« Merde, putain de bordel de merde », pensais-je, mais je suis resté sans voix, les pupilles dilatées, la pomme d’Adam figée, les doigts tétanisés, le corps crispé, le rectum sous pression, le compte en banque en deuil en voyant mon iPod se précipiter au ralenti dans le vide, en direction du rez-de-chaussée depuis le 6e étage, sans ascenseur ni airbag.
Le mal est fait, mon baladeur du futur – sans retour possible – a avalé son bulletin de naissance et sa garantie d’un an.
En outre, ce décès prématuré me ramène à la réalité sociale, avec des parents qui ont toujours vécu a crédit, je ne pouvais que vivre au-dessus de la fin. Le plus étrange à bien y réfléchir, c’est cette douleur sourde qui émane de quelque part entre ma tête et mon nombril, comme si je m’étais trop confessé à cette petite chose qui ne répond pas lorsqu’on lui parle un de ces lundis matin où l’on est déjà en retard sur son week-end.
J’ai vu s’envoler tour à tour de fugaces instants de banalité entre amis, ces musiques qui en disent plus sur moi que je ne les connais, et peut-être aussi ce que ressentent mes doigts sur le clavier tactile. Je ramasse la dépouille de mon compagnon d’agoraphobie, tout en murmurant tendrement que je suis devenu incapable de me souvenir sans lui.
La mémoire dans la ferraille, dans le plastique, il ne me reste que le Refurb Store pour lot de consolation, disons que cela est toujours mieux que les pouffements maladroitement étouffés de mes congénères qui pensent souvent à plusieurs, mais rarement seuls.
La foule, cannibale et voyeuriste, ne connait pas la pitié, elle se nourrit de moments de détresse, de la moindre faiblesse. Cerné de toute part par ces gens comblant les cases vides dans mon agenda, je suppose qu’ils rigolent intérieurement, eux les fétichistes équipés d’albums photographique, de bibliothèque, de vinylothèque qui jugent que la centralisation à outrance et la dématérialisation générationnelle amenuisent la, leur culture ou plutôt son économie, comme si Gallimard et Universal leur appartenaient.
L’argent est une vérité plus honnête que les bons sentiments.
Après avoir écouté religieusement leurs prédictions alarmistes sur l’avenir de l’industrie culturelle entre anticipation techno-fumiste et Oui-Oui et son taxi, du type « On perd l’essentiel dans l’accessoire », vraiment profond, je prends congé de mes amis les hyènes – plus propriétaires que nomades – pour le dehors, sans écouteur pour en faire abstraction.
À l’extérieur. Un mélange de préméditations guettant leurs heures et d’un laisser-aller général, coupable, à l’abri de la grande ombre.
Jamais ma paire de steadycam n’a été autant a l’affût, la nuit avait donné son verdict depuis l’happy-hour, on n’y voyait rien dans cet écran de fumée couleur nègre, mais on entendait, trop, peut-être que j’écoutais tout, des prostituées prenant leurs poses syndicales avant de régler leurs impôts directs en passant par le son des impacts de bile sur le bitume, de mineurs n’ayant pas compris que les chiffres « 8 .6 » n’étaient pas là pour faire joli.
La démarche mi prédatrice, mi militaire, je bute cycliquement contre détritus et tessons de bouteilles presque vides tombées en disgrâce d’une de ces poubelles pleines depuis la sortie des lycéens et la rentrée tardive des manutentionnaires cherchant une raison de continuer encore une fois de plus, demain avant que le jour ne se lève.
Je me fie à d’infimes lumières mourant en se réfléchissant parfois sur le sol mouillé, souvent sur ces enseignes en berne de commerces s’alignant sur les horaires de bureau de la mairie.
Quelques clochards plus tard, j’émerge de la pénombre, passablement hébété au sortir de cette apnée dans le néant de l’humanité, puis le voile laisse place à un quai colonisé par plus de bruits que de voix, c’est ça la lumière, c’est forcément des gens.
Comme par hasard, ce soir, je n’ai pas d’Ipod pour me préserver de la cacophonie donc je me rapproche. Je distingue une tribu, une de celles où ses membres ont les moyens d’être contre le système, le gouvernement ou leurs parents, l’été campant au bord des fleuves, l’hiver végétant dans leur squat de luxe, les vêtements et la peau troués juste là où il faut, ces malheureux prônant la liberté individuelle d’une même voix.
Une fois à portée de propagande des « néo quelque chose », le chef de meute de ces anticonformistes blonds m’alpague par un « mon frère » à croire que mon géniteur a appliqué à lettre le concept de la polygamie, à moins que ce soit l’une de ces familiarités que l’on alloue communément, affectueusement, aux animaux de compagnie.
D’humeur triviale, je me rapproche des autochtones qui se débattent pour exister entre le langage des 4ème de couverture d’ouvrages de philosophie qu’ils n’ont jamais ouvert et un semblant d’argot banlieusard mal digéré après la dernière visite de leurs dealers sponsorisés par Lacoste. L’un d’eux arbore un large sourire, ainsi que le message suivant « Je suis mort depuis bien trop longtemps, mais je suis toujours en vie, ici et là ». Nihilistes de supermarché et penseurs de bac à sable, bonsoir.
C’est bien ça l’idée, les objets reflètent le mieux ce que l’on doit penser (à défaut d’être) : un piercing, du textile, un pass Navigo…
Un ordre cela reste un ordre, peu importe sa nature, on communique de l’œil à l’objet dorénavant, c’est sûrement le meilleur moyen de briller en société, quelle qu’elle soit ou telle qu’on la voudrait.
« – Hé, Man, tu veux tirer une taff ?
– Non, merci je ne fume pas, pourrai-je savoir ce que vous faites ici en pleine nuit ? C’est une orgie platonique ou une tentative de suicide collectif au THC ?
– Toi t’es du genre à répondre à une question par une question, caustique quoi, waouh, tu fais du stand-up c’est ça ? Fume Man, soit cool, on refait le monde, on veut laisser une trace dans le monde, une empreinte man dans l’univers ! Emanciper les esprits en suivant nos propres règles…
– Une trace ou une preuve ? Je ne sais pas si le fait de laisser une empreinte de vos culs rachitiques en cercle servent à quoi que ce soit vos grands desseins, par contre vu les proportions de mauvais shit qui traîne négligemment à vos pieds, un petit tour en cellule de dégrisement serait une excellente opportunité de confronter vos théories fumeuses à une réalité humide, non ?
– Waouh, t’es un de ces matérialistes à la solde de Babylone man ! Un de ces cyniques avec la chemise bien repassée et le truc d’Apple dernier cri man !
– Ha ! Désolé si je ne suis pas assez bien pour votre liberté de penser, mais entre la propagande d’amphi, le totalitarisme à la cool et l’apologie des stupéfiants pour un monde meilleur, quand avez-vous le temps de goûter au libre arbitre dans tout ça ?
-… »
Après une minute de silence, je quitte les libertaires d’une saison, ceux-là mêmes qui rentreront dans le rang d’une école de commerce aux petits matins de leur premier bad trip, puis en retrouvant la nuit sans un bruit, je me dis que plus je connais les Hommes, plus j’aime mon Ipod.
Et oui! Nous sommes nés et nous vivons à Babylon, là où les enfants…
…tuent, dealent et volent !
« M,M&I » Logiquement et en tous les cas selon la mienne qui est la seule que j’arrive à comprendre avec celle de mon chat et celle de mon blackberry je devrait même pas lâcher un commentaire… sauf quand c’est un « Prédateur isolé » que je lis. Et une fois de plus à te lire je reconnais…ça me parle…
Culture > Etrange et bizarre
Marie Ndiaye, Accepte le Dégraoultant prix Goncourt:
publié par les amis du négatif (http://nosotros.incontrolados /les amis du négatif) Aujourd’hui 11H52
Jeudi 12 novembre 2009
Marie Ndiaye,
Accepte le Dégraoultant prix Goncourt:
Mais, bon sang? Qu’est-ce qui lui a pris?
Marie Ndiaye, récente bénéficiaire très médiatisée du prix Goncourt (on sait tous qu’elle l’a, bien que tout le monde ait déjà oublié le titre qui lui valut cette poussiéreuse distinction) est aussi une redoutable acrobate.
Nous la remercions de nous avoir offert en gymnaste émérite, pour nous divertir, une succession impressionnante de voltes-faces assez périlleuses et très bien commencées pour notre plus grand plaisir, car en partie dédiées chorégraphiquement à critiquer la France dégueu de Sarkozy, mais malheureuses au final dans sa réception où elle tombe en pâmoison dans les bras de Frédo, le boxeur-arbitre à la retraite et un peu sur le cul aussi.
On ne saurait se finir plus mal.
Dernières minutes:
Circonstances atténuantes:
Après avoir trébuché et tergiversé un peu, elle maintient heureusement le sens global de son propos que nous partageons.
Le prix Goncourt, comme le disent nos amis de l’Ocséna:
-« C’est en fait toujours un peu trop long, pour quelque chose de très court ».
Il convient d’ajouter, que la lecture seule d’un des livres répertoriés et récompensés par cette vénérable institution serait d’un tel fastidieux ordinaire, qu’elle dégouterait n’importe qui de se lancer aveuglément dans le moindre métier lié de près ou de loin à l’imprimerie.
Linotypiste ou re-lecteur, par exemple, restent sans aucun doute des postes particulièrement exposés.
De notre côté nous observons que le prix en question n’intéresse presque plus personne au delà de ceux qui stupidement le convoitent encore:
Tout le monde en âge de tenir un stylo bille en a eu au moins un dans sa vie!!! (Sauf Eric Raoult qui figure quelque part sur une vieille liste oubliée)
Les autres, trop jeunes, en ont un, souvent du siècle passé, quant à eux, au fond d’un placard à jouets, sous le bac à légo.
Mais cette fois-ci, alors que tout aurait pu se passer comme d’habitude dans le ronronnement mitonné de la chose et passer donc inaperçu: Coup de théâtre et de pub au troisième acte, lors de la remise laborieuse du dit prix dés suées.
Le pays tout entier s’ébroue stupéfait et constate hilare que ce prix littéraire, le Goncourt, existe toujours!
Un gros type, très dégraoultant, Langologue, Gland spécialiste des Amygdales et accessoirement Député UMPiste, s’en est mêlé et aurait tenté d’abuser de Marie Ndiaye en lui imposant un frottis de réserve buccale dans les toilettes de sa permanence.
Marie Ndiaye, au terme de nombreuses figures acrobatiques heureusement échappa, mais de peu, à son violenteur.
Cependant, il convient de n’en pas rester là.
Nous exigeons que le Député soit démisde son mandat, rayé du Grand Ordre des Perruquiers et nommé Ambassadeur des Amygdales Nationales sur un îlot désert; au large du Langladesh, par exemple !!!
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http://nosotros.incontrolados.over-blog.com/« les amis du négatif à l’oeuvre ».
La réalité est ce qui s’inscrit en négatif des apparences.La publicité du négatif résidant en toute chose est un acte de sabotage salutaire, humoristique et heuristique de tout ce qui est.
Ceci étant son bouquin est un plus honteux que les réflexes conditionnés d’Eric Raoult !
[…] This post was mentioned on Twitter by souklaye, numero_six. numero_six said: Jamais sans mon IPOD ?! http://htxt.it/qWSE […]
Sylvain souklaye : « je me dis que plus je connais les Hommes, plus j’aime mon Ipod »
Comme je vous comprends. Moi, ce serait plutôt « jamais sans mon Blackberry » (chacun son trip, hein ?)
Dommage qu’il n’ait pas encore le vibro (masseur) incorporé …je pourrais enfin (peut-être) me passer d’hommes !
N
Un homme ça sort aussi les poubelles accessoirement…
Mmmmmmhh !! (c’est follement excitant !)
Pour être honnête avec la vie et soi-même il ne faut pas (ou peu) avoir besoin d’amour, c’est-à-dire n’avoir pas peur de la mort, l’amour est un trompe la mort, comme on sait.
Le souci, aujourd’hui, c’est que l’amour (celui des femmes, qui seules savent aimer) n’est plus dû – égalité des sexes oblige – la mort est donc partout, on se réfugie alors là où il y a un peu de chaleur, même artificielle.
Like : « l’amour (celui des femmes, qui seules savent aimer) »
Vous nous surestimez (et vous vous sous-estimez, par la même occasion)
naibed, en effet, il ne faudrait pas parler d’hommes ou de femmes mais de « caractère » féminin ou masculin, le caractère masculin étant moins sensible que celui féminin.
Parler de choses et de gens !
Il y a un conformisme certain tout de même, dans le style THX 1138; c’est mathématique plus il y a de « gens » moins il y a d’espace, un peu comme dans le RER B un jour de grève.