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Archive for 4 avril 2009

metroles agoraphobes en manque de chaleur humaine ou de chair fraîche


Chers membres du Fan club de l’observatoire des sociétés mourantes.
Si je vous ai réunis en ce jour, c’est que l’heure est grave ou qu’il n’y a plus de gravité.
Entre le repli communautaire universel et les schizophrénies identitaires, à bien y réfléchir, je dirai que c’est le mur qui nous fonce dessus.
Peut être parce que nous sommes sous tutelle du passé, absents du présent et nostalgiques de l’avenir.


Mise en bouche

S’il y a un bien une partie de la population qui mérite la peine capitale en viager ou une grève à durée indéterminée, ce sont bien le gens du métro.

Ne vous méprenez pas.

Quand je dis « Les gens du métro », je ne parle pas des professionnels de la mendicité césarisables ou ces culs-de-jatte et autres estropiés extracommunautaires adeptes de « world musique ».

Quand je dis « Les gens du métro », j’évoque encore moins ces barbouzes amateurs et intégrés estampillés RATP, ex-agent de sécurité dans une superette de périphérie.

Quand je dis « Les gens du métro », je pense à eux, là, assis à côté de vous.

Eux, usagers et actionnaires des transports en commun.
Coincés entre le refus du protectionnisme de l’industrie automobile et la pression morale du Grenelle de l’environnement.

Alors, les agoraphobes en manque de chaleur humaine ou de chair fraîche, les adolescents à la fois hyperactifs et narcoleptiques, les adoratrices de la psychologie menstruelle et du hors forfait, sans oublier les lecteurs révolutionnaires endimanchés prostrés sur leurs sièges : parlons un peu de nos voisins dans le métro.

plan-metro

une explosion démographique



Modus Operandi :

Rappelez-vous.
C’est l’heure de pointe, vous êtes mal réveillé(e) ou pas assez endormi(e).
À chaque station de métro, il y a une explosion démographique.
Les accros du rail oscillent entre la gueule de bois maîtrisée et la chirurgie plastique artisanale.
Entre le bruit des palabres inutiles sur le film de la veille et les odeurs des parfums bon marché, vous cherchez le silence, mais il ne vient pas.
A la fin, par lassitude, vous fixez ou esquivez névrotiquement votre voisin d’en face.
Moralité, la consanguinité urbaine a ses limites.

Commençons par le voisin A : l’agoraphobe cultivé.

Tapis à l’abri derrière son journal gratuit, il s’affaire à des réflexions géostratégiques sur le Moyen-Orient ou un coït imaginaire, qu’il valide lui-même d’un petit rictus suffisant en levant les yeux sur le reste de la rame.

Il serait mal venu de reprocher à l’agoraphobe cultivé sa pathologie, sachant que la peur est instinct animal, et que la meute, la société, la civilisation n’ont fait qu’institutionnaliser la violence.

Plongé dans ses pensés, il réfléchit à son plan de carrière entre l’obtention de son BAFA ou la voie du terrorisme de salon, le spamming.

L’agoraphobe cultivé voudrait faire preuve d’un de ces actes humanitaires désintéressés, comme dire « Bonjour » ou « Voulez-vous vous asseoir à ma place ? », mais la nature anxiogène du transport en commun l’en dissuade.

Il ressaiera demain, comme tous les matins, enfin peut-être…

Passons à la voisine B, celle qui pense que son sac à main est son enfant.

Je veux bien être large d’esprit et progressiste et me dire qu’à l’instar de l’I.V.G., le sac à main est un droit pour les femmes.

Mais, à ce compte là, tout droit implique des responsabilités, voire même des capacités.

La bipolarité à la mode dans les magazines féminins, plus les appels récurrents sur les téléphones portables, sans oublier la lutte permanente pour l’équilibre dans le métro lorsque le sujet est monté sur échasse est égal, trop souvent, à une mauvaise gestion de l’espace.

Alors, merci de déposer les armes, les appendices sociologiques et autres signes extérieurs de richesse dégriffée à terre, merci.

Le sac à main a parfois un complice plus retors, ergonomiquement détestable, idéologiquement dictatorial et moralement inattaquable sous peine d’être catalogué comme criminel potentiel.
Cet ennemi est un cheval de Troie, il s’appelle la poussette.

Méfiez-vous en, prenez la fuite après le test de grossesse ou pratiquez religieusement l’abstinence.

Terminons par le voisin C, l’ersatz de racaille, musicologue, qui plus est.

La démocratisation de la culture a ses limites.
Si la finalité est de subir les obsessions de dépucelage véhiculé par le R’nb et les vérités politiquement ambidextres du rap, merci, mais non merci.

Que la jeunesse veuille s’abrutir, c’est tout à son honneur, mais qu’elle le fasse en privé.

Pour être honnête, je ne peux pas imputer l’entière responsabilité des nuisances sonores à ces quart-mondistes équipés de la dernière technologie 3 G au moment des soldes et criant à la misère sociale dès la première manifestation venue.

Les fous pragmatiques du marketing qui ont incorporé des haut-parleurs sur les téléphones portables ont redéfini notre écosystème du métro.

Le besoin d’affirmation de ses goûts proposés sans l’avis d’autrui relève de l’ennui existentiel chez l’occidental, intégré ou pas.

Pourquoi ne pas choisir un ou deux de ces jeunes, en guise d’exemple, et les pendre haut et court à la sortie du métro sur l’une de ces potences haussmanniennes ?

sortie_metro1un parc zoologique



La loi du point final :

Entre omerta tacite et crieurs publics :
Le métro offre un parc zoologique assez fascinant où la liberté compulsive de certains tutoie la rigidité cadavérique d’autres.

Alors, je m’interroge.

Je ne sais pas, je ne sais plus si je préfère la démocratie à la taxidermie.

Chers membres du Fan club de l’observatoire des sociétés mourantes n’oubliez pas de payer votre cotisation en partant, en liquide, en nature ou en enfant.

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