
En travaillant sur ce blog, parfois cahier de brouillon souvent papier buvard, j’ai appris avec le temps à lutter avec ma mémoire récalcitrante forcement sélective et effectivement détériorée par l’absinthe que l’on sert du côté de Fribourg, le rhum de Martinique en bon professionnel s’est chargé de mon foie.
De plus j’ai la profonde conviction que les morts – peu importe leur statut dans mon organigramme – prennent un peu de mon passé en carton-pâte, sans prévenir, avant de devenir du vulgaire marchandising pour nos souvenirs tenant autant à la morphine qu’au morphing.
En revenant en arrière dans chaque article pour occulter le fait que le mur me fonce dessus sans sa ceinture de sécurité, je trouve presque plus de questions inachevées que de réponses toute faites et c’est pour cela que je creuse consciemment cette tombe à la mesure de mes trous de mémoire, histoire d’emmener tout le monde avec moi le moment venu.
Je pourrai consulter, mais je rechigne à ce qu’un quelconque praticien soit contraint à payer l’ISF. Et puis, me complaire dans l’une de ces médiocrités artistiques où la dépression est érigée en rang de talent, merci, mais non merci! Mes morts finiraient par sortir de leur retraite pour me rappeler qu’on ne mange pas de ce pain là, d’où je viens.
Bref, plus je me remémore, plus je préférerais imaginer quitte à vivre moyennement heureux avec ce mensonge, plutôt que d’épouser ce background qui me ressemble un peu trop et qui donc forcément ne vivra jamais en paix.
Je pourrai ne plus rien trouver à écrire et faire semblant, le bonheur tient parfois à cela, mais franchement je préfère mon histoire à celle qu’on me vend, et puis quel plaisir d’abuser de votre temps.
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Actualités > Politique
publié par les amis du négatif (http://nosotros.incontrolados /les amis du négatif) Aujourd’hui 09H06
HAÏTI: S.O.S JOURNALISTES AFFAMES! VITE ENVOYEZ DE LA PELLICULE!!!
Auteur : steph.K
Les images, les images…En Haïti les caméraman et les journaliste sous l’impulsion indécente et dégueulasse de la direction de leurs chaines ou de leurs rédactions se précipitent comme des vautours pour « cadrer » la souffrance au plus près afin de satisfaire l’avide curiosité voyeuriste de leur « public »…
Comme si la douleur et l’horreur -faute d’être filmées en Gros-Plans, en Plan-Rapprochés, en « Travellings tournoyants » en plongées, tels des charognards, au dessus des corps écrabouillés, mutilés – cesseraient aussitôt d’exister à cause d’une absence d’hémoglobine télévisuelle…
Déja les experts se bousculent du coude pour avancer leurs chiffres macabres comme étant tour-à-tour chacun les plus fiables, crédibles, respectables..
Les média qui commençaient à s’emmerder en boucle autour de faits divers désuets, des pitreries UMPistes, ou Elyséennes, des « frétillements » du PS, perdaient de l’audimat, des lecteurs chaque jour, des emplois étaient menacés dans la profession face au désintérêt général…Heureusement, il nous reste tout de même les tremblements de terre, les Tsunami et la neige qui fond!!!
Haïti a sauvé la presse d’un effondrement mondial!
vomi
@ « les amis du négatif » c’est vrai que les compensations modernes des masses en manque d’être sont écoeurantes. Elles boufferaient l’humanité, sans remords, pour un peu de jouissance. « L’humanisme » qui sert à justifier notre cannibalisme peut bien présenter le visage de l’homme moderne plein de mansuétude, magnanime jusqu’au bout des ongles, il est en fait de plus en plus vide.
J’aime beaucoup les commentaires sur la page blanche, certains prétendent qu’elle existe, moi non plus, je n’en ai jamais eu notion, si je prends une page, c’est déjà que les mots ont pris forme et ce soucis n’existe pas ! On peut jouer, bien entendu, pourquoi pas, mais avec la vérité, pourquoi jouer ?
J’ai ouï-dire que c’était lucratif, la spéculation sur la vérité !
Il n’existe effectivement pas de page blanche
pas plus que de silence en ce monde
pire
non seulement l’absence de signe n’existe pas
mais elle se fait de plus en plus rare
…
tant mieux
…
je crois et je participe
à cette usure de l’instrument de pouvoir de cette civilisation
à savoir le verbe
qui met à terre le bon géant pataud
en le frappant d’une pierre
à la tête.
Bientôt
tels mes chats ou ma chienne
personne n’entendra plus des paroles
qu’une vague intonation
et la musique des notes
Alors
l’homme sera délivré de la langue du serpent
et du poison que recelait le jus d’une certaine pomme
La domination ira alors dans un autre camp
…
qui sait ?
peut-être celui des champions de bilboquet ?
« Le téléphone, signe d’oppression de mon peuple », j’adore.
moi et la page blanche…
c’est quand mes mots se bousculent tellement dans ma tête pour être couchés les premiers sur elle, pour cacher sa blancheur immaculé encore pour quelques instants … que mes pensées n’arrivent plus à suivre cette course à l’étalage et je reste à la regarder et
je comprends, mais n’arrive pas à admettre mon impuissance inavouable et la dépendance honteuse de ma main qui s’arrête suspendue au-dessus du clavier sans effleurer les touches ..et je pars, je la quitte et j’emmène avec moi tout ce qui n’est pas sorti et me dis que c’est tant mieux!!!!!
et quelque temps après, je lis votre texte, Sylvain, et tout se passe, tout seul…. merci à vous et encore, encore, encore….