Faillait que j’sorte d’ma tête, comme mon amour propre, après une gueule de bois de trop.
J’avais besoin de parler et ma conversation ne suffisait plus.
« Quoi aujourd’hui ? M’entraîner à mourir ?
Pfff, pour changer , j’vais apprendre à mentir. »
J’ai pris mes jambes à mon cou, au ralenti, histoire de faire semblant.
Fuir, ça demande trop d’effort, alors essaye d’abord, tu me raconteras.
L’atmosphère a une fuite de sphincter à la nuit tombée.
Cette fille de joie sur la réserve préfère se rincer l’œil plutôt qu’avoir les mains sales.
C’est l’heure d’hiver, black out dès 17 h, terminus tout l’monde descend.
Le chassé-croisé entre les sorties de classe et les pédophiles diplômés.
Trop tard pour l’open bar chez l’arabe et trop tôt pour l’after chez ta femme.
Les chômeurs héréditaires tapissent l’horizon, plantés là au hasard des liposucions des ronds-de-cuir.
Y’a comme une odeur de fin du monde ou de fosse septique dans la bouche de métro.
Certains portent leurs couilles sur le visage, les autres une alliance dans leurs poches et la peur au ventre.
Moi j’porte un masque d’occasion, c’est mon daron qui me l’a prêté, j’me fait chié, mais j’serais jamais en danger.
L’asphalte baise trop souvent avec les vivants pour aimer s’en souvenir, alors j’oublie les cons qui me croisent.
Vision périscopique et le mal de mère. Ok
Panorama dépressif et les rétines dilatées. Ok
Marche forcée et traînage de patte en puissance. Ok
Gomme usée et une bonne circulation sanguine. Ok
Ligaments croisés et pas de crise d’asthme. Ok
Lacets défaits et jamais refaits. Ok
Pause syndicale et syndrome du cul sur un banc. Ok
J’ai l’alcool mauvais et la sobriété mélancolique, le décor se ramasse la gueule ou à la petite cuillère.
Affronte ça comme tu peux.
Ecoute, soit tu passes ton temps à fixer le sol à la sortie du bureau soit t’as du temps à perdre avec des garde-à-vue artificielles. Moi, je joue au fantôme.
À chaque fois c’est la même chose, mais j’recommence.
J’retombe nez à nez avec cette cabine téléphonique trop maquillée pour être honnête, mais j’ai pas un copec et personne à appeler.
Alors, j’continue à marcher, toujours et encore.
Et dans la cabine téléphonique Superman se déshabille.
Il est pressé, il faut encore sauver le monde.
Mais il fait nuit et personne ne le verra.
Alors j’avise un troquet accueillant ou d’accortes compagnonnes causent.
Rentrons rapidement et rincons au riesling les ruminations redondantes qui rugissent recurremment.
Sauf que entre « Hotel du Nord » et « Un singe en hiver » les soulographies n’ont plus la côte et l’ascension du verre de blanc par la face nord aboutit sur le trottoir noir plutôt que sur le Mont Blanc.
Avec en face une cabine téléphonique ou Batman engueule Superman…
…car il n’y a pas ou plus de place pour deux, afin de répondre aux appels à l’aide de justice !
pustice nulle part jolice partout………….
bravo vous faites officiellement parti du club des désabusés ruminants en rang serré ce n’est pas par ici la sortie ne passez pas votre tour ne passez pas par la case prison avancez seulement si vous l’osez on inspire un mot devant l’autre vous me copierez cent fois un missel avant de vous agenouiller embrassez cette femme elle seulement son souffle à partager dans vos naseaux au galop de l’indépendance à l’accoutumance cette existence parallèle étincelle
Ce texte m’a été inspiré avec un clochard que j’ai croisé durant 10 ans chaque hiver, il me semblait beaucoup plus réaliste que désabusé lorsqu’il me racontait la petite histoire des hommes, après 40 ans passés dans la rue à nous voir passer les uns après les autres si pressé que nous sommes, je lui laisse donc plus que le bénéfice du doute, maintenant qu’il s’en est allé, un hiver plus vindicatif que les autres.
Merci de nous éclairer sur tes/vos procédés d’écriture…On confond souvent le « je », c’est un piège d’autant plus qu’ici nous lisons un blog…Je comprends davantage la démarche avec un portrait derrière le ton, et toujours le même style incisif…
Laissons tomber les vos de côté, mieux vaut un tes.
Je voulais le moins possible personnaliser le propos, pour ne pas tomber dans le voyeurisme, mais c’est peut-être un tord ?!
Qui sait? Mais puisque toute ressemblance avec … Etc. Quand l’écriture nous chausse elle nous tire par les cheveux ou par les pieds. Peu importe, que la personne soit à la 1ère deuxième ou 3ème, ils auront tous gagné quand ça ce lit aussi bien qu’ici. C’est pas mal Souklaye.
Le voyeurisme, ça nous regarde, là c’est l’écriture qui nous parle.
comme pour une photographie qui pourrait être accusée de voyeurisme avec un tel portrait, chercher le bon emplacement, la bonne distance: pas trop loin, pas trop près…ici il y a du sens et du senti, pas de voyeurisme. Pas de vous mais RESPECT tout de même.
La toute puissante fédération de la communauté des lecteurs décrète ce texte recevable, par ailleurs, cadeau à l’approche de Noël, les relais d’influence sont activés pour une canonisation ou une panthéonisation éventuelles, la première de l’ère numérique, oh yeahhh.
Il y a un SDF ici aussi, mais celui-là pas moyen de le faire causer, à force de ne plus parler la mâchoire est restée collée. Sinon, malheureusement, depuis Adam et Eve, pas d’échappatoire, même les clochards sont parmi les forçats. Au fait, elle était comment physiquement Eve ?
Eve, j’avoue ne pas savoir, mais à coup sur sans lifting ni l’anorexie qui va avec…
J’ai ouï dire qu’elle était sexy et pas farouche, une fille de mauvaise vie quoi, m’étonne pas qu’Adam ait craqué le pauvre. Avec en arrière plan le Serpent qui crée des brèches, pernicieusement évidement.
joli, très joli
enfin, « joli » c’est peut-être pas le mot