Rare sont ces instants de pur bonheur télévisuel où la boîte à image nous donne une leçon de civisme pragmatique, voire de modèle de société.
Le choix de la passivité assumée devant l’écran équilibre les obligations d’actions électorales, ceci permet au libre arbitre et à l’arbitraire de coexister durant la même demi-heure.
Certes « Plus belle la vie » est un reflet informant de l’esprit républicain à avoir et aussi invoqué en vain par l’exécutif dans le débat public.
Mais le système de narration basé sur l’omniscience n’est pas étranger à cette admiration pudique, qui se situe quelque part entre le voyeurisme intimiste et l’exhibitionnisme des jours de gloire.
Dans l’ère du divertissement à tout prix, il est parfois assez anodin de passer du message au massage, car le premier n’a de sens que si sa cause pratique l’empathie et le second n’a de cause que s’il est empathique avec toutes les pratiques sans sens.
Parmi les grosses ficelles de Plus belle la vie, voici celles qui promotionnent le plus le projet quinquennal :
– les prises d’otage doctrinaires à la chaîne et le terrorisme de la peur potentielle, font office de témoin oculaire du Journal Officiel et des ces lois estivales, tout en promettant un chaos de poche à tous les anti truc, ainsi que les pro machin en cas de crise d’égocentrisme avérée.
– la solidarité de proximité et l’humanisme occasionnel via le culte du compassionnel entre Sdf sur la voie de la rédemption et sans papiers sur le chemin de l’aéroport.
– les mœurs solubles dans l’économie et la morale à la gueule du client en prouvant que la trahison au nom de la réussite est pardonnable si elle profite à un moment donné à la communauté, même partiellement.
– le sexe et le cul, sont deux choses différentes, le premier échafaude un organigramme et le second n’est qu’un vulgaire organe, d’un côté il y a un contexte de l’autre se trouve son prétexte.
Ce programme d’anticipation parie sur le principe du déjà vu pour se fabriquer un passé cohérent.
Afin de déculpabiliser nos têtes pensantes, garantes d’une certaine consanguinité culturelle, la norme a décidé de nous imposer des minorités visibles au gré des trous médiatiques et des flashbacks mémoriels.
Si j’étais bêtement de gauche, je me dirais pourquoi pas, mais sachant que le but se place plus au niveau de la repentance à bas prix que de la représentation par le haut, j’avoue être dubitatif ou peut-être insuffisamment intégré.
Une scène de « Plus belle la vie » m’a interpellé ces derniers jours, une discussion entre un individu A vieux, blanc, riche et vicieux et un individu B jeune, noir, pauvre et vicieux.
Le premier emploi le second afin qu’il espionne un tierce partie pour obtenir de quelconques informations sur une association du Centre Afrique que l’individu A subventionne.
Avec ces données, l’individu A va pouvoir rompre le contrat humanitaire qui le lie avec la dite structure en Afrique, et là, dans un esprit à la fois paternaliste et tribal, il demande à l’individu B si cela ne lui pose de problème de conscience d’enlever le pain de la bouche de ses semblables.
Celui-ci de lui répondre, avec ce sémillant accent de racaille qui sied à merveille à nos minorités visibles, par un laconique et révélateur « moi j’suis Français ».
« Plus belle la vie » a réussit là où toutes les politiques d’intégration et de la ville ont échoué.
Si « Plus Belle la Vie » cartonne autant, c’est bien grâce aux scénaristes… Nos Politiques devraient prendre des scénaristes comme ministres…
Nos politiques ont déjà pris des scénaristes pour storytelliser leurs parcours, biographies et politiques. Mais ils n’ont pas l’air d’être très bons.
Attention de ne pas trop chercher à comprendre sinon aujourd’hui c’est « la France tu l’aimes ou tu la quittes », plus sérieusement, le constat concernant l’immigration, la différence est que le modèle français d’intégration (lire assimilation) est en crise.
Déjà, on ne sait pas ce qu’on veut, dans le principe on fait la publicité de la différence (sans y croire mais c’est une des « figures imposées » de notre époque conformiste, faire « comme si » on était de purs universalistes), dans la pratique on rejette la différence ou la considère comme une étape vers l’assimilation :
Art. 1. – La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale.
Art. 2. – La langue de la République est le français.
L’emblème national est le drapeau tricolore, bleu, blanc, rouge.
L’hymne national est la Marseillaise.
Le problème c’est que aujourd’hui les politiques n’ont pas le sens de l’intérêt commun, font dans le communautaire, d’autre part la différence est vraiment différente (couleur de peau, religion). « Plus belle la vie » oui certainement, mais qu’ont a dire des petits scénaristes sur des questions qu’ils ne maîtrisent qu’à moitié…
@ Like Ce que je veux dire c’est que la politique spectacle est un divertissement et les effets d’annonce de tous bords, gauche ou droite, ne font pas une gouvernance. La preuve les « citoyens » ne vont même plus voter…
Bonsoir Ataton, merci pour vos explications, je partage votre critique de la « politique spectacle » ou « théâtre », avec des personnages qui se produisent aux gré des évènements, le comique, le tragique, l’alibi, le méchant, le bouffon, le saltimbanque, le rebelle etc; tout le monde se produit plus ou moins mais aujourd’hui la représentation des représentants du peuple laisse à désirer, c’est un spectacle pour décervelés motivés et dépressifs.
En même temps, « plus belle la vie » a autant à voir avec la vie que « les feux de l’amour » ont à voir avec l’amour.
Ce qui est triste, c’est que des gens fassent la confusion entre ces fictions et la réalité. Un défaut dans notre formation de citoyen, sans doute. Pour moi, j’ai réglé le problème : je ne regarde pas.
Je ne sais pas si vous avez remarqué mais : plus Belle la vie est censée se passer dans un Marseille pseudo-réaliste….
C’est une marseillaise qui vous le dis… il y a un gros problème (pire encore que les scénar…) vous ne voyez pas?? je suis sûre que si un marseillais lit cela il aura déjà compris….
MAIS L’ACCENT PUTAIN!!!!
Il n’y en a pas un seul qui est un vrai accent marseillais… Ils parlent tus pointu comme des franchiman… à partir de là… on voit d’entrée l’embrouille….
Et puis Marseille… c’est pas ces putain de cadres sup’, d’avocats et de bobos à la noix! Marseillaise, le vrai, le majoritaire, c’est des prolos, des immigrés, des petit black qui prennent l’accent alors que leur parent parle avec l’accent du pays qu’ils ont du quitter….
Marseille, c’est Noaïlles, ces pickpoquets…. ces méga bon légumes, ces supers petits gateaux, ces clopes illégales… Marseille c’est la plage de Corbière l’été avec les minots qui se courent après, c’est des citées, c’est des rappeurs…
Bref, Poubelle la vie a autant à voir avec Marseille que ces acteurs avec ceux de nos petits théatres…
D’ailleurs tiens, encore un truc typique de Marseille : tout plein de petit théatre et d’assos culturelle miniatures, crades et grattant des subs aux collectivités territoriales…
et Marseille c’est aussi une ville ultra-polluée et crade….
Ne cherches-tu point des poux là où il n’y en a tout simplement pas ?
On a reproché à cette série à ses débuts d’être complètement cul-cul la prâline pour pas dire complètement conne . Et en y injectant des rebondissements à « deux balles » mais qui marchent parce que fédérateur autour de personnages qui n’ont pas de chance dans la vie . Car leur vie n’est pas si belle que ça , si on s’y attarde , on se rend compte que notre voyeurisme devient macabre si ce n’est morbide . Ma fascination pour cette série vient de là et pas des amourettes à deux balles mais bien des malheurs de ses personnages dont la vie est aux mains des scènaristes prêt à les rendre coupable (combien sont passés par la « case » baumettes) ou à les tuer (combien sont morts) ou pire se sont expatrier en reniant leur famille et en les acusants des pires maux de la terre !? Cette série est horrible par le fait que jamais scènaristes , producteurs …n’auront autant leurs acteurs . Ces derniers sont là pour nous et uniquement pour notre soif de les voir sombrer à tout moment et je dois le dire pour notre plus grand plaisir « dégueulasse » !
Non, je préfère les lentes…
A vrai dire, « M’enfout », les ressorts que tu décris sont aussi ceux de la Tragédie grecque et cette jouissance pas si malsaine que ça et toujours apitoyée aux mallheurs de personnages fictifs portaient un nom : la « Catharsis ».
Si on doit pointer tous les divertissements de la terre à cause de l’usage pourtant inévitables de ressorts dramartiques (dans tous les sens du terme « dramatique »), on ne va pas s’en sortir.
Non le problème c’est comment on articule ces ingrédients pour faire soit un divertissement honorable, intelligent, voire génial, ou une daube complète. Dans une série qui se veut « réaliste » et « proche des gens », le diable est dans les détails. Et dans « Plus belle la vie », on pèche du coté des détails…