En observant à vive allure mes semblables et le décor sur le tapis roulant, je me dis que nous avons une appointance maladive pour les boîtes, l’enfermement, peut-être afin d’exacerber notre besoin d’évasion, d’ailleurs, enfin donner un peu sens à tout ça…
…Prendre l’avion, c’est comme se marier, on fixe avec ferveur le 7ème ciel en omettant que l’atterrissage en douceur n’est pas une garantie.
Ce qu’il y a de plus imparable que l’effet papillon, c’est l’effet pavillon.
Pour arriver à cette mort lente et socialement valorisante, le processus est long et onéreux, il faut un minimum vital d’amour, un patriotisme certain pour soigner les statistiques de la natalité, une cérémonie officielle pour corroborer les faits, des témoins et dans le pire des cas des complices, et c’est à ce titre de votre serviteur est convié à faire office d’épouvantail compatissant devant des Hommes pétris de certitudes et accessoirement un Dieu overbooké.
Ce que j’aime part dessus tout avec les aéroports, c’est qu’ils offrent une raison valable de gaspiller du temps.
Il est vrai que je prends rarement l’avion, non par une de ces phobies qui supposerait que l’apesanteur reprenne son dû, mais plutôt par hantise du troupeau sophistiqué et de sa promiscuité polie voire docile comme l’ascenseur du lundi, cette tombe à la verticale qui a achevé le peu d’intérêt que je portais aux banalités, ainsi qu’aux une des journaux, si différence il y a entre les deux.
Plus il y a de consignes contradictoires, de slogans péremptoires et d’ordres rédhibitoires, moins je fais attention au protocole à respecter sous peine d’être immatriculé comme le dernier des analphabètes préférant les preuves circonstancielles à un ordre bienveillant.
Alors, disons que la vision de ce bétail émancipé, volontaire, bénévole, discipliné, voire conscient de sa condition, suggère que le libre arbitre est une prison à la mesure de notre peur de l’inconnu.
De couloirs embouteillés par le trop d’espace en escalators escortant des enfants trop bruyants pour être curieux, accompagnés qu’ils sont par des parents plus absents que passifs, je trouve finalement mon point de chute, devant une borne interactive peu coopérative en lieu et place d’une hôtesse autiste.
Personne n’échappera au progrès, j’avoue avoir pris cette prémonition passéiste comme une publicité institutionnelle et non telle une condamnation au changement sans espoir d’alternative qui n’en serait pas une et d’un dédommagement en coupon de réduction.
Me voilà donc devant le check-in, après quelques essais infructueux pour cause d’écran tactile défectueux, je décide de demander assistance aux prédécesseurs en talons de la dite borne interactive.
Je me suis senti bien seul, trop occupé qu’elles étaient ces anciennes divorcées et futures botoxées à disserter sur l’arrière-train d’un spécimen de quota fraîchement sorti de sa jungle urbaine.
Elles daignèrent répondre après la minute de mépris syndical enfin passée, d’un ton sec et sentencieux, afin de me rappeler la bêtise crasse qui était la mienne. Il y a des licenciements économiques qui se perdent, je vous le jure.
Ma valise une fois expédiée, je me dirige sans trop de conviction vers le contrôle d’identité habituel occupé par la fine fleur des agents de sécurité issus de votre supermarché le plus proche.
Depuis le 11 septembre, étrangement, lorsque j’oublie de me raser pour ce genre de réjouissance administrative, ma barbe joue le rôle de signe extérieur distinct de terrorisme potentiel.
Allez savoir qui de la paranoïa impartiale ou de la prévention partisane l’emportera ?
Mes sourcils se froncent d’entrée, mes narines enflent progressivement, ma mâchoire se serre jusqu’à ne plus le pouvoir et mes tempes sont sur le qui-vive à la simple pensée de l’association d’idées « uniforme + contrôle », c’est sûrement une conséquence directe d’avoir habité à proximité de l’hôtel de police, tout en bénéficiant du savoir-vivre de ses hôtes.
Un sourire d’entretien d’embauche, une ceinture enlevée avec maestria comme une promesse de coït, je m’échappe tel un prince de ce banal usage avec le sentiment du devoir accompli comme si j’avais quelque chose à me reprocher, l’esprit est une étrange machinerie.
La fouille anale, ça sera pour la prochaine fois.
J’enclenche l’avance rapide durant mon passage dans la zone duty free, afin de ne pas céder à mes penchants consuméristes, mais peut-être aussi en imaginant le fond d’un paquet de pâtes anonyme et le peu de sel qu’il resterait dans une de mes casseroles orphelines à la fin du mois.
Il faut avoir des preuves de notre passage en achetant des trucs, des machins, des choses, dont on n’aura pas le loisir de se lasser une fois le compte à rebours de la course à je-ne-sais-pas-quoi relancé.
Merde, la vie n’est qu’une longue liste d’attente pour combler le vide évident qui nous sépare du néant…
[…] 36 15 Me, Myself & I : Crash-test airline (Part 2) « Observatoire des sociétés mourantes souklaye.wordpress.com/2009/10/04/36-15-me-myself-i-crash-test-airline-part-2 – view page – cached En observant à vive allure mes semblables et le décor sur le tapis roulant, je me dis que nous avons une appointance maladive pour les boîtes, l’enfermement, peut-être afin d’exacerber… (Read more)En observant à vive allure mes semblables et le décor sur le tapis roulant, je me dis que nous avons une appointance maladive pour les boîtes, l’enfermement, peut-être afin d’exacerber notre besoin d’évasion, d’ailleurs, enfin donner un peu sens à tout ça… (Read less) — From the page […]
Pour nous , en la matière, tout reste d’une rédhibitoire simplicité:
Le zingue n’est guère attrayant que dans la perspective joyeuse d’un amerrissage programmé sur l’Hudson, d’un slalom géant entre la tour Montparnasse et celle de Jussieu, d’un gymkhana aléatoire entre deux océans…
Pour nous: l’avion, y a pas: ça nous botte!!!
Il arrive même que nous options pour des avions en papier histoire d’être sûrs de pouvoir se scratcher la gueule dans des zones définitivement inaccessibles, juste pour le fun.
Pour nous, le « fun », c’est simple: c’est notre plan de table!
Il faut bien convenir tout de même que se faire chier à partir d’ici pour arriver là, devient à la longue d’une redoutable monotonie alors que d’autres s’offrent, pour pas un rond, la belle vie sur des plages de sable niais et passent à la télé…(Gros kondanltas, Forte bouillarmesse, esputables, Nike ma culotte dans l’hélico…etc)…Avant l’avion nous avions, avant les avions « accélérant brutalement vers le bas », inexplicablement, Guy Lux avec « la roue tourne..; », la Cicciolina avec « All my titts in the sky »… depuis; on s’emmerde! Heureusement, les avionneurs ne maquent pas d’imagination en matière de « cratsh »…Ainsi, avons-nous vu une vente aux enchères des billets (sans bouée de sauvetage) pour le premier vol du giga cercueil A.380, aller-simple)…
Non mais? Keskonsmarr!!!!
A part ça, tu prenais l’avion pour aller où ?
Nice…
L’avion me laisse un peu là. Heureusement. (Quuand on songe que d’un côté nous avons une inflation de madones des tarmacs et de l’autre autant de zings qui se scratchent…avec entre deux des charters pour le Mali, la Côte d’Ivoire, etc…
Et puis ajoutons pour rappel, que les thuriféraires de la privatisation des « services publics » nous vantaient il y a peu que la privatisation d’Air-France avait permis de réduire le prix des billets par deux…
C’est dans ces conditions que nous comprenons l’inexplicable « accélération verticale vers le bas »(sic) des avions tel l’A.447 pour n’en citer qu’un, au hazard…
héhéhéhé.
En divisant par deux les tarifs, nous sommes certains d’avoir payé au moins le décollage et la moitié du parcours…
Tout ceci pour dire que l’avion, hein? je préfère l’aérostat!!!
Steph.